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Suffit-il d'être différent des autres pour être soi-même ?

Publié le 16/01/2004

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Toute conscience rencontre autrui, l'Autre, une autre conscience de soi. Il n'y a, en fait, de véritable conscience de soi que moyennant le retour à soi à partir de cet « être-autre «. Autrement dit, la conscience de soi serait impossible dans un monde où autrui n'existerait pas. Si la conscience est mouvement et retour à soi-même à partir de l'être autre, elle ne peut d'abord l'être que par la négation de l'autre. Autrement dit, la relation à autrui se présente d'emblée comme une affaire de conflit. Le « moi « de l'enfant, par exemple, ne se forme-t-il pas en s'opposant au non-moi ? N'est-ce pas dans l'opposition à ses parents que l'enfant forge sa personnalité ? Toute conscience est désir de reconnaissance de soi et la satisfaction de ce désir ne peut advenir que moyennant la suppression de l'autre, en tant qu'être indépendant. Le premier mouvement du désir serait de détruire et de consommer l'objet. mais, dans cette expérience, je découvre que mon désir est conditionné par cet objet et que je suis donc dépendant de cet objet que j'avais, pourtant nié : « Le désir et la certitude de soi atteinte dans la satisfaction du désir sont conditionnés par l'objet ; en effet la satisfaction a lieu par la suppression de cet autre.
Etre soi-même, c'est ne pas pouvoir être remplacé par un autre, c'est être unique, et non interchangeable. Le "moi" ne peut s'affirmer qu'en se différenciant des autres. C'est cette différenciation qui permet d'accéder à la conscience de soi. MAIS, si autrui est un autre que moi, il est aussi en même temps mon semblable. Je ne peux être moi-même, cad me considérer comme un homme, que si, par-delà les différences, je me sens identique aux autres.

« » de l'enfant, par exemple, ne se forme-t-il pas en s'opposant au non-moi ? N'est-ce pas dans l'opposition à sesparents que l'enfant forge sa personnalité ? Toute conscience est désir de reconnaissance de soi et la satisfactionde ce désir ne peut advenir que moyennant la suppression de l'autre, en tant qu'être indépendant. Le premier mouvement du désir serait de détruire et de consommer l'objet.

mais, dans cette expérience, je découvreque mon désir est conditionné par cet objet et que je suis donc dépendant de cet objet que j'avais, pourtant nié :« Le désir et la certitude de soi atteinte dans la satisfaction du désir sont conditionnés par l'objet ; en effet lasatisfaction a lieu par la suppression de cet autre.

Pour que cette suppression soit, cet autre aussi doit être.

» Loin d'atteindre la satisfaction complète et définitive, je découvre que, la satisfaction obtenue, le désir renaît,marquant toujours davantage ma dépendance à l'égard de l'objet, de cet Autre que j'avais annihilé : « Laconscience de soi ne peut donc pas supprimer l'objet par son rapport négatif à lui ; par là elle le reproduit plutôtcomme elle reproduit le désir.

» Dans ce cercle infini et infernal du désir, c'est-à-dire de « ce retour alterné et monotone du désir et de sasatisfaction par laquelle le sujet retombe sans cesse en lui-même et sans supprimer la contradiction », laconscience découvre qu'elle ne peut se ressaisir que dans une autre conscience de soi.

La dialectique même dudésir le conduit à son propre dépassement : de la pure consommation de l'objet à l'intersubjectivité.

Le désir n'estplus seulement rapport égoïste de soi à soi, mais position de l'autre comme être indépendant et libre.

Je ne peux mereconnaître que si je reconnais l'autre et réciproquement : « L'opération est donc à double sens, non pas seulementen tant qu'elle est aussi bien une opération sur soi que sur l'autre, mais aussi en tant qu'elle est, dans sonindivisibilité, aussi bien l'opération de l'une des consciences de soi que de l'autre.

» Ce mouvement de la conscience de soi trouve une illustration dans la fameuse dialectique du Maître & de l'Esclave –dialectique qui peut se lire comme une reconstitution, sans caractère historique, du déroulement de l'histoire réelledes hommes. Le point de départ de cette dialectique, c'est que toute conscience est désir de reconnaissance, désir qui passed'abord par la négation de l'autre.

toute conscience poursuit la mort de l'autre, afin de se faire reconnaître et de sereconnaître elle-même au risque de sa propre vie, comme libre et indépendante de toute attache sensible : « C'estseulement par le risque de sa vie qu'on conserve la liberté, qu'on prouve que l'essence de la conscience de soi [...]n'est pas le mode immédiat dans lequel la conscience de soi surgit d'abord, n'est pas son enfoncement dansl'expansion de la vie.

» Autrement dit, il s'agit pour chaque conscience de se prouver qu'elle n'est pas de l'ordre de l'en-soi (mode del'existence des choses), pure immédiateté, mais qu'elle est seulement un pur être-pour-soi, une personne qui a unevaleur, une dignité : « L'individu qui n'a pas mis sa vie en jeu peut bien être reconnu comme personne, mais il n'apas atteint la vérité de cette reconnaissance comme reconnaissance d'une conscience de soi indépendante.

» A l'issue de cette lutte décisive pour la reconnaissance de soi, la conscience qui n'a pas eu peur de la mort, qui estallée jusqu'au bout dans le risque de la mort, prend la figure du Maître.

L'autre, qui a préféré la vie à la liberté, entredans le rapport de servitude.

L'Esclave n'est plus qu'un instrument aux mains du Maître qui l'a épargné.

Il a perdutoute dignité.

Mais, en travaillant, l'Esclave transforme le monde.

Il peut ainsi se reconnaître dans ce monde qui, parson travail transformateur, porte la marque de son intériorité.

Jouissant, de cette manière, de lui-même commed'une réalité extérieure, il accède alors à une certaine reconnaissance de soi et par là même à la dignité.

En outre,en transformant le monde, il crée quelque chose de stable et de durable en dehors de lui et se libère de l'angoissede la mort qui le liait au monde sensible et qui avait fait de lui un esclave.

En revanche, le Maître, se contentant deconsommer et de détruire les produits du travail de l'Esclave, affirme toujours davantage sa dépendance à l'égard dece dernier.

De plus, sa jouissance n'a aucune valeur de vérité, elle n'intéresse personne et ne lui permet donc pasd'accéder à la reconnaissance de soi. Certes, le Maître est reconnu par l'Esclave.

mais que vaut une telle reconnaissance, puisque l'Esclave n'est qu'unechose ? Quant à l'esclave, il lui suffit de se faire reconnaître par le Maître pour que s'établisse la reconnaissancemutuelle : « Ils se reconnaissent comme se reconnaissant mutuellement.

» La fin de cette dialectique marque la finde l'histoire, c'est-à-dire la fin des guerres, des luttes, des violences.

Hegel pensait que l'histoire prenait fin avec sa philosophie qui en avait découvert le sens...

Mais c'est une autre histoire ! NOTE SUR HEGEL ET LA FIN DE L'HISTOIRE: De même que la mort de l'art n'interdit pas la création d'oeuvres ultérieures, la fin de l'Histoire ne signifie pas qu'il n'y aura plus aucun événement possibles (révolutions, guerres,etc.) Mais, cela veut dire qu'à partir du moment où le sens de l'Histoire a été découvert (l'universelle liberté etrationalité du monde), plus rien ne peut aller au-delà car aucun principe en effet ne saurait dépasser la Liberté et laRaison, qui ne sont autres que la vie et la vérité de l'Esprit. On retiendra que toute conscience ne peut se poser qu'en s'opposant à ce qui n'est pas elle, mais que le conflitn'est qu'un moment qui, comme tel, est destiné à être dépassé.

Qu'il s'agisse du rapport entre deux consciences,entre les hommes, entre les peuples, les Etats, on pourrait certes s'opposer à l'optimisme de Hegel et affirmer que le conflit est le fondement constitutif de toute relation, et que, comme tel, il perdurera.

Mais il n'en demeure pasmoins qu'il n'y a de véritable reconnaissance de soi que lorsque les consciences se reconnaissent mutuellement etréciproquement comme consciences.

Ce qui vaut pour les relations intersubjectives (rapport du « moi » à autrui)vaut aussi pour les relations entre les hommes au sein d'une cité, entre les peuples, entre les Etats.

Telle est la. »

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