SIEGFRIED ET LE LIMOUSIN. de Jean Giraudoux (Résumé et analyse)

SIEGFRIED ET LE LIMOUSIN.

Ce roman de Jean Giraudoux (1882-1944), publié en 1922, couronné par le Prix Balzac, ne fut pas seulement un éclatant succès ; plaidoyer pour un accord entre les antinomies de l’Allemagne et de la France, de la culture et de la civilisation, il a une portée politique et humaine non négligeable ; et il est le point de départ d’un véritable « cycle » auquel Giraudoux reviendra à plusieurs reprises, pour préciser ou pour retoucher le thème captivant de Siegfried-Forestier, sujet même du roman, mais qui reste dans celui-ci presque à l’arrière-plan, estompé dans la multitude des motifs et des variations qui l’orchestrent. Giraudoux dégagera ce thème, le dépouillera, lui donnera toute sa puissance, en le transposant à la scène, sous le titre de Siegfried (1928). On a parfois opposé l’un à l’autre, dans la critique, le roman et la pièce, à tort croyons-nous. L’une est le drame « de l’homme qui est lui-même sans le savoir, qui ignore son passé et en qui son passé survit » (H. Bidou), drame sur lequel pèse comme la fatalité antique l’inconciliable antithèse des deux identités qui coexistent dans la person-

«

nalité du héros. Le roman est la chronique d’une époque, et un brillant essai d’ethnologie comparée, dont Siegfried est le vivant laboratoire. La guerre est finie, mais la paix est encore en gestation.