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Une société juste est-elle une société sans conflit ?

Publié le 09/03/2005

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les Grecs ont eu des esclaves desquels dépendaient leur vie mais leur belle liberté. » Cette phrase implique d'autres conséquences, aussi essentielles. La philosophie est fille de son temps. Ainsi même des philosophes aussi prestigieux que Platon et Aristote ne pouvaient « sauter par-dessus leur temps » et comprendre que l'homme en tant qu'homme est libre. La philosophie ne fait que tirer au clair, rationaliser, comprendre la nécessité et les failles de ce qui est. On ne saurait condamner plus fermement le mépris du présent et les créations d'Utopie. mais on commence aussi à comprendre ce qui fait passer d'une phrase à une autre de l'histoire : c'est la contradiction qui se manifeste dans la conscience que les hommes ont de la liberté, et par suite, dans la forme étatique qui en résulte. Ainsi la belle liberté grecque, cette forme unique qu'est la « polis » se voit dépendante des esclaves, c'est-à-dire de son contraire : la servilité. En fin c'est dans le christianisme qu'émerge la conscience que « l'homme en tant qu'homme est libre, que la liberté universelle constitue sa nature propre ». Cependant cette connaissance reste d'abord confinée dans la sphère intime de la religion (par exemple l'esclavage ne disparaît pas).

« La révolution supprimera les conflitsPour Marx et Engels, les conflits sociaux sont l'expression de la lutte desclasses et de l'injustice.

Tant que subsisteront les inégalités, tant que ceuxqui possèdent les richesses et les moyens de production exploiteront le travailet la vie des plus pauvres, le conflit continuera.

Mais la révolutionprolétarienne doit mettre un terme à cette lutte en instaurant une sociétésans classes. Puisque « la production économique et la structure sociale qui en résulte nécessairement forment, à chaque époque, la base de l'histoirepolitique et intellectuelle de l'époque », le « Manifeste » affirme que « toute l'histoire a été une histoire de lutte de classes ».

Mais la démonstration à laquelle se livre Marx ne s'arrête pas là: rendant intelligible le passé de l'humanité, elle en annonce également l'inéluctable avenir.

En effet, « Cette lutte a actuellement atteint une étape où la classe opprimée et exploitée (leprolétariat) ne peut plus se libérer de la classe qui l'exploite et l'opprime sanslibérer en même temps et pour toujours la société entière de l'exploitation, del'oppression et des luttes de classes.

» Réfutant un certain nombre d'interprétation fautives du Marx isme, Lénine affirme dans « L‘Etat & la Révolution » que l'oeuvre de Marx ne saurait se limiter à cette seule découverte de la lutte des classes : l'idée dela « lutte des classes » n'est rien en effet si on ne la combine pas à celle de « dictature du prolétariat ».

Elle reste pourtant l'un des concepts clés de la théorie Marx iste et Lénine le reconnaissait bien qui, dans un texte de 1914 consacré à Marx déclarait : « Que, dans une société donnée, les aspirations des uns aillent à l'encontre de celles des autres, que la vie sociale soit pleine de contradictions, que l'histoire nous montre une lutte entre les peuples etles sociétés, aussi bien qu'en leur sein, qu'elle nous montre en outre une alternance de périodes de révolutions et depériodes de réaction, de guerres et de paix, de stagnation et de progrès rapide ou de déclin, ce sont là des faitsuniversellement connus.

Le Marx isme a fourni le fil conducteur qui permet de découvrir l'existence de lois dans ce labyrinthe et ce chaos apparents : c'est la théorie de la lutte des classes.

» La théorie de la lutte des classes est donc, aux yeux d' Engels , l'idée maîtresse de Marx comme elle est, aux yeux de Lénine , le fil conducteur qui permet de comprendre l'histoire humaine.

C'est sur elle en tout cas que s'ouvre le texte du « Manifeste ». Ce que pose en son début ce texte est bien une règle d'interprétation générale de l'histoire. Quelle que soit l'époque que l'on considère, la société est en effet le lieu du conflit –ouvert ou dissimulé- que selivrent oppresseurs et opprimés : « Hommes libres et esclaves, patricien et plébéien, baron et serf, maître d'un corpsde métier et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une guerreininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une guerre qui finissait toujours soit par une transformationrévolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction de deux classes en lutte.

» Marx & Engels proposent donc bien une vision de l'histoire.

Celle-ci est totalement en accord avec leur philosophie matérialiste telle qu'ils ont pu déjà l'exposer en partie dans « L'idéologie allemande ».

Dans le devenir de l'humanité,ce sont, en dernière instance, les infrastructures qui déterminent les superstructures.

Ce qui signifie que ce sont lesrapports économiques qui définissent, dans tous les cas, la société et les classes qui, s'y affrontant, sont elles-mêmes définies par la place qu'elles occupent dans le système de production.

De ce fait, dire de l'histoire qu'elle estl'histoire de la lutte des classes revient donc à rappeler que l'histoire n'est pas un pur chaos d'événementsinintelligibles ou encore l'épopée de l'Esprit en marche vers sa réalisation : tout à l'inverse, elle est le produit del'affrontement de classes sociales qui sont elles-mêmes le produit du développement économique de l'humanité. Dans un passage du premier chapitre de son « Anti-Duhring », Engels lie de manière très claire les propositions Marx istes sur la lutte des classes à l'interprétation matérialiste de l'histoire.

Evoquant la naissance des mouvements ouvriers en France et en Angleterre dans les années 1830, il écrit : « Les faits nouveaux obligèrent à soumettre toute l'histoire du passé à un nouvel examen et il apparût que toute l'histoire passée était l'histoire delutte de classes, que ces classes sociales en lutte l'une contre l'autre sont toujours des produits des rapports deproduction et d'échange, en un mot des rapports économiques de leur époque ; que, par conséquent, la structureéconomique de la société constitue chaque fois la base réelle qui permet, en dernière analyse, d'expliquer toute lasuperstructure des institutions juridiques et politiques, aussi bien que des idées religieuses, philosophiques et autresde chaque période historique.

Ainsi l'idéalisme était chassé de son dernier refuge, la conception de l'histoire ; uneconception matérialiste de l'histoire était donnée et la voie était trouvée pour expliquer la conscience des hommesen partant de leur être, au lieu d'expliquer leur être en partant de leur conscience, comme on l'avait faitjusqu'alors. » Se définissant ainsi comme matérialiste, la conception de Marx et Engels permet donc de jeter un regard rétrospectif sur l'histoire de l'humanité dans son ensemble et d'en découvrir la logique véritable.

Il devient possible. »

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