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Suis-je le mieux placé pour savoir qui je suis ?

Publié le 27/02/2004

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Personne ne peut se  méprendre sur ses sentiments ; il préférerait ne pas être là. Mais ce désir (ne pas assister au colloque) ne peut s'exprimer directement, car il heurterait la politesse, les obligations sociales, professionnelles, morales du  sujet. Notre président subit donc deux forces contraires : l'une parfaitement en accord avec les obligations conscientes, l'autre qui ne l'est pas et qui ne  peut s'exprimer  directement, ouvertement. Il y a donc conflit, au sein du même homme, entre un désir conscient, conforme aux normes morales et un autre désir plus « gênant ». Or, dans notre exemple, ce second désir, malgré la volonté de politesse du président, parvient à s'exprimer, mais de façon détournée, anodine : on dira que « sa langue a fourché ». Ici, l'exemple est simple dans la mesure où le président a sans doute parfaitement conscience qu'il ne veut pas être là. Mais dans bon nombre de cas, quand ma langue fourche, je ne sais pas pourquoi, c'est-à-dire que j'ignore moi-même ce qui me pousse à dire tel mot plutôt qu'un autre. Or pour Freud le cas est exactement identique et s'interprète de même, comme le conflit entre deux désirs dont l'un est gênant et peut être ignoré par le sujet. Il n'y a pas d'actes innocents ou anodins. Tous sont révélateurs d'un affrontement en moi de deux forces.

« moi-même à tout moment de mon existence.

Je connais mes pensées et mes sentiments intimes, mes qualitéset mes défauts, j'ai en mémoire la totalité de mes actes et de ma vie.

Ce qui fait l'originalité du rapport de laconscience à elle-même, c'est l'immédiateté.

Nul intermédiaire, nulle médiation, la conscience se donneimmédiatement.

Pour Descartes, la vérité se saisit dans le présent et plus précisément dans l'instant.

En effet,c'est au moment où je prononce « je suis, j'existe » que cette proposition est vraie.

C'est dans l'instant oùelle se donne que je l'éprouve dans sa vérité.

Le présent est la seule chose qui échappe au doute.

Il sedistingue du passé qui, en tant qu'il suppose la mémoire, dépend de la fiabilité de cette dernière et de lareconstruction qu'elle implique.

Seul, le présent est ce qui peut signifier cette immédiateté.

Le présent est letemps de la vérité de la conscience. Je peux me connaîtreConnais-toi toi même disait Socrate.

La connaissance de soi est bien possible, pourvu que l'on accepte dejeter sur soi même un regard franc et sans complaisance.

Même les aspects inconscients qui nous échappentd'abord peuvent être éclairés moyennant un effort un peu soutenu de notre attention.

Pour peu que je leveuille, je peux me connaître de part en part.

Ce qui est présent dans la conscience semble directementaccessible.

Un simple regard, une simple introspection suffisent.

De plus, le sens de ce qui est présent dans ma conscience est là en sa totalité.

Avec la conscience, on est donc de plain-pied dans la signification.

Bref,la conscience est transparente à elle-même.

Et ce qui se présenterait comme une zone d'ombre ne serait quela conséquence de l'inattention ou d'une attention insuffisante.

En cela le rapport de la conscience avec elle-même diffère de son rapport avec l'objet.L'objet est une zone d'opacité pour la conscience.

Quand je m'engage dans la connaissance du mondeextérieur, je quitte le domaine de la certitude.Seule la transparence de la conscience avec elle-même ouvre la sphère de la certitude.

Autrement dit, je lisdans ma conscience à livre ouvert.

La certitude n'est jamais que l'adhésion de la conscience à une véritéreconnue par elle avec évidence comme telle. Connais-toi toi même Il ne s'agit pas pour Socrate de se livrer à une investigationpsychologique, mais d'acquérir la science des valeurs que l'homme porteen lui.

Cette science importe essentiellement — bien avant de connaîtrela nature ou les dieux.

Comment conduire sa vie pour être heureux ;voilà la question qui hante tous les hommes.

L'opinion, confortée encela par les sophistes, identifie le bonheur à la jouissance, au pouvoir, àla fortune, à la beauté.

Sans doute tout cela n'est-il pas négligeable,mais ce sont là des biens équivoques qui peuvent nous être utiles, ounous nuire selon les circonstances, l'usage qui en est fait.

Pour qu'ilsdeviennent utiles, il faut que nous sachions nous en servir et si l'hommeagit toujours en vue de son bien propre, il peut se tromper sur sadéfinition.

Si nul n'est méchant volontairement, c'est d'abord parce quenul ne veut consciemment se nuire à lui-même et donc ce n'est que paraccident que la conduite qu'il adopte peut éventuellement s'avérermauvaise.

Par accident, non volontairement, il faut entendre par là parignorance : si je ne connais pas la hiérarchie des biens, je serainécessairement malheureux.

Par exemple, celui qui consacre sonexistence à acquérir la richesse, en viendra naturellement à nuire àautrui, donc il s'exposera à la rigueur de la loi ; de plus c'est là un bienqui dépend en large partie du hasard et qui peut échapper à toutinstant.

Il est donc inconcevable que sachant tout cela on puisse vouloir agir de la sorte.

C'est la science quidétermine l'action, elle ne peut être vaincue par les passions, seulement par l'ignorance.Le primat donné à la science explique les railleries dont Socrate accable aussi bien les institutions, enparticulier le tirage au sort des magistrats, que l'inspiration qui permettrait à certains de bien agir par unesorte d'illumination.Faisant confiance au savoir et pensant que tous les hommes — fut-ce l'esclave — portent en eux le germe dece savoir, c'est une vision délibérément optimiste que Socrate offre de l'humanité. Je suis un sujet, pas un objet de connaissance« La subjectivité est la vérité», dit Kierkegaard dans Post-scriptum aux Miettes philosophiques.

Je ne peuxconnaître que de l'intérieur.

Je suis ainsi le mieux placé pour savoir ce que je suis et quelle est ma place dansle monde.

Et, puisque je suis libre, personne, sauf moi, ne peut prétendre savoir comment je vais agir oupenser.. »

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