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Sommes-nous responsables de nos désirs ?

Publié le 29/01/2005

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Pour Spinoza, le « désir aveugle « est également la servitude aux causes extérieures. La condition naturelle des hommes est de ne pas être responsables de leurs désirs, mais leur tâche est de le devenir par l'usage de la raison.Le thème de la libération reste donc malgré tout présent, ce qui signifie bien que si certains désirs nous sont imposés, nous gardons toujours la possibilité - et dès lors la responsabilité - de nous en arracher pour devenir libres.

III. Être libre, c'est être responsable de ses désirs.

Il faut non seulement faire apparaître ce processus de libération, mais aussi et surtout envisager le problème d'un point de vue moral pour analyser la notion de « responsabilité «. Spinoza montre que ce processus de libération n'est autre que le développement de la connaissance, c'est-à-dire l'action de la raison par laquelle nous agissons conformément à notre nature et augmentons ainsi notre puissance d'agir. Le sage est celui qui est entièrement responsable de ses désirs au sens où tous découlent nécessairement de sa propre essence, et non plus des causes extérieures.  LIBRE ARBITRE : Pouvoir de choisir, d'acquiescer ou de refuser, sans autre raison que le simple vouloir de le faire. Mais s'il faut rendre nos désirs conformes à la raison, c'est parce que, montre Kant, seul le libre arbitre décide de satisfaire ou non un désir.

 

  • Le sujet ne porte ni sur la responsabilité ni sur le désir, mais sur la relation entre ces deux termes. On peut se demander aussi pourquoi le sujet est formulé à la première personne du pluriel. Peut-être est-ce parce que la responsabilité est d'abord liée à la présence d'autrui : c'est parce qu'il y a un « nous « qu'il est question de responsabilité (ceci cependant est un détail).

 

  • Le sens commun peut répondre à cette question de deux manières.

 

     L'homme est un être moralement responsable de ses actes et donc aussi des désirs qui les produisent.

     On subit le désir, il ne nous appartient pas de choisir nos désirs. Comment peut-on en être alors responsable?

 

  • Problématique: On peut construire le devoir comme un débat entre ces deux réponses. On rencontre ici la grande question philosophique de l'opposition de la nature et de la liberté : le désir traduirait une nature que nous ne choisirions pas, alors que la responsabilité présuppose au contraire la liberté. On cherchera donc à criti­quer ou à aménager la notion de nature pour pouvoir penser la possibilité de la responsabilité. Le danger de cette problématique est de substituer l'opposition nature/liberté au couple désir/responsabilité. Il faut veiller, à tout moment, à bien recentrer le débat sur le sujet.

 

« non plus des causes extérieures. Mais s'il faut rendre nos désirs conformes à la raison, c'est parce que, montre Kant, seul le libre arbitre décide desatisfaire ou non un désir.

Le désir est donc de l'ordre du fait, nous n'en sommes pas responsables car il est lasimple expression de la nature en nous.

Mais son accomplissement est du ressort de notre responsabilité, donc denotre liberté sans laquelle elle n'a aucun sens.Connaissant cela, on peut néanmoins, avec Kant, penser (sur le mode du « comme si ») un « plan caché de lanature » par lequel l'homme est amené à instaurer le droit : tout se passe en effet « comme si » le caractèreégoïste des hommes et leurs désirs insatiables, combinés à la nécessité pour eux de vivre en société (« l'insociablesociabilité »), était là pour les forcer à progresser vers le règne du droit.

Ce qui confirme que le désir est bien un faitde nature dont nous ne sommes pas responsables, mais que nous sommes à l'inverse entièrement responsables dece nous en faisons.pluralité de vérités, hiérarchisées ou non.

En examinant soigneusement la formule : « doit-elle », on voit qu'il s'agitici plutôt d'un questionnement sur la nature propre à la foi (la logique qui lui est inhérente) que d'une interrogationd'ordre juridique ou même moral (sur le devoir de tolérance ou d'intolérance). « L'homme est libre; sans quoi conseils, exhortations, préceptes, interdictions, récompenses et châtimentsseraient vains.

» Saint Thomas d'Aquin, Somme théologique, 1266-1274. Si l'homme n'est pas doué du libre arbitre, il ne peut être tenu responsable de ses actes.

Quel sens y aurait-il àpunir ou à récompenser quelqu'un qui ne pouvait agir autrement qu'il ne l'a fait? « Qui lance une pierre ne peut plus la rattraper.

Toutefois, il était en son pouvoir de la jeter ou de la laissertomber, car cela dépendait de lui.

Il en va de même pour les hommes qui pouvaient, dès le début, éviter de devenirinjustes et débauchés; aussi le sont-ils volontairement; mais une fois qu'ils le sont devenus, ils ne peuvent plus nepas l'être.

» Aristote, Éthique à Nicomaque, Ive s.

av.

J.-C. « L'homme est condamné à être libre.

Condamné, parce qu'il ne s'est pas créé lui-même, et par ailleurs cependantlibre, parce qu'une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu'il fait.

» Sartre, L'existentialisme est un humanisme, 1946.L'homme est « condamné à être libre », parce qu'il ne peut échapper au devoir de se réaliser lui-même, de se faireêtre ce qu'il est. « Jamais nous n'avons été plus libres que sous l'occupation allemande.

» Sartre, «La République du silence», 1944.Cette affirmation paradoxale, comme on s'en doute, a fait couler beau coup d'encre.

Comment peut-on se déclarer «libre » quand on est asservi, torturé, déporté, humilié ? Provocation gratuite ? Non, Sartre veut dire que la libertéest toujours une conquête, et d'abord une conquête sur soi-même.

Il est facile de se dire « responsable » quand onest loin des combats ; c'est au contraire dans les « situations limites » (l'occupation allemande, par exemple), quandtoutes les libertés nous ont été ôtées, que notre liberté de choisir (ici, entre collaboration et résistance) prend toutson sens et toute sa dimension. « Si l'on a conçu les hommes "libres", c'est à seule fin qu'ils puissent être jugés et condamnés, afin qu'ils puissentdevenir coupables.

» Nietzsche, Crépuscule des idoles, 1889.. »

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