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Sören KIERKEGAARD (1813-1855): Etre chrétien

Publié le 27/03/2005

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kierkegaard
Subjectivement le fait d'être un chrétien se détermine de la façon suivante : la décision réside dans le sujet, l'appropriation est l'intériorité paradoxale qui est spécifiquement différente de toute autre intériorité. Etre chrétien n'est pas déterminé par le quoi du christianisme mais par le comment du chrétien. Ce commet ne peut s'adapter qu'à une chose, au paradoxe absolu. Il n'y a donc là aucun discours indéterminé, d'après quoi être chrétien signifierait accepter ceci et accepter cela et accepter de telle et telle façon, s'approprier, croire , s'approprier dans la foi de telle et telle façon (déterminations purement rhétoriques et fictives) : mais croire est une opération spécifiquement et nettement différente de toute autre assimilation et intériorité. La foi est, dans le scandale de l'absurde, l'incertitude objective maintenue fermement dans la passion de l'intériorité, laquelle passion est justement le rapport de l'intériorité à la plus haute puissance. Cette formule ne convient qu'un croyant et à nul autre, no à un amant, ni à un homme enthousiaste, ni à u penseur, mais uniquement au croyant qui se rapporte au paradoxe absolu. Il suit de là que la foi ne peut pas non plus être une fonction provisoire. Qui veut se représenter sa foi comme un moment aboli au sein d'une connaissance plus élevée, il a eo ipso cessé de croire. La foi ne peut pas se satisfaire avec l'incompréhensibilité ; car c'est justement le rapport avec l'incompréhensible, l'absurde (qui scandalise) qui est l'expression de la passion de la foi. Sören KIERKEGAARD (1813-1855)

C’est sur le terrain de la raison que la raison a raison et, s’il n’y a rien en dehors d’elle, elle est réponse à tout (« Tout le réel est rationnel et tout le rationnel est réel «). A tel point qu’elle ne pourrait tenter de se nier qu’en s’affirmant. Mais peut-elle rendre raison d’elle-même ? Le croire serait s’engager dans un processus de régression à l’infini, dont on ne peut sortir que par un saut hors de la raison… un acte de foi dans la raison… tout à fait irrationnel. Il n’y a pas de raison de la raison. Et si la raison trouve sa limite dans une réflexion sur son fondement, elle en rencontre une autre en se heurtant à l’existence. Kant avait bien montré que l’existence, absolue position d’une chose, échappe à toute démonstration, mais il persistait à aligner l’existence du sujet éthique sous l’universalité de la raison pratique (le devoir).

kierkegaard

« errant et Faust, Don Juan sera la figure de l'existence esthétique oscillant entre le plaisir immédiat et le désespoir.Pour avoir choisi de ne pas s'attacher, Don Juan, de conquête en conquête, ne connaîtra que des échecs, savictime se dérobe au moment même où elle s'abandonne et la femme en soi n'est jamais possédée.

Pour lui, chaquefemme représente une possibilité d'existence.

Mais il choisit de ne pas choisir et reste suspendu entre toutes lespossibilités qu'offrent ses conquêtes.

A les vouloir toutes, Don Juan sombre dans l'angoisse du rien du tout, de lavacuité.

Puisque l'instant est son plaisir, son plaisir ne dure qu'un instant.

Vivant en prédateur et non enconstructeur, Don Juan ne peut jouir que dans l'instant et le particulier et non dans le général et le durable.

A courirtrop de proies, le chasseur ne revient qu'avec l'ombre.

L'ironie –présence implicite de l'éthique dans l'esthétique-peut permettre à l'individu d'échapper à cette existence inconsistante pour se convertir à l'existence éthique.L'ironie, définie comme la plaisanterie derrière le sérieux, lui fera prendre conscience que la liberté du vide n'estqu'un vide de liberté.

Et que le choix est nécessaire, car il est le facteur le plus puissant d'individualisation de sapersonnalité.

La volonté de l'homme éthique pose le bien et le mal en s'opposant à la velléité de l'homme esthétique.L'instant qui représentait tout pour l'esthète n'était rien puisqu'il ne servait pas à faire un choix essentiel, existentielet décisif mais à maintenir l'individu entre différents possibles.

L'éthicien, homme de bonne volonté, soumetl'existence à l'unité de la règle (le devoir dans la vie conjugale, familiale, professionnelle, confessionnelle, la vieéthique selon Hegel).

Continuité du devoir, fidélité à lui-même et aux autres, il se conforme à l'universel et vit dansla durée.

Si la figure de la vie esthétique est celle du séducteur, celle de la vie éthique prend les traits de l'époux,de l'homme marié.

Passage de l'homme à femmes à l'homme d'une femme.

Mais, ce dernier peut bien y trouverquelque joie mais il lui échappe que l'existence est rebelle à l'alignement.

Ainsi à vouloir pérenniser l'amour dansl'institution du mariage, l'homme éthique met en place les conditions du désamour (édulcoration du sentiment dans laroutine).

D'une manière ou d'une autre l'existence rappelle l'homme éthique à sa contingence : l'erreur, la trahison, lasouffrance, la maladie, la mort… rompent le bel édifice de l'existence éthique.

On le verra avec encore plus d'acuitédans la troisième et dernière sphère, la religieuse : exister, n'est pas naviguer sur un long fleuve tranquille ! Maisaffronter les tempêtes.

Toutes les tempêtes ! Par l'humour, l'individu peut prendre ses distances par rapport à ladérision de l'existence éthique L'humoriste s'élève au-dessus de tout et de lui-même, il prend conscience de sonnéant.

Il Sa révision des valeurs est plus complète que celle de l'ironiste qui jamais ne doutait de son moi et envoulait faire la norme absolue du monde.

L'ironie voulait marquer la domination absolue de la subjectivité, du moi, ceque ne veut pas l'humour qui rit là où attendait des larmes (le sérieux derrière la plaisanterie).L'humour est une prise de conscience de la limite de la condition humaine, de la rencontre entre notre finitude et laconscience de notre éternité.

L'humoriste est celui qui est conscient de l'infirmité de la raison, de l'insuffisante dugénéral pour réaliser toutes les aspiration de l'individu.La foi est le saut qualitatif qui introduit et constitue l'existence religieuse.

Le paradigme de la foi est le dramed'Abraham qui reçut de Dieu l'ordre d'immoler son fils Isaac sur une montagne de Moriyya (« Crainte & Tremblement»).

Scandale absolu.

Injustifiable par la théologie rationnelle, car toute tentative de justification fait de Dieu undonneur de leçon soumettant la foi à l'épreuve, et d'Abraham un ratiocineur spéculant sur les intentions divines.

Lesens de la foi est d'être une obéissance sans condition, envers et contre les certitudes de l'homme éthique et au-delà de toute supputation.

L'Absolu est étranger à tout compromis entre foi et raison, foi et monde : Dieu estétranger à tout ce qui est mondain.

D'un point de vue objectif, sous l'angle du général et de la morale du stadeéthique, fidèle au devoir, la conduite d'Abraham paraît celle d'un meurtrier, même si le meurtre n'est pas accompli(cf.

formalisme kantien).

D'un point de vue moral, on dira d'Abraham qu'il a voulu tuer Isaac.

D'un point de vuereligieux, qu'il a voulu le sacrifier.

Morale et foi ne se superposent pas : la foi est passion de l'infini et la morale estraison du fini.

Cette exigence du devoir absolu envers Dieu prime sur la morale et en suspend la validité, ce queKierkegaard appelle la « suspension téléologique de la morale ».

L'homme qui, comme Abraham, opte pour la foi, parle rapport absolu avec l'Absolu répond à l'ordre divin au risque d'entrer en rupture avec les autres hommes et avecla morale.

Le religieux est le domaine de la solitude.

Celui qui a opté pour la foi est habité par les mêmesappréhensions qui animèrent Abraham durant son voyage vers la montagne du sacrifice.

La foi n'est pas la conditiondu bien-être et du bonheur mais incertitude, « Crainte et tremblement », condition terrible du Christ souffrant sa «Passion »… S'efforcer de devenir chrétien, c'est accepter d'être attisé par la tempête.

Toutes les tempêtes.

Au fondde cette solitude, de cette souffrance, nulle voix humaine.

Il n'y a guère que l'angoisse qui soit une certitude.

La foiest à la fois certitude angoissée et angoisse certaine d'elle-même.

Croire ou ne pas croire, telle que la question quepose Kierkegaard.

La foi est décision, incertitude inhérente au choix subjectif, vérité pour moi : « Il s'agit de trouverune vérité qui soit une pour moi, de trouver l'idée pour laquelle je veux vivre ou mourir ».

Puisque l'existence estdésespérée (le désespoir naît de l'excès ou du manque de possibilité qui s'offre au moi dans sa confrontation àl'être), la foi est une espérance désespérée envers celui à qui tout est possible: « Espérant contre toute espérance,il crut… » dit saint Paul d'Abraham, le Chevalier de la foi (« Epîtres aux romains ») Elle est un mouvement en vertude l'absurde, car c'est précisément lorsqu'il n'y a plus de raison de croire qu'elle prend tout son sens et sa valeur.C'est pourquoi la foi ne se prouve pas, elle s'éprouve dans l'épreuve sans que jamais on puisse savoir qu'il s'agit biend'une épreuve.

L'épreuve n'est rien d'autre que l'existence elle-même.

Et puisqu'il n'y a pas d'existence sanscroyance (en général), l'existence authentique est une croyance passionnée.

L'expérience religieuse est la passionde l'intériorité comprise comme tension irréductible entre doute &foi.

Alors que la théologie rationnelle tentait desurmonter le doute par une dialectique de la raison et de la foi, Kierkegaard place le doute au cœur de l'expériencereligieuse en opposant la raison et la foi.

La parole de Dieu elle-même s'évanouit dans le silence de l'intériorité.

La foine vit plus de la réitération publique de ses incarnations, elle perd la parole de Dieu elle-même s'évanouit dans lesilence de l'intériorité.

La foi ne vit plus de la réitération publique de ses incarnations, elle perd la parole pour faireplace au silence terrible où l'individu ne sait plus distinguer entre le commandement divin et l'intimité personnelle.C'est donc dans « la crainte et le tremblement » que la décision éthique trouvera son fondement.

Fondement sansfond… abîme de l'intériorité.

Mais le paradoxe ne s'arrête pas là.

Car une existence livrée à l'angoisse en recevraitencore la signification.

Kierkegaard rappelle que la foi est espérance.

La révélation chrétienne, distincte duspiritualisme païen, appréhende le sentiment de culpabilité comme la conscience d'une faute commise envers Dieu.. »

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