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Sören KIERKEGAARD (1813-1855): le sérieux de la mort

Publié le 27/03/2005

Extrait du document

kierkegaard
Le sérieux comprend que si la mort est une nuit, la vie est le jour, que si l'on peut travailler la nuit, on peut agir le jour, et comme le mot bref de la mort, l'appel concis, mais stimulant de la vie, c'est : aujourd'hui même. Car la mort envisagée dans le sérieux est une source d'énergie comme e autre; elle rend vigilant comme rien d'autre. La mort incite l'homme charnel à dire : « Mangeons et buvons, car demain nous mourrons. » Mais c'est là le lâche désir de vivre de la sensualité, ce méprisable ordre de choses où l'on vit pour manger et boire, et où l'on ne mange ni ne boit pour vivre. L'idée de la mort amène peut-être l'esprit plus profond à un sentiment d'impuissance où il succombe sans aucun ressort; mais à l'homme animé de sérieux, la pensée de la mort donne l'exacte vitesse à observer dans la vie, et elle lui indique le but où diriger sa course. Et nul arc ne saurait être tendu ni communiquer à la flèche sa vitesse comme la pensée de la mort stimule le vivant dont le sérieux tend l'énergie. Alors le sérieux s'empare de l'actuel aujourd'hui même; il ne dédaigne aucune tâche comme insignifiante; il n'écarte aucun moment comme trop court. Sören KIERKEGAARD (1813-1855)

QUESTIONNAIRE INDICATIF

 • A quoi la mort incite-t-elle « l'homme charnel « selon Kierkegaard ? Pourquoi condamne-t-il cette attitude?  • A quoi « l'idée de la mort « amène-t-elle « l'esprit plus profond « mais pas encore « animé de sérieux « ?  • A quoi mène « la pensée de la mort « par « l'homme animé de sérieux «?  — En quoi et pour qui « la mort stimule le vivant « ?  — Importance des notations comme « aujourd'hui même «, « s'empare de l'actuel aujourd'hui même «, « n'écarte aucun moment comme trop court «?  • Que veut faire apparaître Kierkegaard ?  • Qu'en pensez-vous ?

kierkegaard

« sérieux tend l'énergie.

Alors le sérieux s'empare de l'actuel aujourd'hui même ; il ne dédaigne aucune tâchecomme insignifiante ; il n'écarte aucun moment comme trop court.

» KIERKEGAARD Ordre des idées 1) Thèse centrale : La pensée de la mort nous fait prendre conscience de la valeur de la vie. 2) Trois degrés possibles dans cette prise de conscience.

Elle peut conduire à- une exaltation de la sensualité chez l'homme superficiel, « l'homme charnel » ;- un sentiment d'impuissance, chez un esprit « plus profond » ;- une appréciation de toute la valeur et du sens de la vie chez le « sérieux 3) Conclusion : le sérieux avec lequel nous envisageons la mort nous fait prendre avec sérieux la vie. KIERKEGAARD (Soeren-Aabye).

Né et mort à Copenhague (1813-1855).Sa vie fut très calme.

De faible santé, il fit des études de théologie à l'Université de sa ville natale, et passa sathèse de doctorat en 1841.

Mais il renonça à devenir pasteur.

Après quelque temps d'une vie de dissipation,survint un événement familial, sans doute le 19 mai 1838, que Kierkegaard appela « un tremblement de terre »,sur lequel aucun éclaircissement n'a été donné, et qui « obligea à une nouvelle et infaillible interprétation detous les phénomènes ».

Kierkegaard revient à la foi, se fiance à Régine Olsen, puis rompt ses fiançailles un anaprès.

« Celui qui combat pour l'existence suprême doit se priver des joies suprêmes de l'existence.

» D'octobre1841 à mai 1842, il fait un séjour à Berlin, où il retournera, pour peu de temps chaque fois, en 1843, 1845 et1846.

En 1848, il entra en lutte contre l'Église danoise, et particulièrement contre l'évêque Mynster.

Il mourut àl'hôpital.

Kierkegaard, dont Socrate et le Christ furent les deux maîtres à penser, pose, d'une part, que la véritéest dans la révélation du Christ, et, d'autre part, que « la subjectivité est la vérité».

Il se dresse contre Hegel,fait le procès de l'intellectualisme, nie que l'homme soit la mesure de toutes choses et entre en lutteirréductible contre l'Église.

La vérité chrétienne est devenue prisonnière de la chrétienté.

Être chrétien, c'estêtre martyr.

« Qu'est-ce que le chrétien? C'est, du commencement à la fin, un scandale, le scandale du divin.» La seule histoire véritable, c'est l'histoire sainte ; il faut redevenir le contemporain du Christ, effacer l'oeuvredes siècles qui se sont interposés.

Kierkegaard nie la toute-puissance de la conscience réflexive.

Ce qu'il fautéclairer, élucider, c'est la situation de l'homme dans le inonde.

Comme l'a dit un spécialiste de la philosophiekierkegaardienne, « la conscience n'est pas le critère de l'existence ; c'est l'existence dans son ensemble quiest le critère (le la conscience ».

Kierkegaard distingue trois stades de l'existence : le stade esthétique, oùl'homme, tel Don Juan, fait un absolu de sa jouissance et éternise l'instant présent ; mais le plaisir n'est en finde compte qu'un échec ; le stade éthique, d'où toute aspiration vers l'infini est absente, qui correspond à lamonotonie de ce bonheur conjugal que Kierkegaard a refusé, et qui tourne à « la grise intemporalité du devoir »; le stade religieux, qui assure la présence de l'éternité dans le temps, et qui est la vocation chrétienneproprement dite.

Sartre dira qu'il faut abandonner le sérieux pour atteindre au tragique.

L'ironie, ni l'humour, nesont absents de cette quête douloureuse que fut la vie de Kierkegaard.

Ce n'est vraiment qu'au XXe siècle qu'aété comprise l'immense importance de Kierkegaard, père de la philosophie existentielle.. »

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