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Suffit-il d'être dans le présent pour vivre le présent ?

Publié le 05/02/2004

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B. L'être animalBien qu'il ne puisse comme moi nommer les éléments de son milieu, l'animal les « connaît » à sa manière : il est informé des dangers éventuels, de l'emplacement d'une proie, de la course à effectuer pour l'atteindre, etc. Ses actions sont des réactions à ce qui l'entoure ou aux besoins de son organisme, et elles ne peuvent être différées : l'animal est dans le présent au sens où il n'existe que relativement à ce qui lui est coprésent. C. La différence humaineIl est en fait très rare que je sois « dans le présent », si l'on donne à cette expression un sens strict : que je sois entièrement soumis à ce qui est là en même temps que moi, et que cela me détermine intégralement. Pour l'être humain, la conscience d'être au présent est mêlée de souvenirs, même vagues, et de prévisions, même imprécises : la temporalité est composée de trois instances qui sont en fait peu dissociables. II - Vivre le présent A. L'oubli du présentPascal souligne justement à quel point l'homme est en permanence tenté d'échapper au présent, soit qu'il évoque un passé paraissant plus satisfaisant, soit qu'il craigne ou au contraire désire ce qui peut advenir ensuite. Être authentiquement dans le présent implique en effet une sorte de passivité relativement à ce qui est là, et cette passivité semble peu compatible avec la nature même de la conscience. Ce qui, pour Pascal, signale une fuite, une ignorance plus ou moins volontaire de notre condition, peut également témoigner de notre incapacité à n'être que dans le présent.

Si nous avons conscience de vivre c'est que nous savons que nous sommes des êtres humains, que nous entretenons des rapports avec les choses constituant notre environnement et ce de manière contemporaine, c'est dire que nous sommes en présence de choses qui nous entourent et d'événements qui surviennent et se déroulent dans le temps.  Mais ce constat suffit-il pour déclarer que nous vivons au présent ? En premier lieu la notion même de temps dans laquelle s'inscrit le présent ne demande-t-elle, en pas à être réfléchie ? De plus pour comprendre ce que signifie vivre dans le temps en général et dans le temps présent en particulier n'est-il pas nécessaire de posséder une conscience ? Car sans cette conscience pourrions-nous saisir le sens de ce qui nous entoure, de ce qui constitue le monde, lequel ne se limite pas à une simple co-présence audit monde. Or, saisir le sens du monde - de nous même présents dans ce monde - ne suppose-t-il pas une sorte de mouvement de cette conscience ? Et, si oui, quel peut être le sens de ce mouvement ? Est-il justement un mouvement de mise à distance par rapport au présent faisant la différence entre la passivité du simple constat que nous sommes toujours dans le temps du présent et la quête d'un sens afin de donner toute sa signification à l'expression « vivre au présent « et pas seulement « être dans le présent « ?  Cependant et en dernière analyse, ceci ne nécessite-t-il pas d'interroger la différence entre vivre et exister, différence qui serait, peut-être, le lieu même d'un des problèmes que peut poser la question sur laquelle on nous propose de réfléchir ?

« III - Vivre le présent et vivre l'histoire A.

Le présent réfléchiVivre le présent, c'est lui trouver un sens.

Ce dernier n'est jamais donné.

Il suppose une activité de l'esprit, uneréflexion, des hypothèses, des choix.

On ne peut donc vivre le présent qu'en commençant par le mettre à distance,pour l'interroger et le comprendre. B.

Le présent n'est guère isolableRéfléchir (sur) le présent nécessite que l'on s'inquiète de sa source et des événements dont il résulte : il y a là uneouverture nécessaire sur l'histoire.

Lorsque Hegel affirme que être, c'est avoir été, il rappelle fondamentalement queles relations entre passé et présent apparent sont à la fois multiples et déterminantes.

Si je prétends être « enphase » avec ce qui m'est contemporain, je dois nécessairement m'informer des états antérieurs du monde — qu'ils'agisse de la politique, de l'art ou de la société.

Faute de quoi, tout reste incompréhensible. C.

Le sens du présent dépend du projetLe sens que je trouve au présent ne dépend pas seulement de ce qui fut ; il dépend au moins autant de ce qui sera,c'est-à-dire de mes voeux concernant ses transformations possibles, de mes projets.

On ne vit le présent qu'àcondition de le situer aussi par rapport au futur : c'est maintenant que je décide d'entreprendre ceci ou cela,d'orienter ma vie dans telle ou telle direction, de m'engager pour tel type de politique. La signification du passé est étroitement dépendante de monprojet présent.

Cela ne signifie nullement que je puis faire varierau gré de mes caprices le sens de mes actes antérieurs; mais,bien au contraire, que le projet fondamental que je suis décideabsolument de la signification que peut avoir pour moi et pour lesautres le passé que j'ai à être.

Moi seul en effet peux décider àchaque moment de la portée du passé: non pas en discutant, endélibérant et en appréciant en chaque cas l'importance de tel outel événement antérieur, mais en me « pro-jetant » vers mesbuts, je sauve le passé avec moi et je décide par l'action de sasignification.

Cette crise mystique de ma quinzième année, quidécidera si elle « a été » pur accident de puberté ou au contrairepremier signe d'une conversion future? Moi, selon que je déciderai- à vingt ans, à trente ans - de me convertir.

Le projet deconversion confère d'un seul coup à une crise d'adolescence lavaleur d'une prémonition que je n'avais pas prise au sérieux.

Quidécidera si le séjour en prison que j'ai fait, après un vol, a étéfructueux ou déplorable? Moi, selon que je renonce à voler ou queje m'endurcis.

Qui peut décider de la valeur d'enseignement d'unvoyage, de la sincérité d'un serment d'amour, de la pureté d'uneintention passée, etc.

? C'est moi, toujours moi, selon les fins parlesquelles je les éclaire. Conseils pratiques. • N'oubliez pas que Sartre dans toute son oeuvre, donne à voir l'univers de la liberté humaine.

Chez lui, j'existeet je suis libre se présentent comme deux propositions rigoureusement équivalentes.

Il y a, en un sens, identitéde l'existence et de la liberté.

Ce qui signifie que même le passé ne saurait se constituer comme un donnéopaque me gouvernant et régissant ma vie.

La liberté est ce pouvoir de rompre la chaîne infinie des causes etdes effets...

A moi de décider et de choisir... • Définir clairement les termes ou expressions importantes : ~ Passé : Il désigne, selon une définition générale, une dimension du temps écoulé, en tant qu'il n'est plus là etexprime une irréversibilité absolue.Chez Sartre, le passé se définit comme un « pour-soi noyé par l'en-soi », à savoir une manière d'être del'existant humain figée dans ce qui est, de manière stable.~ Projet : aspect de la conscience humaine, toujours en avant d'elle-même, vers l'avenir.~ Se projeter vers : se transcender, au-delà de soi-même, dans le monde, dans la temporalité, vers le futur.~ Projet fondamental : projet originel commandant nos déterminations particulières.

Choix par lequel chaquepersonne se fait personne.

Un choix unique de notre vie unifierait, en effet, nos choix particuliers et informeraittoutes nos actions et tous nos goûts.~ Projet présent : libre production de la fin, censée exister dans le moment où je parle.~ Signe : élément représentant ou symbolisant un élément futur.

Donné gros d'autre chose que lui-même.~ Fin : but vers lequel je tends. • Structure du texte :. »

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