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Suffit-il d'obéir aux lois pour être juste ?

Publié le 08/01/2004

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La loi est très diverse. Elle peut être positive, c’est-à-dire être écrite et concernant tout un peuple ; elle peut être naturelle, c’est-a-dire précéder toute loi écrite, elle peut être morale ou divine. Obéir à ces différentes lois semble être nécessaire pour être juste. Mais est-ce la seule condition à la justice ? Ne doit-on pas penser que d’autres conditions existent ? Etre juste, est-ce forcément obéir à la loi ou peut-on le définir autrement ? Doit-on penser qu’on est juste toujours relativement à une loi ? Peut-on être juste absolument ou doit-on faire le choix de la loi à laquelle on va obéir et donc vis-à-vis de laquelle on sera juste ?

« « Homo homini Lupus ».

La formule donne lieu à des contresens: on oublie que Hobbes commence par « Homo hominiDeus » ; on croit que les rapports d'hostilité entre les cités et entre les hommes sont dus au loup qui sommeille enchacun.

Or, dans l'analyse de l'état de guerre, la bestialité est conséquence et non cause: autant les armeshumaines surpassent celles des bêtes, « autant l'homme surpasse en rapacité et en fureur les loups, les ours et lesserpents (dont la rapacité ne va pas au-delà de la faim et qui ne s'abandonnent à la fureur que si l'on les irrite), luiqui a faim même de la faim future » (DH, 10, 3).

La vie de l'homme est bestiale (brutish, Lev, 13) parce que lesconflits et l'insécurité risquent de détruire la civilisation et l'humanité même de l'homme.Le point de départ est un lieu commun de la tradition républicaine : les rois sont des fauves pour leurs peuples.

Aulieu de tenir un discours rassurant, de distinguer le bon roi et le tyran, Hobbes note que toute cité est un fauvepour ses ennemis.

La partialité de l'un vaut celle de l'autre : celui qui veut détruire le peuple romain est aussi sage(ou aussi inique) que le peuple qui dénonce le despotisme.Après avoir rétabli l'équilibre entre les rois et les peuples, on équilibre une comparaison par une autre : l'homme estaussi un Dieu.

Selon Aristote, l'homme, en dehors de la cité, est bestial ou divin.

En disant que les citoyens sont desdieux les uns pour les autres, on suggère que le citoyen passe l'homme : la cité n'est un fait naturel mais l'effet d'unartifice par lequel on accède à la ressemblance de Dieu.

La comparaison avec le loup cesse d'être une injure : ledroit naturel recommande de se protéger par les vertus de la guerre.Dans le « Leviathan », les comparaisons sont transformées : dans la description de l'état de guerre, Hobbes évite decomparer les vertus de la guerre, la force et la ruse, à la rapacité des bêtes (Lev, 13, 126); la république n'est plusloup pour ses ennemis mais « Léviathan », un crocodile monstrueux; enfin la ressemblance avec Dieu vaut pour lesindividus qui créent la république (introduction, 6) et ensuite pour le Dieu mortel, le souverain qui assure la paix et lasécurité (17, 178). b) Les lois issues du droit positif se révèlent donc nécessairesIl faut donc contraindre les hommes à être justes en les faisant devenir justes.

D'où le rôle préventif et répressif deslois qui ordonnent à l'homme, par une contrainte extérieure, de ne pas menacer les droits d'autrui.

La loi civileimpose ainsi à tous les hommes une conduite rendant possible « l'harmonie des libertés » (Kant) et en premier lieu lasécurité. c) Suffisance de ces lois. Ces lois suffiraient puisqu'il n'y aurait aucun autre moyen pour rendre l'homme juste.

Toute la justice viendrait doncdes seules lois de l'État et leur obéir ferait de nous des hommes justes soucieux d'autrui.Transition : Ainsi et en apparence, il suffit d'obéir aux lois civiles pour être juste.

Cependant, certaines lois serévèlent injustes et on ne peut que se demander si leur obéir ne nous rendrait pas plutôt injustes.

De plus, lapossibilité de juger qu'une loi est injuste ne prouve-t-elle pas que l'homme dispose d'une faculté le rendant capablede déterminer le juste? 2) Inutilité des lois et suffisance de la morale pour réaliser la justice. a) L'homme aurait une conscience morale lui permettant d'être juste par lui-même: On peut poser l'idée d'un homme doué de moralité, à comprendre comme un don inné - « instinct divin », «jugeinfaillible » selon Rousseau, «loi morale en moi » selon Kant - lui permettant de distinguer le bien du mal dèsl'enfance : Kant prend l'exemple d'un enfant qui saurait spontanément que ne pas rendre un héritage à sonpropriétaire serait injuste. "Conscience ! conscience ! instinct divin, immortelle et célestevoix ; guide assuré d'un être ignorant et borné, mais intelligent etlibre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rends l'hommesemblable à Dieu, c'est toi qui fais l'excellence de sa nature et lamoralité de ses actions ; sans toi je ne sens rien en moi quim'élève au-dessus des bêtes, que le triste privilège de m'égarerd'erreurs en erreurs à l'aide d'un entendement sans règle et d'uneraison sans principe.Grâce au ciel, nous voilà délivrés de tout cet effrayant appareil dephilosophie : nous pouvons être hommes sans être savants ;dispensés de consumer notre vie à l'étude de la morale, nousavons à moindres frais un guide plus assuré dans ce dédaleimmense des opinions humaines.

Mais ce n'est pas assez que ceguide existe, il faut savoir le reconnaître et le suivre.

S'il parle àtous les coeurs, pourquoi donc y en a-t-il si peu qui l'entendent ?Eh ! c'est qu'il parle la langue de la nature que tout nous a faitoublier.

La conscience est timide, elle aime la retraite et la paix ;le monde et le bruit l'épouvantent ; les préjugés dont on l'a faitnaître sont ses plus cruels ennemis [...], le fanatisme ose lacontrefaire et dicter le crime en son nom." ROUSSEAU. »

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