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Suis-je le mieux placé pour me connaître ?

Publié le 10/01/2004

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Toutefois, ma subjectivité n'est-elle pas un obstacle à une connaissance objective de moi-même ? Quand je prétends me connaître, ne suis-je pas, au fond, de mauvaise foi ? Et s'il m'arrive de reconnaître tel ou tel défaut que j'ai, n'est-ce pas par complaisance ou pour le nier par cet acte même de sincérité ? En outre, à supposer que je m'efforce d'être le plus objectif possible, la simple conscience immédiate que j'ai de moi-même n'est-elle pas illusoire ?Nietzsche a su prendre la mesure de la difficulté. Dans Le Gai Savoir, il écrit « Combien de gens savent-ils observer ? Et, dans le petit nombre qui savent, combien s'observent-ils eux-mêmes ? "Nul n'est plus que soi-même étranger à soi-même ", (...) c'est ce que n'ignore, à son grand déplaisir aucun sondeur de l'âme humaine; la maxime "Connais-toi toi-même" prend dans la bouche d'un dieu, et adressée aux hommes, l'accent d'une féroce plaisanterie » (§ 335, trad. A.

« Les autres me connaissent superficiellementLes autres ne voient de moi qu'une façade, le moi social.

Leur point de vue sur moi est toujours celui d'une extériorité.

Chacun àconscience de lui-même, la connaissance d'autrui nous échappe comme le montre le solipsisme. Le solipsisme Du latin solus, "seul", ipse, "moi-même", le solipsisme est le point limite de l'idéalisme métaphysique : il définit une attitude du sujet pour lequel rien n'existe en dehors de sa conscience.

Tout se passe dans la solitude du moi : je suis seul dans ma tête et nepuis entrer dans la conscience d'autrui.

Dans cette perspective, les autres se réduisent à n'être que de pures fictions créées par monesprit.Pour le solipsisme • Descartes , découvrant le cogito, aboutit à une unique certitude après le doute : la seule existence de son être pensant.

Quant à l'existence des choses et à celle d'autres consciences, elle n'est pas encore avérée et fait problème.

Nous ne pourrions imaginerautrui que par le subterfuge d'un raisonnement par analogie.

La conscience d'autrui découlerait ainsi de la conscience de soi.• Leibniz imagina aussi un monde d'esprits qu'il nomme monades et dont aucune n'aurait de "fenêtre" sur le dehors du monde.La question du solipsisme de l'apprentissage ne peut pas être pertinente dans la mesure où tout apprentissage suppose un médium, que ce soit un livre, un disque, un objet.

Dès lors on n'est plus seul, le travail se fait donc avec l'aide d'un médiateur.

Car on ne peutrestreindre le terme « autres » à sa signification la plus élémentaire, c'est-à-dire un maître, ou encore un parent.« Le professeur ne doit pas apprendre des pensées [...] mais à penser.

Il ne doit pas porter l'élève mais le guider, si l'on veut qu'àl'avenir il soit capable de marcher de lui-même.

» Kant, Propos de pédagogie . Ainsi, en élargissant le contenu du mot on observe qu'il peut tout aussi bien désigner un travail qui a été fait par un autre.

Apprendreuniquement dans les livres, c'est faire appel au savoir de ceux qui les ont écrits et c'est donc apprendre avec l'aide des autres.

Danstous les cas l'apprentissage suppose l'autre. Même ceux qui me sont le plus proches ne peuvent me connaître que partiellement.

Tandis que je suis avec moi-même à tout momentde mon existence.

Je connais mes pensées et mes sentiments intimes, mes qualités et mes défauts, j'ai en mémoire la totalité de mesactes et de ma vie.

Ce qui fait l'originalité du rapport de la conscience à elle-même, c'est l'immédiateté.

Nul intermédiaire, nullemédiation, la conscience se donne immédiatement.

Pour Descartes, la vérité se saisit dans le présent et plus précisément dans l'instant.En effet, c'est au moment où je prononce « je suis, j'existe » que cette proposition est vraie.

C'est dans l'instant où elle se donne que jel'éprouve dans sa vérité.

Le présent est la seule chose qui échappe au doute.

Il se distingue du passé qui, en tant qu'il suppose lamémoire, dépend de la fiabilité de cette dernière et de la reconstruction qu'elle implique.

Seul, le présent est ce qui peut signifier cetteimmédiateté.

Le présent est le temps de la vérité de la conscience. Je peux me connaîtreConnais-toi toi même disait Socrate.

La connaissance de soi est bien possible, pourvu que l'on accepte de jeter sur soi même un regardfranc et sans complaisance.

Même les aspects inconscients qui nous échappent d'abord peuvent être éclairés moyennant un effort un peusoutenu de notre attention.

Pour peu que je le veuille, je peux me connaître de part en part.

Ce qui est présent dans la conscience sembledirectement accessible.

Un simple regard, une simple introspection suffisent.

De plus, le sens de ce qui est présent dans ma conscience est là en sa totalité.

Avec la conscience, on est donc de plain-pied dans la signification.

Bref, la conscience est transparente à elle-même.Et ce qui se présenterait comme une zone d'ombre ne serait que la conséquence de l'inattention ou d'une attention insuffisante.

En cela lerapport de la conscience avec elle-même diffère de son rapport avec l'objet.L'objet est une zone d'opacité pour la conscience.

Quand je m'engage dans la connaissance du monde extérieur, je quitte le domaine dela certitude.Seule la transparence de la conscience avec elle-même ouvre la sphère de la certitude.

Autrement dit, je lis dans ma conscience à livreouvert.

La certitude n'est jamais que l'adhésion de la conscience à une vérité reconnue par elle avec évidence comme telle. Connais-toi toi même Il ne s'agit pas pour Socrate de se livrer à une investigation psychologique, mais d'acquérir la science des valeursque l'homme porte en lui.

Cette science importe essentiellement — bien avant de connaître la nature ou lesdieux.

Comment conduire sa vie pour être heureux ; voilà la question qui hante tous les hommes.

L'opinion,confortée en cela par les sophistes, identifie le bonheur à la jouissance, au pouvoir, à la fortune, à la beauté.Sans doute tout cela n'est-il pas négligeable, mais ce sont là des biens équivoques qui peuvent nous être utiles,ou nous nuire selon les circonstances, l'usage qui en est fait.

Pour qu'ils deviennent utiles, il faut que noussachions nous en servir et si l'homme agit toujours en vue de son bien propre, il peut se tromper sur sadéfinition.

Si nul n'est méchant volontairement, c'est d'abord parce que nul ne veut consciemment se nuire à lui-même et donc ce n'est que par accident que la conduite qu'il adopte peut éventuellement s'avérer mauvaise.

Paraccident, non volontairement, il faut entendre par là par ignorance : si je ne connais pas la hiérarchie des biens,je serai nécessairement malheureux.

Par exemple, celui qui consacre son existence à acquérir la richesse, enviendra naturellement à nuire à autrui, donc il s'exposera à la rigueur de la loi ; de plus c'est là un bien quidépend en large partie du hasard et qui peut échapper à tout instant.

Il est donc inconcevable que sachant toutcela on puisse vouloir agir de la sorte.

C'est la science qui détermine l'action, elle ne peut être vaincue par les passions, seulement par l'ignorance.Le primat donné à la science explique les railleries dont Socrate accable aussi bien les institutions, en particulier le tirage au sort desmagistrats, que l'inspiration qui permettrait à certains de bien agir par une sorte d'illumination.Faisant confiance au savoir et pensant que tous les hommes — fut-ce l'esclave — portent en eux le germe de ce savoir, c'est une visiondélibérément optimiste que Socrate offre de l'humanité. Je suis un sujet, pas un objet de connaissance« La subjectivité est la vérité», dit Kierkegaard dans Post-scriptum aux Miettes philosophiques.

Je ne peux connaître que de l'intérieur.

Jesuis ainsi le mieux placé pour savoir ce que je suis et quelle est ma place dans le monde.

Et, puisque je suis libre, personne, sauf moi, nepeut prétendre savoir comment je vais agir ou penser.. »

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