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Une société sans conflit est-elle concevable ?

Publié le 02/03/2004

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Or la force de casser les vieilles structures et de fonder les nouvelles, Hegel l'assigne aux grands hommes de l'histoire  (Alexandre, César, Napoléon). Ce sont des héros dans la mesure où leurs passions personnelles coïncident avec l'exigence du temps, et leur donnent la capacité de passer par-dessus les lois et la morale reconnues  pour « accoucher »  l'histoire de sa nouvelle forme. La ruse de la raison, la ruse de l'histoire consistent en ce que les hommes croient réaliser leur ambition et  mettent en réalité au jour  ce qu'exigeait l'époque : « Il résulte de l'action des hommes en général encore autre chose  que ce qu'ils projettent et atteignent, que ce qu'ils savent et veulent immédiatement ; ils réalisent leurs intérêts, mais il se produit avec cela quelqu'autre chose qui y est caché à l'intérieur, dont leur conscience ne se rendait pas compte, et qui n'était pas dans leurs vues. » Les passions humaines, les buts particuliers des hommes ne servent qu'à réaliser la progression de l'Idée de liberté, et la connexion du stade déterminé de la conscience de la liberté et des aspirations humaines se manifeste au sein d'une forme politique et étatique elle-même déterminée : « Ainsi deux éléments interviennent dans notre sujet : l'un est l'Idée, l'autre les passions humaines ; l'un est la chaîne, l'autre la trame du grand tapis que constitue l'histoire universelle étendue devant nous. La liberté morale dans l'Etat  forme le centre concret et  la jonction de ces deux éléments. » L'ultime conséquence de cette compréhension de l'histoire est que, loin qu'on puisse juger l'histoire, celle-ci devient le tribunal des actions humaines. Une fois reconnue la nécessité suprême du développement de l'Idée de liberté et de sa réalisation concrète dans l'Etat, les considérations morales deviennent oiseuses. Si Hegel affirme que ceux qui résistent par noblesse et moralité au progrès de l'Idée et à la ruine du monde reconnu qu'elle entraîne sont moralement plus « haut » que les héros qui détruisent l'ordre antérieur, c'est pour ajouter aussitôt que ces grands hommes sont « justifiés du point de vue du monde. » « A ce point de vue toutefois, il ne faut pas émettre à l'encontre d'actions historiques de portée universelle et de leurs auteurs des exigences morales qui leur sont étrangères [...] D'ailleurs l'histoire universelle pourrait, en général, entièrement négliger la sphère où se range la moralité.

« ne serai soumis à la volonté d'un autre.

Bref, je resterai libre. « Tant que les sujets ne sont soumis qu'à de telles conventions, ils n'obéissent à personne, mais seulement àleur propre volonté.

» En obéissant à la loi, qui n'est qu'une déclaration de la « volonté générale », je perds ma liberté naturelle de faire tout ce que je veux ou plus précisément tout ce que je peux , étant donné la force des autres quipeuvent s'opposer à mes projets.

Mais je gagne précisément une liberté politique, qui me permet à la fois den'obéir qu'à moi-même (puisque je peux me considérer comme l'auteur de la volonté générale, qui est unepartie de MA volonté), et ne pas subir la volonté d'un autre (plus fort, plus rusé, plus riche).De plus, il y a fort à parier que les lois seront justes, puisque ceux qui les font doivent les subir ; chaquemembre de l'Etat est à la fois et législateur et sujet.

Son propre intérêt lui commande donc de faire des loisjudicieuses, puisqu'il en subira les conséquences.

Ainsi, l'égoïsme naturel se voit servir l'intérêt commun.On comprend alors la fort belle formule de Rousseau : « L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté.

»La liberté n'est pas le caprice, mais le respect des lois que l'on se donne à soi-même et qui nous préserventde subir le caprice d'autrui. La révolution supprimera les conflitsPour Marx et Engels, les conflits sociaux sont l'expression de la lutte des classes et de l'injustice.

Tant quesubsisteront les inégalités, tant que ceux qui possèdent les richesses et les moyens de productionexploiteront le travail et la vie des plus pauvres, le conflit continuera.

Mais la révolution prolétarienne doitmettre un terme à cette lutte en instaurant une société sans classes. Puisque « la production économique et la structure sociale qui en résulte nécessairement forment, à chaque époque, la base del'histoire politique et intellectuelle de l'époque », le « Manifeste » affirme que « toute l'histoire a été une histoire de lutte de classes ». Mais la démonstration à laquelle se livre Marx ne s'arrête pas là: rendant intelligible le passé de l'humanité, elle en annonce égalementl'inéluctable avenir.

En effet, « Cette lutte a actuellement atteint une étape où la classe opprimée et exploitée (le prolétariat) ne peut plus selibérer de la classe qui l'exploite et l'opprime sans libérer en même tempset pour toujours la société entière de l'exploitation, de l'oppression etdes luttes de classes.

» Réfutant un certain nombre d'interprétation fautives duMarx isme, Lénine affirme dans « L‘Etat & la Révolution » que l'oeuvre de Marx ne saurait se limiter à cette seule découverte de la lutte des classes : l'idée de la « lutte des classes » n'est rien en effet si on ne la combine pas à celle de « dictature du prolétariat ».

Elle reste pourtant l'un des concepts clés de la théorie Marx iste et Lénine le reconnaissait bien qui, dans un texte de 1914 consacré àMarx déclarait : « Que, dans une société donnée, les aspirations des uns aillent à l'encontre de celles des autres, que la vie sociale soitpleine de contradictions, que l'histoire nous montre une lutte entre les peuples et les sociétés, aussi bien qu'en leur sein, qu'elle nous montre en outre une alternance de périodes derévolutions et de périodes de réaction, de guerres et de paix, de stagnation et de progrès rapide ou de déclin,ce sont là des faits universellement connus.

Le Marx isme a fourni le fil conducteur qui permet de découvrir l'existence de lois dans ce labyrinthe et ce chaos apparents : c'est la théorie de la lutte des classes.

» La théorie de la lutte des classes est donc, aux yeux d' Engels , l'idée maîtresse de Marx comme elle est, aux yeux de Lénine , le fil conducteur qui permet de comprendre l'histoire humaine.

C'est sur elle en tout cas que s'ouvre le texte du « Manifeste ». Ce que pose en son début ce texte est bien une règle d'interprétation générale de l'histoire. Quelle que soit l'époque que l'on considère, la société est en effet le lieu du conflit –ouvert ou dissimulé- quese livrent oppresseurs et opprimés : « Hommes libres et esclaves, patricien et plébéien, baron et serf, maîtred'un corps de métier et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont menéune guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une guerre qui finissait toujours soit par unetransformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction de deux classes en lutte.

» Marx & Engels proposent donc bien une vision de l'histoire.

Celle-ci est totalement en accord avec leur philosophie matérialiste telle qu'ils ont pu déjà l'exposer en partie dans « L'idéologie allemande ».

Dans ledevenir de l'humanité, ce sont, en dernière instance, les infrastructures qui déterminent les superstructures.Ce qui signifie que ce sont les rapports économiques qui définissent, dans tous les cas, la société et lesclasses qui, s'y affrontant, sont elles-mêmes définies par la place qu'elles occupent dans le système de production.

De ce fait, dire de l'histoire qu'elle est l'histoire de la lutte des classes revient donc à rappeler quel'histoire n'est pas un pur chaos d'événements inintelligibles ou encore l'épopée de l'Esprit en marche vers saréalisation : tout à l'inverse, elle est le produit de l'affrontement de classes sociales qui sont elles-mêmes le. »

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