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Suffit-il de devenir le maître de ses pensées pour l'être de ses sentiments ?

Publié le 07/01/2004

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A propos des passions, une des questions classiques de la philosophie est celle de la maîtrise de soi. Si je suis entièrement maître des pensées qui viennent directement de mon âme, comme ma volonté, comment faire pour être maître de celles qui sont l'effet de l'action des choses sur moi? L'action de l'âme, c'est-à-dire essentiellement la volonté, peut-elle étendre son contrôle et son pouvoir jusqu'aux émotions et aux passions?

« I – Inéluctabilité de l'instinct «Craig s'est livré à une série d'expériences avec des couples de colombes rieuses.

Il sépara le mâle de lafemelle pendant des périodes de plus en plus longues et vérifia expérimentalement quels étaient, après chaquepériode de privation, les objets qui suffisaient à déclencher la danse d'amour du mâle.

Quelques jours après ladisparition de la femelle de sa propre espèce, le mâle était près à courtiser une colombe blanche qu'il avait ignoréeauparavant.

Quelques jours de plus et il s'inclina et roucoula devant un pigeon empaillé, puis, devant un morceau detissu enroulé et finalement, après plusieurs semaines de solitude, il prit comme objet de son jeu d'amour le coin videde sa cage où la convergence des lignes offrait au moins un point de fixation optique.

Physiologiquement parlant,ces observations montrent que lorsqu'un comportement instinctif – en l'occurrence la danse d'amour – est arrêtépendant un temps prolongé, le seuil des stimuli qui le déclenchent, s'abaisse.

C'est un fait si général et qui seproduit avec une telle régularité que la sagesse populaire s'en est emparée depuis longtemps et l'exprime dans leproverbe : «Faute de grives on mange des merles.» Goethe fait dire à Méphisto : «Avec ce philtre dans les veines,tu verras bientôt Hélène dans chaque femme» ; or, si tu es un pigeon mâle, tu peux voir Hélène même dans untorchon ou dans le coin vide de ta prison. L'abaissement du seuil des stimuli déclencheurs peut, dans certains cas, s'approcher de zéro, c'est-à-direque le mouvement instinctif en question peut «partir» sans qu'il y ait aucun stimulus externe.

[...] Le refoulement d'un mouvement instinctif, produit par la suppression pendant un temps prolongé des stimuliqui le déclenchent, n'a pas comme seul résultat de rendre l'organisme plus disposé à réagir, il provoque destransformations beaucoup plus profondes qui l'affectent dans son ensemble.

En principe, tout véritable mouvementinstinctif auquel on refuse la possibilité d'une abréaction, ainsi que nous venons de le décrire, peut avoir pour effetde mettre l'animal tout entier dans un état d'agitation et de le faire rechercher des stimuli aptes à le déclencher.Cette recherche consiste dans le cas le plus simple à courir, voler ou nager à tort et à travers, mais peut, dans lescas les plus compliqués, inclure tous les comportements d'apprentissage ou d'insight (compréhension d'unesituation).

Wallace Craig l'appelle conduite d'appétence.

Faust ne reste pas tranquillement à attendre que lesfemmes viennent à lui.

Il risque, comme on le sait, pour gagner Hélène, cette descente non dépourvue de dangers,chez les Mères.» Konrad Lorenz, L'Agression · Nous voyons que nos pulsions, ou instincts, découlent selon l'éthologie d'un instinct.

Selon Konrad Lorenz, quatre grands instincts dominent les êtres vivants : la nutrition, la fuite, la reproduction et l'agression.

Les deuxpremiers participent directement de la survie de l'individu, le second permet la survie de l'espèce.

Le dernier,l'agression, participe indirectement de la survie des deux : pour l'individu, il faut bien se défendre lorsque la fuiteest impossible, et la protection de la progéniture par l'agression des prédateurs permet une meilleureperpétuation de l'espèce. · Nous voyons donc que certains comportements, ainsi en va-t-il aussi chez les humains, sont des ritualisations fixées qui permettent de réaliser un instinct.

On peut sans risque parier que la séduction humaineest une suite de rituels, possédant leur évolution propre, au service de l'instinct de reproduction. · Puisque les instincts ne peuvent être réprimés (comme le montre l'expérience de Craig), nous ne sommes pas maître de leur apparition, pas plus que de leur disparition (nous ne pouvons ni les créer ni les détruire).

De cepoint de vue, l'être humain est un vertébré comme un autre, dont la biologie peut retrouver la filiation parmi lesprimates, et l'éthologie retracer l'histoire des rituels guerriers et amoureux en remontant bien au-delà du singe. Transition : Cela signifie que nous ne sommes pas maîtres des sentiments qui découlent d'un instinct.

Pour autant, cela ne veut pas dire que l'amour n'est qu'un processus biochimique : cette explication de l'amour serait un faux-fuyant.

Ce que nous appelons amour, ce n'est pas un processus biochimique, mais ce qu'il produit en nous, ce quiest différent.

Nous n'avons pas vu cependant comment se passaient les confrontations entre instincts ou affectsrésultant de ces instincts. II – Les confrontations d'affects face à la raison. »

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