Sublimation et surmoi (Freud)

La sublimation représentait l'espoir de Freud en ce qui touchait l'avenir créateur de l'humanité. Freud envisageait la sublimation comme le second terme d'une alternative dont la névrose était le premier; et certes, l'homme créateur avait toujours découvert ce choix quand la libido refoulée cherchait d'autres modes d'expression. Freud n'était ni assez fou ni assez simple pour suggérer que l'énergie refusée à la satisfaction sexuelle, et qui entrait dans la création des oeuvres d'art, constituait leur unique source; il ne prétendait pas non plus, ni pour lui-même ni pour autrui, que l'esprit d'investigation du savant, la faculté créatrice du sculpteur ou du peintre, l'imagination du poète ou du romancier, pouvaient totalement s'expliquer par ce mécanisme. Et certes, pour un homme qui avait toujours souligné la surdétermination dans l'origine des idées et du comportement humains, il eût été tout à fait illogique, aussi bien que manifestement insuffisant, d'élever cette prétention. Mais ce que Freud estimait, c'est que les plus hauts essors de l'esprit humain, dans le domaine de l'art créateur et de la science, tiraient leur élan, au niveau humain, des réserves d'énergie libidinale converties à leur usage.