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Solitude et communication

Publié le 13/01/2004

Extrait du document

1) Un sentiment (parmi les mille, évoqués ultérieurement) qui dit tout de la personnalité est, pense Bergson, l'amour (et son opposé, la haine), non pas traité en général, mais dans l'individualité (« chacun de nous ») qui nous appartient en propre (« sa » manière, « sa » personnalité) en tant que sujet. Cette particularité (que l'on sous-entend être différente de l'un à l'autre) exprime cependant à chaque fois la totalité (la personnalité « tout entière »).La richesse du concret d'un sentiment vécu, infiniment varié, s'oppose à la pauvreté abstraite du langage. Le langage n'exprime pas, il est, du dehors, un simple index (« il désigne »). Les états (à comprendre comme multiples, intérieurs et subjectifs) ne peuvent être rendus par le langage qui rate la différence par l'emploi du même (« les mêmes mots »), la particularité par la visée, réductrice, de termes s'appliquant à tous (« tous les hommes »).Comme le ferait un entomologiste collectionneur qui, dans un sous-verre, pique, dans son immobilité, un papillon jadis vivant, le langage fixe l'extériorité (« l'aspect objectif » qui n'est qu'un des multiples aspects du possible) et laisse là échapper -avec le bruissement de la vie- le caractère subjectif et personnel du sentiment. L'après-coup du langage (« n'a-t-il pu ») est trop tard. Son impuissance (soulignée par la formule négative) s'étend à l'expression de n'importe quel sentiment, alors qu'il y en a tant et tant dans l'intériorité foisonnante et contradictoire de la vie de l'âme (« mille sentiments qui agitent l'âme »).2) D'un côté la vie « des sentiments et des idées », de l'autre le langage « qui désigne ces états ». Bergson vient de dresser le constat de l'impuissance du langage à dire la vie.

« en vue de la recherche sincère de la vérité.

La seconde, au contraire, est polémique et ne cherche qu'à réduirel'adversaire au silence.

En ce sens, pour Platon, la pratique sophistique du dialogue n'est au fond qu'une formedéguisée de violence. « Chacun de nous a sa manière d'aimer et de haïr, et cet amour, cette haine,reflètent sa personnalité tout entière.

Cependant le langage désigne ces étatspar les mêmes mots chez tous les hommes ; aussi n'a-t-il pu fixer que l'aspectobjectif et impersonnel de l'amour, de la haine et des mille sentiments qui agitentl'âme.

Nous jugeons du talent d'un romancier à la puissance avec laquelle il tiredu domaine public, où le langage les avait fait descendre, des sentiments et desidées auxquelles il essaie de rendre, par une multiplicité de détails qui sejuxtaposent, leur primitive et vivante individualité.

Mais de même qu'on pourraintercaler indéfiniment des points entre deux positions d'un mobile sans jamaiscombler l'espace parcouru, ainsi, par cela seul que nous parlons, par cela seulque nous associons des idées les unes aux autres et que ces idées sejuxtaposent au lieu de se pénétrer, nous échouons à traduire entièrement ceque notre âme ressent : la pensée demeure incommensurable avec le langage.

» Bergson in « Essai sur les données immédiate de la conscience ». Pour Bergson, le langage procède de l'extériorité.

Aussi est-il de l'ordre dudécomposable, de l'espace, et du déterminisme.

Pour le moins il laisse échapperce qui fait la complexité de la pensée qui, elle, est de l'ordre de l'intériorité.

Unetelle critique sera constamment exposée par Bergson, qui estime, par ailleurs («Le Rire »), que les mots du langage ne sont que des étiquettes collées sur les choses et par là qu'ils sont incapablesd'exprimer les choses mêmes.Il s'agit ici d'une critique du langage et non de notre propre impuissance à exprimer notre vie intérieure.

Si nouséchouons à traduire ce que notre âme ressent, c'est parce que le langage est inadéquat.

Il y a une différence denature entre notre vie intérieure et le langage. 1.

Il y a une impuissance du langage à exprimer la richesse du sentiment.2.

Le romancier, par son talent, essaie d'exprimer l'individualité.3.

Mais la pensée excède toujours le langage. 1) Un sentiment (parmi les mille, évoqués ultérieurement) qui dit tout de la personnalité est, pense Bergson, l'amour(et son opposé, la haine), non pas traité en général, mais dans l'individualité (« chacun de nous ») qui nousappartient en propre (« sa » manière, « sa » personnalité) en tant que sujet.

Cette particularité (que l'on sous-entend être différente de l'un à l'autre) exprime cependant à chaque fois la totalité (la personnalité « tout entière»).La richesse du concret d'un sentiment vécu, infiniment varié, s'oppose à la pauvreté abstraite du langage.

Lelangage n'exprime pas, il est, du dehors, un simple index (« il désigne »).

Les états (à comprendre comme multiples,intérieurs et subjectifs) ne peuvent être rendus par le langage qui rate la différence par l'emploi du même (« lesmêmes mots »), la particularité par la visée, réductrice, de termes s'appliquant à tous (« tous les hommes »).Comme le ferait un entomologiste collectionneur qui, dans un sous-verre, pique, dans son immobilité, un papillonjadis vivant, le langage fixe l'extériorité (« l'aspect objectif » qui n'est qu'un des multiples aspects du possible) etlaisse là échapper –avec le bruissement de la vie- le caractère subjectif et personnel du sentiment.

L'après-coup dulangage (« n'a-t-il pu ») est trop tard.

Son impuissance (soulignée par la formule négative) s'étend à l'expression den'importe quel sentiment, alors qu'il y en a tant et tant dans l'intériorité foisonnante et contradictoire de la vie del'âme (« mille sentiments qui agitent l'âme »). 2) D'un côté la vie « des sentiments et des idées », de l'autre le langage « qui désigne ces états ».

Bergson vientde dresser le constat de l'impuissance du langage à dire la vie.

Mais, avec l'accord du lecteur et de l'opinion cultivée(« nous ») il témoigne de l'effort particulier d'un type d'homme qui par son travail tente (« il essaie ») de rendre lavie : le romancier.Il réussit plus ou moins.

D'où la possibilité de le classer (« nous jugeons ») en terme de puissance ou de faiblesse.Mais ici pas de référence au génie, seulement au talent, qui suggère un art au sens d'artifice, de manière de faire,sinon de procédé.

La démarche du romancier est personnelle, l'aspect privé de sa tentative s'oppose à la fonctionpublique du langage social et implique un effort (une « puissance »), une lutte menée directement contre le langage.D'un côté le langage dégrade (c'est l'expression « descendre » qui s'employerait pour désigner aussi bien une chute,une tombée, une descente en enfer, pour le moins le contraire d'une élévation spirituelle), de l'autre le romancier,comme un pêcheur d'âmes, tire vers le haut, tente de faire sortir, de faire revivre...

Mais sa manière n'est que celledu procédé.Sans que Bergson y fasse de référence expresse, on songe ici à la manière d'un peintre pointilliste : accumulation («multiplicité ») des tâches minuscules (« détails »), posées les unes à côté des autres (« juxtaposent »).

Vu de loin,le rendu va à peu près.

Mais cependant c'est encore un après-coup, second par rapport à ce qui est « primitif ».L'art (malgré tout toujours social) est bien un artifice qui mime la vie, mais qui laisse toujours échapper, quelle quesoit la puissance du créateur, l'individualité première de la vie.. »

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