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Suis-je le mieux placé pour savoir qui je suis ?

Publié le 09/01/2004

Extrait du document

L'énoncé un peu vague du sujet invite à une formulation plus précise de la ou des problématiques en jeu. On peut se demander ce qu'est la connaissance de soi en posant le problème de l'introspection, et si autrui n'est pas mieux placé que moi pour me connaître dans la mesure où ma subjectivité nuirait à l'objectivité de ma propre connaissance de moi-même. Inversement, autrui dans son objectivité peut-il réellement me connaître en tant que conscience, c'est-à-dire en tant que subjectivité ? Quant à nous, nous nous bornerons à traiter ici de la question du rapport entre la conscience de soi et la connaissance de soi. En effet, du point de vue de la connaissance de soi (« savoir ce que je suis «), ce qui me distingue de toute autre personne (ce qui me « place « dans une situation unique par rapport à elles), c'est que je suis le seul à être conscient de moi : seul « je « suis conscient d'être « je «. La question est ainsi de savoir dans quelle mesure la conscience de soi est connaissance de soi.

  • I) Je suis le mieux placé pour savoir qui je suis.

a) Les autres me connaissent partiellement. b) Je peux me connaître parfaitement par l'introspection. c) Je suis un sujet, pas un objet de connaissance.

  • II) Je ne suis pas le mieux placé pour savoir qui je suis.

a) Une vie ne suffit pas pour se connaître. b) Notre inconscient nous échappe. c) La connaissance que nous avons de nous-même est partiale et partielle.

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« Connais-toi toi même Il ne s'agit pas pour Socrate de se livrer à une investigation psychologique, mais d'acquérir la sciencedes valeurs que l'homme porte en lui.

Cette science importe essentiellement — bien avant de connaîtrela nature ou les dieux.

Comment conduire sa vie pour être heureux ; voilà la question qui hante tousles hommes.

L'opinion, confortée en cela par les sophistes, identifie le bonheur à la jouissance, aupouvoir, à la fortune, à la beauté.

Sans doute tout cela n'est-il pas négligeable, mais ce sont là desbiens équivoques qui peuvent nous être utiles, ou nous nuire selon les circonstances, l'usage qui en estfait.

Pour qu'ils deviennent utiles, il faut que nous sachions nous en servir et si l'homme agit toujoursen vue de son bien propre, il peut se tromper sur sa définition.

Si nul n'est méchant volontairement,c'est d'abord parce que nul ne veut consciemment se nuire à lui-même et donc ce n'est que paraccident que la conduite qu'il adopte peut éventuellement s'avérer mauvaise.

Par accident, nonvolontairement, il faut entendre par là par ignorance : si je ne connais pas la hiérarchie des biens, jeserai nécessairement malheureux.

Par exemple, celui qui consacre son existence à acquérir la richesse,en viendra naturellement à nuire à autrui, donc il s'exposera à la rigueur de la loi ; de plus c'est là unbien qui dépend en large partie du hasard et qui peut échapper à tout instant.

Il est donc inconcevableque sachant tout cela on puisse vouloir agir de la sorte.

C'est la science qui détermine l'action, elle nepeut être vaincue par les passions, seulement par l'ignorance.Le primat donné à la science explique les railleries dont Socrate accable aussi bien les institutions, enparticulier le tirage au sort des magistrats, que l'inspiration qui permettrait à certains de bien agir parune sorte d'illumination.Faisant confiance au savoir et pensant que tous les hommes — fut-ce l'esclave — portent en eux legerme de ce savoir, c'est une vision délibérément optimiste que Socrate offre de l'humanité. Je suis un sujet, pas un objet de connaissance« La subjectivité est la vérité», dit Kierkegaard dans Post-scriptum aux Miettes philosophiques.

Je ne peux connaître que de l'intérieur.

Jesuis ainsi le mieux placé pour savoir ce que je suis et quelle est ma place dans le monde.

Et, puisque je suis libre, personne, sauf moi, nepeut prétendre savoir comment je vais agir ou penser.

[Une partie de moi-même m'échappe.

Je peux ne pas être conscient de certains aspects de mon caractère.

D'autres, plus expérimentésou objectifs que moi, peuvent savoir mieux que moi-même comment je fonctionne.] Notre inconscient sous échappeFreud souligne qu'une ne partie de notre psychisme est inconsciente et peut donc nous rester inconnue.Le moi n'est pas maître dans sa propre maison.

Nous pouvons par exemple refouler certainssentiments dérangeants ou agir de manière totalement insensée.

Un psychanalyste perspicace,connaissant les ressorts de l'âme humaine, interprétera cependant nos actes, nos pensées, et nous enrévélera le sens caché.

Aussi, pouvons-nous dire que nous ne sommes pas les mieux placés pour nousconnaître. Freud va être amené à concevoir que bon nombre de maladies, mais aussi d'actes quotidiens s'expliquent si l'on admet l'hypothèse de l'inconscient.

Il y aurait en nous u « réservoir » de forces et de désirs (ou pulsions) dont nous n'aurions pas conscience, mais qui agiraient sur nous..

Pourle dire brutalement, en ce sens, l'homme n'agirait pas (ne choisirait pas ses actes e toute connaissancede cause, dans la clarté), mais serait agi (c'est-à-dire subirait, malgré lui, des forces le contraignant àagir) : il ne serait pas « maître dans sa propre maison », il ne serait pas maître de lui. Empruntons à Freud un exemple simple.

Un président de séance, à l'ouverture dit « Je déclare la séance fermée » au lieu de dire « Je déclare la séance ouverte ».

Personne ne peut se méprendre sur ses sentiments ; il préférerait ne pas être là.

Mais ce désir (ne pas assister au colloque) ne peuts'exprimer directement, car il heurterait la politesse, les obligations sociales, professionnelles, moralesdu sujet.

Notre président subit donc deux forces contraires : l'une parfaitement en accord avec lesobligations conscientes, l'autre qui ne l'est pas et qui ne peut s'exprimer directement, ouvertement.

Ily a donc conflit, au sein du même homme, entre un désir conscient, conforme aux normes morales et un autre désir plus « gênant ».

Or, dans notre exemple, ce second désir, malgré la volonté de politesse du président, parvient à s'exprimer, mais de façon détournée, anodine : on dira que « sa langue a fourché ». Ici, l'exemple est simple dans la mesure où le président a sans doute parfaitement conscience qu'il ne veut pas être là.

Mais dans bonnombre de cas, quand ma langue fourche, je ne sais pas pourquoi, c'est-à-dire que j'ignore moi-même ce qui me pousse à dire tel motplutôt qu'un autre.

Or pour Freud le cas est exactement identique et s'interprète de même, comme le conflit entre deux désirs dont l'un est gênant et peut être ignoré par le sujet.

Il n'y a pas d'actes innocents ou anodins.

Tous sont révélateurs d'un affrontement en moi dedeux forces. L'hypothèse Freud ienne de l'inconscient revient à dire que bon nombre d'actes « normaux » (oubli, actes manqués, rêves), mais aussi « maladifs », pathologiques (névroses, psychoses, obsessions) s'expliquent en gros selon le même schéma.

L'individu subirait un conflit psychique (dans son âme), conflit parfois extrêmement violent entre les normes conscientes (morales, esthétiques, sociales) et des désirsqui bousculent et négligent ces règles.

Ce second groupe de désirs, le sujet les trouverait, s'il en avait conscience, tellement monstrueux,qu'ils ne peuvent parvenir à la conscience que sous une forme voilée, déformée, indirecte : le lapsus, le rêve, ou le symptôme maladif. Le symptôme est donc un compromis entre le désir inconscient et inavouable que je subis, et les normes conscientes et morales quej'accepte.

« Le moi n'est pas maître dans sa propre maison » signifie que je n'ai pas conscience et que je ne maîtrise pas, ne contrôle pas une bonne part de ce qui se passe en moi-même, ce conflit, ce symptôme. L'hypothèse de l'inconscient est donc qu'une bonne partie de ce qui se passe en moi (dans mon âme, ma psyché) ne m'est pas connu,m'échappe, et cependant influe sur moi.

C'est ainsi qu'il faut comprendre notre passage : la psychanalyse se propose de « montrer au moi qu'il n'est seulement pas maître dans sa propre maison, qu'il en est réduit à se contenter de renseignements vagues etfragmentaires sur ce qui se passe, en dehors de sa conscience, dans sa vie psychique ».

La plupart des choses qui se passent dans l'âme échappent à la conscience. Pour Freud , o a surestimé le rôle de la conscience dans la vie de l'âme, et ainsi on s'est privé des moyens :. »

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