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Sommes-nous gouvernés par notre inconscient ?

Publié le 16/03/2004

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Au contraire, lorsque Freud parle d'inconscient, il le fait en référence à la conscience psychologique, et pas du tout par rapport à la conscience morale. Certes la conscience est toujours double, car la conscience oppose toujours ce qui devrait être à ce qui est. « La conscience suppose une séparation de moi d'avec moi, en même temps qu'une reprise de ce qu'on juge insuffisant, qu'il faut pourtant sauver. « Il s'agit là, comme le dit Alain, d'une « conception héroïque de la morale «, qui explique parfaitement que l'inconscient ne soit alors conçu que comme « une conscience subalterne, errante et séparé «, à proprement parler comme quelque chose d'inintéressant, sinon d'impossible. Ce qui est en jeu, pour Alain, c'est un conflit sans cesse recommencé entre les passions (l'inconscient) et la raison (le conscient), ou, plus simplement encore, entre le corps et l'esprit. Les partisans de l'inconscient estiment sans doute que les signes qui viennent du corps sont des pensées qui méritent d'être interprétées ; pour les tenants du rationalisme, il n'y a de pensées véritables qu'en liaison avec une extrême attention. Une « pensée qui n'est point formée en pleine attention « n'est pas une pensée du tout. La fabrique de notre corps peut produire des suites de paroles et de gestes par le simple jeu de l'excitation et de la fatigue. Et parce que je suis homme (et d'emblée crédule), je suis porté à croire que « tous mes mouvements sont des signes, et tous mes cris sont des sortes de mots «. Je suis porté à croire « que tout cela a un sens, et traduit à moi-même mes propres pensées, pour moi secrètes, de moi séparées, et qui vivent, s'élaborent, se conservent dans mes profondeurs «.

L'inconscient nous gouverne comme l'a montré Freud en parlant d'un déterminisme psychique. Par exemple, si nous refoulons certains souvenirs ou certains sentiments, ceux-ci reviendront nous troubler sous formes de symtômes (rêves, névrose, etc.).  Nous sommes donc bien gouvernés par notre inconscient.

MAIS...

L'homme est libre et, de ce fait, il peut toujours dominés ses instincts et ses pulsions grâce à sa volonté et à sa liberté. Pétendre que l'homme est gouverné par des processus inconscients, c'est faire preuve de lâcheté et de mauvaise foi.

I-L’inconscient n’est que l’autre nom de la mauvaise foi.

 II-Le moi n’est plus maître dans sa propre maison.

III-Nous sommes gouvernés par notre inconscient.

« Ici, l'exemple est simple dans la mesure où le président a sans doute parfaitement conscience qu'il ne veutpas être là.

Mais dans bon nombre de cas, quand ma langue fourche, je ne sais pas pourquoi, c'est-à-dire quej'ignore moi-même ce qui me pousse à dire tel mot plutôt qu'un autre.

Or pour Freud le cas est exactement identique et s'interprète de même, comme le conflit entre deux désirs dont l'un est gênant et peut être ignorépar le sujet.

Il n'y a pas d'actes innocents ou anodins.

Tous sont révélateurs d'un affrontement en moi dedeux forces. L'hypothèse Freud ienne de l'inconscient revient à dire que bon nombre d'actes « normaux » (oubli, actes manqués, rêves), mais aussi « maladifs », pathologiques (névroses, psychoses, obsessions) s'expliquent en gros selon le même schéma.

L'individu subirait un conflit psychique (dans son âme), conflit parfoisextrêmement violent entre les normes conscientes (morales, esthétiques, sociales) et des désirs quibousculent et négligent ces règles.

Ce second groupe de désirs, le sujet les trouverait, s'il en avaitconscience, tellement monstrueux, qu'ils ne peuvent parvenir à la conscience que sous une forme voilée,déformée, indirecte : le lapsus, le rêve, ou le symptôme maladif. Le symptôme est donc un compromis entre le désir inconscient et inavouable que je subis, et les normesconscientes et morales que j'accepte.

« Le moi n'est pas maître dans sa propre maison » signifie que je n'ai pas conscience et que je ne maîtrise pas, ne contrôle pas une bonne part de ce qui se passe en moi-même,ce conflit, ce symptôme. L'hypothèse de l'inconscient est donc qu'une bonne partie de ce qui se passe en moi (dans mon âme, mapsyché) ne m'est pas connu, m'échappe, et cependant influe sur moi.

C'est ainsi qu'il faut comprendre notrepassage : la psychanalyse se propose de « montrer au moi qu'il n'est seulement pas maître dans sa propre maison, qu'il en est réduit à se contenter de renseignements vagues et fragmentaires sur ce qui se passe, endehors de sa conscience, dans sa vie psychique ».

La plupart des choses qui se passent dans l'âme échappent à la conscience. Pour Freud , o a surestimé le rôle de la conscience dans la vie de l'âme, et ainsi on s'est privé des moyens : ¨ De comprendre bon nombre de phénomènes comme les lapsus et les rêves ; ¨ De soigner un certain nombre de maladies, qui ne peuvent s'expliquer que par le conflit psychique qui agite le patient. Adopter l'hypothèse de l'inconscient permet de comprendre et de guérir, c'est un gain de sens et de pouvoir.Le but de la psychanalyse est alors de faire en sorte que l'individu, au lieu de subir les forces qu'il ignore et necontrôle pas , puisse recouvrer sa liberté. En effet, la psychanalyse découvre que « Je est un autre » pour reprendre Rimbaud .

Il y a en moi un autre , un ensemble de forces, un inconscient qui me pousse à agir malgré moi.

Je subis un conflit dont je n'ai pasconscience, qui est souvent la trace d'un choc vécu durant l'enfance.

En ce sens je suis un être passif et agi,qui n'a ni le contrôle de lui-même, ni de son passé, un être scindé.

Le but de la cure est de faire en sorte queje prenne conscience de ce conflit, que je reprenne la maîtrise de mon histoire.

Au lieu de subir ce que je neconnais pas, je choisirai en toute conscience.

Au lieu de la « politique de l'autruche » de l'inconscient, il y aura le choix d'un sujet maître de lui-même. Enfin, notre passage est important en ce que Freud y explique les résistances à la psychanalyse.

« Dans le cours des siècles, la science a infligé à l'égoïsme naïf de l'humanité deux graves démentis ».

Avec Copernic , elle a montré à l'homme qu'in n'était pas au centre de l'univers.

Avec Darwin , elle est en train de montrer que l'homme est un animal comme les autres, qu'il y a en lui une origine animale. Ces deux sciences ont blessé l'orgueil humain, ont montré à l'homme que son sentiment de supériorité étaitnaïf et erroné.

C'est pourquoi les thèses de Copernic valut un procès à Galilée , devant l'Inquisition en 1633. C'est pourquoi les thèses de Darwin sont jugées à l'époque scandaleuse.

Les hommes refusent ce qui les blesse et y opposent une farouche résistance.

Or, continue Freud : « Un troisième démenti sera infligé à la mégalomanie humaine par la recherche psychologique de nos jours qui se propose de montrer au moi qu'il n'estseulement pas maître dans sa propre maison. » L'individu est pluriel : il n'est pas seulement une conscience maîtresse d'elle-même ; il subit un inconscient quile pousse à agir malgré lui.

Redécouvrir et explorer cette zone d'ombre en nous, cette force qui nous rendpassif, ce déchirement de l'homme reste le principal acquis de la psychanalyse. Tous nos actes ont une signification inconscienteL'Inconscient tente d'imposer à la conscience ses désirs.La conscience ne sait pas toujours les reconnaître et les assumer.

C'est pourquoi elle les ignore, ou bien lesrefoule.

Mais l'inconscient jamais ne renonce à obtenir satisfaction.

De cette lutte découlent maladiespsychiques, mais aussi nombre d'actions commises malgré nous. L'analyse permet de découvrir la signification inconsciente de nos actes. »

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