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La société améliore-t-elle l'être humain ?

Publié le 22/01/2004

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L'idée des droits de l'homme, centrée sur le respect des autres et la tolérance, prétend par exemple incarner des valeurs universelles, aussi bien sur le plan social et politique que sur le plan moral. On peut se demander toutefois si un tel projet ne reste pas trop minimal, peu exigeant, ou inadéquat, pour répondre à tous les défis et problèmes effectifs que pose la vie en société. A moins que cette dernière, nécessairement, ne soit jamais que le plus réducteur des compromis.  ume: C'est par la société seule qu'il [l'homme] est capable de suppléer à ses déficiences, de s'élever à l'égalité avec ses compagnons de création et même d'acquérir sur eux la supériorité. La société compense toutes ses infirmités ; bien que, dans ce nouvel état, ses besoins se multiplient à tout moment, ses capacités sont pourtant encore augmentées et le laissent, à tous égards, plus satisfait et plus heureux qu'il lui serait jamais possible de le devenir dans son état de sauvagerie et de solitude. Quand chaque individu travaille isolément et seulement pour lui-même, ses forces sont trop faibles pour exécuter une oeuvre importante ; comme il emploie son labeur à subvenir à toutes ses différentes nécessités, il n'atteint jamais à la perfection dans aucun art particulier ; comme ses forces et ses succès ne demeurent pas toujours égaux à eux-mêmes, le moindre échec sur l'un ou l'autre de ces points s'accompagne nécessairement d'une catastrophe inévitable et de malheur. La société fournit un remède à ces trois désavantages. L'union des forces accroît notre pouvoir ; la division des tâches accroît notre capacité ; l'aide mutuelle fait que nous sommes moins exposés au sort et aux accidents. C'est ce supplément de force, de capacité et de sécurité qui fait l'avantage de la société.Mais, pour que se forme la société, il faut non seulement qu'elle soit avantageuse, mais encore que les hommes aient conscience de ces avantages ; or il est impossible que, dans leur condition sauvage et inculte, les hommes soient capables de parvenir à cette connaissance par la seule étude et la seule réflexion.

Ce sujet sous-entend plusieurs choses : que la société peut au contraire détruire l’homme, le pervertir, et aussi que l’homme peut vivre en dehors de la société, et celle-ci pourrait apporter quelque chose à cet état primaire et sauvage.  Aussi, en matière de philosophie politique, on distingue habituellement la société (souvent dit société civile) de L’État lui-même. L’État aurait pour fonction de régler les différends entre particuliers, faisant passer les hommes de l’état de nature à l’état civile. La masse des hommes acquerrait ainsi le statut de société civile lors de ce passage à l’État. La société est le fait de la vie en commun des individus un tout organique original à l'existence duquel concourt l'ensemble des institutions, des croyances, des comportements, qui constituent la chaîne et la trame de la vie collective. Aussi, la tâche de chercher ce qui dans cet ensemble est capable d’améliorer l’homme semble un peu vain. Il s’agit plutôt de savoir ce que recouvre la notion même de société.

« Selon Rousseau dans Le Discours sur les sciences et les arts est inséparable du Discours sur l'origine de l'inégalité .

L'homme est né bon ; c'est la société - les institutions sociales - qui l'ont corrompu. Cette idée maîtresse recouvre bien des ambiguïtés.

On peut l'interprétercomme une condamnation radicale de toute société qui dépravant l'homme lerendrait malheureux.

Et ce sera la postérité romantique de Rousseau quiexaltera l'individu incompris.

Le Werther de Goethe appartient à cette lignée.Mais pour Rousseau, il ne faut pas l'entendre dans un sens aussi radical.

LaSociété n'est pas corruptrice par essence, mais seulement un certain type desociété.

A vrai dire, toutes celles qui reposent sur l'affirmation de l'inégaliténaturelle des hommes, oppriment l'immense majorité au profit d'une minoritéde privilégiés de la naissance et de la fortune.

Si en effet, on examineattentivement les inégalités entre les hommes, seules celles de leurspossessions matérielles qui, par des mécanismes comme l'héritage, sontprovoquées par le type d'organisation de la société, sont indéniables.

Maisc'est un sophisme, ou à tout le moins un jugement précipité de conclure quede telles inégalités ont pour origine des différences de nature.

Si l'on dépouillepar la pensée l'homme de tout ce qui chez lui relève du social, et donc duhasard, c'est bien l'égalité qui nous frappera : l'habileté de l'un peutcompenser la force de l'autre.

Rousseau reprend ici l'affirmation de l'égaliténaturelle proclamée par les penseurs de l'école du droit naturel.

L'homme de la nature, c'est donc la nature de l'homme.L'homme diffère essentiellement des autres êtres naturels et en particulier de l'animal par sa perfectibilité.

Ce qu'ilest naturellement en puissance ne peut s'actualiser que dans la vie en commun.

Ce n'est que parce qu'il vit ensociété que l'homme peut devenir moral, substituer dans sa conduite la justice à l'instinct.

Il est donc le produit del'homme, aussi bien par son éducation que par le système de législation.

Et le problème fondamental sera dès lors detrouver une forme de société dans laquelle l'homme puisse préserver sa liberté naturelle et assurer sa sécurité. Les sciences et les arts (dans le premier Discours), l'inégalité sociale (dans le second) ont dénaturé l'homme.

Népour le bonheur et la vertu, celui-ci s'est laissé détourner de son chemin par le développement des connaissanceset par les séductions du luxe et de la puissance.

L'état primitif de l'homme, cet état de nature où l'être humainconnaissait l'innocence et la bonté, n'est peut-être qu'une vue de l'esprit, mais c'est une hypothèse qui doit nousfaire regretter un passé qui n'est plus et qui ne reviendra jamais, car l'histoire ne rétrograde pas.

Il y dénonceraavec une vigueur et une éloquence inconnues jusqu'alors les méfaits de la civilisation, et surtout la distinction du« tien » et « mien », dans laquelle tant d'autres déjà avaient vu la cause première de tous nos maux.

Sans douten'est-il pas question pour Rousseau de revenir à l'état de nature (hypothèse qu'on obtiendrait en dépouillantl'homme de toutes les facultés artificielles qu'il doit à la vie sociale).

Paradoxalement, il écrira par la suite qui aécrit : « La société est naturelle à l'espèce humaine comme la décrépitude à l'individu.

Il faut des arts, des lois, desgouvernements aux peuples, comme il faut des béquilles aux vieillards » ( Lettre à M.

Philopolis) La société est un mal nécessaire, quelque chose qui ne peut que dégrader l'homme, et ce de manière irrémédiable. 3) Il n'y a que des améliorations de façade. Au contraire, Diderot écrira dans l'Avertissement du huitième volume de l'Encyclopédie , va jusqu'à déclarer : « Le monde a beau vieillir, il ne change pas ; il se peut que l'individu se perfectionne, mais la masse de l'espèce nedevient ni meilleure ni pire », et Rousseau, dans Émile, que « tous les esprits partent toujours du même point [...] iln'y a point de vrai progrès de raison dans l'espèce humaine », le siècle dans son ensemble pense que le progrès estcumulatif, que la raison se développe, que le bien, la vertu, le bonheur sont devant nous.

L'éducation, de nouvelleslois rendront les hommes meilleurs.

Enfin, le Moyen Âge est perçu par le XVIIIe siècle comme une coupure - ce qui. »

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