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Suffit-il d'être différent des autres pour être soi-même ?

Publié le 24/02/2004

Extrait du document

Le sujet se réfère à un lieu commun : le culte de l'originalité, prise comme fin en soi, dans l'affirmation de la personnalité. On peut aisément référer ce lieu commun à une interprétation individualiste où la recherche obsédante de la « différence « devient le critère essentiel de la conduite, et ce, quelles que soient les conséquences irrationnelles d'une telle attitude.  L'énoncé semble indiquer qu'en admettant une hypothèse comme valable, on doit tout de même s'interroger sur son caractère suffisant. En d'autres termes, le fait d'être différent des autres contribue-t-il au fait d'être soi-même ? Si oui, est-il suffisant ? Il s'agit donc d'apprécier la portée réelle, c'est-à-dire tout à la fois la valeur et les limites de l'affirmation de la différence.

Etre soi c'est être différent des autres. Aussi, faut-il au maximum se singulariser et se dissocier d'autrui. Toutefois, si autrui est un autre que moi, il est aussi mon semblable. A la fois, alter et ego. Je ne peux conquérir mon humanité et mon individualité qu'en me rapprochant des autres.

 

Introduction

  • I. Être soi-même en référence à autrui.

1.  Être soi-même, c'est être différent : le dandysme.

2.  Se démarquer d'autrui, c'est encore en subir l'influence.

3.  Être soi-même, c'est être indépendant des autres.

  • II.         Être soi-même dans la fidélité à un appel intérieur.

1.  L'impossible retour au naturel.

2.  Être soi-même, c'est unir la multiplicité des apports extérieurs.

3.  Devenir soi en suivant une nécessité intérieure.

  • III. Être soi-même à travers les autres.

1.  Être soi-même en réponse à un appel à l'universel.

2.  Être soi-même dans son unique vocation.

3.  C'est par autrui que je deviens moi-même.

Conclusion

 

« considère alors généralement que les personnes perdent leur individualité, tout comme on dit parfois d'unepersonne qu'elle n'a plus de personnalité.

Vous pouvez trouver un exemple extrême dans la logique des secteslorsque les individualités sont niées au profit d'un tout auquel il s'agit de se soumettre, tendant à réduire lesdifférences entre chaque personne.

C'est pourquoi on pourrait penser qu'être soi-même consiste à sedifférencier des autres, à revendiquer ses propres goûts, ses propres envies, ses propres désirs.

Vous pouvezvous demander si la vie en commun ne tend pas à faire que nous ne sommes plus nous-mêmes par une sorted'uniformisation.

Vous pouvez penser aux propos de Rousseau au début de la seconde partie du Discours surl'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes lorsqu'il aborde la question de la naissance de lasociété civile.

Il montre alors (vous pouvez consulter le texte intégral sous la rubrique « Textes » de l'espaceterminale) que la société nous fait passer de l'être au paraître et conduit à une forme d'aliénation dans laquelleles individus ne sont plus eux-mêmes mais soumis au regard des autres et à ce qu'on pourrait nommer demanière moderne, une pression sociale.

Analysez précisément le texte et citez-le.

Il s'agirait alors de penserqu'on n'est soi-même que par différence ou que par un processus de différenciation des autres.

Il faudrait dèslors se demander ce qu'être soi-même signifie.

Que peut bien signifier cette individualité que nous pourrionsrevendiquer par différence ? En d'autres termes, ne sommes-nous pas toujours en représentation ? L'idée d'uneindividualité, d'une identité que nous pourrions définir n'est-elle pas illusoire ? Ici, vous pouvez vous reporteraux analyses de Hume indiquées plus bas.

Le soi n'est-il pas toujours affaire de représentation ? [ Être soi-même, c'est ne pas se réduire à n'être que l'élément typé d'une catégorie.

Il faut, pour cela,être différent.

Pour être soi-même, il faut être un sujet indépendant et irréductible.

Le «moi» ne peuts'affirmer qu'en se différenciant des autres.

C'est cette différenciation qui permet d'accéder à la conscience de soi.] Être soi-même, c'est être conscient de soi de sa différenceL'avènement de la conscience de soi et la reconnaissance de l'autre comme différent sont deux aspects d'unmême processus spirituel.

Dans le contexte social - et celui-ci est constitutif de l'existence humaine - le«moi» ne peut s'affirmer qu'en affirmant sa différence par rapport aux «autres». Être soi-même, c'est être une personneLa conscience d'être une personne vient essentiellement du sentiment d'être différent des autres.

D'ailleurs,selon Émile Durkheim, c'est au terme d'une évolution sociale qui instaure la division du travail et individualise lerôle de chacun dans la production que tout homme devient capable de se sentir une personne. Être soi-même, c'est être uniqueAu sens strict, la personne, c'est le sujet singulier, unique.

C'est ce que montre Marcel Mauss, dans sesanalyses sur les Esquimaux, en insistant sur l'importance du nom dans le sentiment d'être soi-même.

Tous lesEsquimaux qui portent le même nom se considèrent, paraît-il, comme à peu près interchangeables.

Ce quisingularise l'individu dans le groupe, c'est la différenciation des fonctions. [Être différent ne suffit pas.

Être soi-même, c'est aussi être un homme semblable à tous les autreshommes.

Pour être moi-même, il faut que je sois différent des autres, mais il faut aussi que je leurressemble.

Chacun est une individualité originale, mais, pour être une personne, il faut être semblable aux autres.] Être soi-même, c'est être conscient de soiOr, être conscient de soi, c'est être conscient de soi comme homme.

Pour être conscient de soi commehomme, il faut avoir été reconnu comme tel par un autre homme.

Donc, pour être soi-même, il faut d'abordêtre comme l'autre, et ce n'est qu'ensuite que l'on peut s'en différencier. Je ne suis qu'un élément dans un ensembleLorsque je m'interroge sur mon être propre, je m'aperçois que je me réduis facilement à n'être que l'élémentd'une catégorie.

L'orgueil de famille, de caste ou de patrie n'est rien d'autre que l'affirmation qu'être soi-même, c'est d'abord appartenir à un groupe et se définir comme ayant, avec les autres et comme eux, lesqualités dont le groupe se targue.

Pour être soi-même, il faut alors être comme les autres.. »

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