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La société est-elle une contrainte pour l'individu ?

Publié le 10/09/2004

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C. Car l'homme est essentiellement un animal politique.

Aussi la morale est-elle subordonnée à la politique, qui est pour Aristote la science souveraine par excellence, dont dépendent toutes les autres sciences. « Ce qui n'est pas utile à l'essaim n'est pas utile à l'abeille non plus. « Marc-Aurèle, Pensées pour moi-même, IIe s. apr. J.-C. Marc-Aurèle fustige ici l'attitude égoïste de ceux qui cherchent à tirer de toute situation un avantage personnel, au mépris de l'intérêt général. Seul ce qui est utile à la société tout entière mérite d'être recherché.

Toute société est composée d'individus qui sont unis par des liens déterminés. Sans le respect de règles communes, morales, religieuses, juridiques, la vie sociale serait impossible. Mais la résistance que chacun oppose aux contraintes collectives témoigne du fait que l'individu revendique pour lui-même le droit d'exister en tant qu'être ayant une valeur en lui-même, indépendante de son appartenance à un groupe.  Schopenhauer affirme même que plus un individu a de la valeur et moins il supporte la vie sociale qui entrave son développement : « Toute société a pour compagne inséparable la contrainte et réclame des sacrifices qui coûtent d'autant plus cher que la propre individualité est plus marquante « (Aphorismes). Par conséquent, le goût de la solitude est d'autant plus grand que la valeur de son propre moi est réelle.

   S'il n'est pas question de nier l'attachement de l'individu à lui-même, son désir d'assouvir ses penchants ou intérêts propres, on ne peut toutefois soutenir que la société est tout entière négative et qu'il n'y a de bonheur bien compris que dans une vie privée. Car ce qui fait homme l'individu, ce n'est pas, comme le souligne Auguste Comte, l'individu lui-même, réduit à lui-même, mais le langage, la pensée, le savoir et le savoir-faire, « toutes choses qui viennent non de lui-même, mais de la société de ses contemporains et de ses prédécesseurs «. Sans la société, l'individu ne serait pas un être humain mais un simple exemplaire d'une espèce biologique. Autrement dit, il ne serait qu'un animal.    Reste que si l'individu tire son humanité de la société qui l'éduque, il ne saurait se fondre en elle sans perdre son identité et donc ce qui fait de lui une personne différente des autres. Il convient d'éviter tout autant la fusion que le divorce.

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« c'est que la norme est intériorisée par le sujet : c'est lui-même qui se fixe des valeurs de réussite.

A ce titre,les travaux de Michel Foucault dans son ouvrage L'histoire de la folie à l‘âge classique est très enrichissant. Foucault montre comment la notion de folie et sa définition permettent justement de définir ce qu'est laraison, et de produire le paradigme de l'individu normal.

Or, la norme a un double emploi : elle permet demontrer quels sont les cas les plus courants, les comportements les plus fréquemment observés, et à la fois,elle est ce qu'il faut atteindre (exemple : les normes de sécurité d'un ascenseur).

Les contraintes sociales entant que normes (se marier, avoir des enfants, porter une cravate, vivre dans une maison ou unappartement, avoir un comportement cohérent avec son identité sexuelle etc.) sont donc autant d'entrave àla liberté non plus de faire, mais d'être, de se choisir.

Or, ces contraintes ne sont pas des obligations, lasociété ne les interdit pas toujours explicitement, mais elles sont le ciment de la vie société, et de lareconnaissance de l'individu comme faisant partie d'un groupe.

C.

Pierre Bourdieu a développé une théorie de l'action autour du concept d' habitus .

Cette théorie cherche à montrer que les agents sociaux développent des stratégies , fondées sur un petit nombre de dispositions acquises par socialisation , qui sont adaptées aux nécessités du monde social bien qu'elles soient inconscientes.

Par sa socialisation, puis par sa trajectoire sociale, tout individu incorpore lentement unensemble de manières de penser, sentir et agir, qui se révèlent durables.

Bourdieu pense que ces dispositionssont à l'origine des pratiques futures des individus.

L'habitus n'est pas une habitude que l'on accomplitmachinalement.

En effet, ces dispositions ressemblent davantage à la grammaire de sa langue maternelle.Grâce à cette grammaire acquise par socialisation, l'individu peut, de fait, fabriquer une infinité de phrasespour faire face à toutes les situations.

Il ne répète pas inlassablement la même phrase, comme le ferait unperroquet.

Les dispositions de l'habitus sont du même type : elles sont des schèmes de perception etd'action qui permettent à l'individu de produire un ensemble de pratiques nouvelles adaptées au monde socialoù il se trouve. III. L'État garant des libertés individuelles. A.

Nous avons donc vu que toutes les contraintes société ne s'opposent pas à la liberté d'action, mais nous avons également vu que la société impose aux individus qui la composent un ensemble de normes quichangent sa façon d'être autant que sa façon d'agir, par véritable intériorisation de ces normes.

Pourtant, ilnous semble qu'il convient à ce niveau de ne pas confondre État et société.

En effet, la société est un termebien plus vaste, qui ne comprend pas uniquement des formations politiques, mais également les familles et lesdivers cercles dans lesquels évoluent les sujets.

B.

Rousseau ouvre son Contrat Social par le constat suivant : « l'homme est né libre, et partout il est dans les fers ».

Son projet politique s'inscrit donc d'emblée dans la problématique de la liberté.

La liberté et l'amourde soi (qui implique la volonté de survivre) sont les deux caractéristiques essentielles de tout homme, avantmême la constitution d'une quelconque société et du moindre rapport avec d'autres hommes.

Or, selonRousseau le passage de la vie à l'état de nature à la vie civile ne supprime pas la liberté, bien au contraire,elle la transforme et la renforce.

Dans Le Contrat Social (livre I, chapitre 8), il écrit que « ce que l'homme perd par le contrat social, c'est sa liberté naturelle et un droit illimité à tout ce qui le tente et qu'il peutatteindre ; ce qu'il gagne, c'est la liberté civile et la propriété de tout ce qu'il possède ».

En effet, en dehorsdu contrat social, la liberté de l'homme s'étend aussi loin que sa force : tout ce qu'il peut atteindre est à lui.Mais par la société civile, il accède à une liberté bien plus précieuse : la liberté morale, puisqu'il est désormaismaître de lui.

Ce qui permet à Rousseau de redéfinir la liberté : « l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite estliberté ». Conclusion Il semblerait que les contraintes sociales s'opposent effectivement à la liberté lorsque ces contraintessont illégitimes et ne sont ni comprises ni voulue par les sujets.

Mais dès lors que l'agent conçoit la société commeun tout organique dont il fait partie, qui est essentiel non seulement à sa survie, mais aussi au respect de sa liberté,alors les contraintes sociales deviennent des moments où l'on exerce sa liberté.

Mais cela ne peut reposer que surune constitution politique, c'est-à-dire sur un vivre ensemble réglé sur l'intérêt général, qui coïncide dès lors avecl'intérêt de chacun.. »

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