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Une société sans religion est-elle possible ?

Publié le 06/02/2005

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Il faut donc qu'il ait l'esprit assez flexible pour se tourner à toutes choses, selon que le vent et les accidents de la fortune le commandent : il faut que [...] il ne s'écarte pas à la voie du bien, mais qu'au besoin il sache entrer dans celle du mal. Il doit aussi prendre grand soin de ne pas laisser échapper une seule parole qui ne respire les cinq qualités que je viens de nommer ; en sorte qu'à le voir et à l'entendre on le croie tout plein de douceur, de sincérité, d'humanité, d'honneur, et principalement de religion [...] : car les hommes, en général, jugent plus par leurs yeux que par leurs mains, tous étant à portée de voir, et peu de toucher. Tout le monde voit ce que vous paraissez ; peu connaissent à fond ce que vous êtes, et ce petit nombre n'osera point s'élever contre l'opinion de la majorité, soutenue encore par la majesté du pouvoir souverain. Au surplus, dans les actions des hommes, et surtout des princes, qui ne peuvent être scrutées devant un tribunal, ce que l'on considère, c'est le résultat. Que le prince songe donc uniquement à conserver sa vie et son État : s'il y réussit, tous les moyens qu'il aura pris seront jugés honorables et loués par tout le monde. Le vulgaire est toujours séduit par l'apparence et par l'événement : et le vulgaire ne fait-il pas le monde ? »   III.                                             La religion, comme forme populaire d'une théorie du monde, répond au besoin d'une cosmogonie, de réponses cohérentes et rassurantes aux divers questionnements des individus.
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« chrétienne qui subsistent ? »(L'idée de progrès exprimant plus qu'un pur déroulement temporel, mais enveloppant l'affirmation que la marche de lavie et de l'humanité est une ascension dont le terme doit se confondre avec la réalisation de l'idéal moral.)— Consulter le livre de Jean Granier Le problème de la vérité dans la philosophie de Nietzsche (Éditions du Seuil)notamment le chapitre intitulé « le nihilisme » et singulièrement le paragraphe nommé Le meurtre de Dieu, pp.

261 à267. • Ne pas oublier qu'il s'agit ici de savoir si « une société sans religion est possible ». • S'agit-il de se demander si la religion est strictement indispensable à la vie en société ? (si une vie en société, siune sociétépeut être viable sans religion)? • S'agit-il de rapporter « la religion » à tel ou tel type de société (ou formation « sociale »)? Méditer à ce titre, letexte suivant de Marx : « La détresse religieuse est, pour une part, l'expression de la détresse réelle et, pour uneautre, la protestation contre la détresse réelle.

La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un mondesans coeur, comme elle est l'esprit de conditions sociales d'où l'esprit est exclu.

Elle est l'opium du peuple.L'abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l'exigence que formule son bonheur réel.

Exigerqu'il renonce aux illusions sur sa situation c'est exiger qu'il renonce à une situation qui a besoin d'illusions.La critique de la religion détruit les illusions de l'homme pour qu'il pense, agisse, façonne sa réalité comme un hommesans illusions parvenu à l'âge de raison, pour qu'il gravite autour de lui-même, c'est-à-dire de son soleil réel.

Lareligion n'est que le soleil illusoire qui gravite autour de l'homme tant que l'homme ne gravite pas autour de lui-même.» Marx. La religion est-elle une caractéristique de toute société, et en est-elle une composante ? Mais ne peut-on pas sedemander s'il pourrait exister une religion sans société ? Les relations entre les deux sont-elles seulement de causeà effet, ou sont-elles interdépendantes ? Que beaucoup de gens ne puissent pas se passer de croyance religieusen'implique pas que la société soit liée à une religion.

Nietzsche, avec sa phrase " Dieu est mort ", a bien montréqu'une des tendances des sociétés actuelles était d'amoindrir, sinon d'effacer, le rôle de la religion (surtout depuisl'holocauste et la seconde guerre mondiale).

La société en a-t-elle été affectée ? A-t-elle évolué ? La croyance a-t-elle disparu avec la religion, ou s'est-elle reportée sur autre chose (un autre domaine irrationnel) ? On peut sedemander si ce dont on parle est encore une religion, si la religion survit à la disparition de son statut social.

Maisaffirmer que le religieux est l'essence du social, c'est peut-être dire que le social ne saurait se passer de quelquechose qui tienne le rôle de la religion, et qui puisse être considéré à ce titre comme une religion. L'idée de société ne semble a priopi pas absolument liée à celle de religion ; après tout, en France, ne vivons-nouspas dans un Etat qui se veut laïque ? Pour mémoire, la laïcité est le principe de séparation du pouvoir politique etadministratif de l'Etat et du pouvoir religieux.

On qualifie aussi de laïque le caractère des institutions qui respectentce principe.

Pourtant, la force d'une Eglise n'est pas liée à son statut juridique et le statut laïque d'un Etat nel'empêche pas d'abriter beaucoup de religieux.

Mais avant de poursuivre notre réflexion, il faut définir les termes desociété et de religion.

Qu'est-ce que la société ? Le substantif société est issu du latin « societas » qui signifie association.

« Societas » vient de « socius », qui signifie associé, allié, compagnon.

Au sens large du terme, ilqualifie un ensemble d'individus unis par un soutient mutuel et par des rapports déterminés.

La « société civile »Hegelienne qualifie la « société économique », représentant l'ensemble des intérêts privés , par opposition à la « société politique », l'Etat, qui représente l'intérêt général .

Il faut se demander dici si l'absence de religion ne va pas à l'encontre de l'intérêt privé et général.

Comment définir le terme "religion"? Il s'agit d'un ensemble de croyances .

D'un point de vue subjectif, c'est la piété qui relie à Dieu .

Enfin, il s'agit également de l'ensemble de rites et de cérémonies .Ce substantif est issu du latin "religio" qui semble d'abord signifier respect scrupuleux des rites.

Cicéron distingue déjà le terme "religio" de celui de "superstitio" : « il n'est pas vrai qu'on supprime la religion sil'on supprime la superstition.

» Ce qui est désigné par le terme moderne de religion est vaste ; il ne s'agit pas quedes trois religions monotéistes, judaisme, christianisme et islam.

De plus, le religieux n'implique même pas qu'il y aitcroyance en un ou plusieurs dieux; par exemple, La religion dans les limites de la simple raison de Kant s'appuie sur la foi rationnelle dans les postulats de la raison pratique (existence de Dieu et immortalité de l'âme) et consiste dans "l'intention qui nourrit le coeur de l'homme de remplir ses devoirs comme s'il s'agissait de commandementsdivins".

Cest pourquoi il est difficile de donner une définition de ce substantif.

Durkheim, dans les Formesélémentaires de la vie religieuse tente tout de même de la définir, mais sa définition reste relative à un point de vuesociologique.

Voici ce qu'il écrit : "la religion est un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées , c'est-à-dire séparées, interdites, croyances qui unissent en une même communauté morale, appelée Eglise, tous ceux qui y adhèrent." Une société peut-elle se passer de religion ? Ce serait un progrès pourl'humanité, écrit Freud, si cela se réalisait.

Mais pouvons-nous raisonnablement croire qu'une société puisse sepasser de religion ? Voici ce qu'écrit Freud à ce propos dans L'avenir d'une illusion : " Ainsi je suis en contradiction avec vous lorsque, poursuivant vos déductions, vous dites que L'homme ne saurait absolument pas se passer de laconsolation que lui apporte l'illusion religieuse, que, sans elle, il ne supporterait pas le poids de la vie, la réalitécruelle.

Oui, cela est vrai de l'homme à qui vous avez instillé dès l'enfance le doux - ou doux et amer - poison.

Maisde l'autre, qui a été élevé dans la sobriété ? Peut-être celui qui ne souffre d'aucune névrose n'a-t-il pas besoind'ivresse pour étourdir celle-ci.

Sans aucun doute l'homme alors se trouvera dans une situation difficile , il seracontraint de s'avouer toute sa détresse, sa petitesse dans l'ensemble de l'univers , il ne sera plus le centre de lacréation, l'objet des tendres soins d'une providence bénévole.

Il se trouvera dans la même situation qu'un enfant quia quitté la maison paternelle, où il se sentait si bien et où il avait chaud.

Mais le stade de l'infantilisme n'est-il pas. »

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