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Suis-je seul au monde ?

Publié le 25/01/2004

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F. George, Autopsie de Dieu   PLAN   I L'autre et le monde A- Ma conscience me condamne à la solitude car personne d'autre que moi ne peut y avoir accès. Je m'isole donc naturellement sitôt que j'ai conscience de mon existence. La condition cartésienne de mon existence dans le cogito ne fait intervenir que ma pensée et rien d'autre « Je pense donc je suis » Descartes   "Ainsi la connaissance que nous avons des autres hommes est fort sujette à l'erreur si nous n'en jugeons que par les sentiments que nous avons de nous-mêmes." Malebranche, De la recherche de la Vérité B- Paradoxalement  c'est par ma conscience que j'accède à la connaissance du monde. Sitôt que je perçois le monde, je me perçois comme quelqu'un à distance de ce monde, je ne fais plus partie du tout dans l'immédiateté propre à l'inconscience animale. "Par conséquent, à la façon dont nous regardons dans un miroir quand nous voulons voir notre visage, quand nous voulons apprendre à nous connaître, c'est en tournant nos regards vers notre ami que nous pourrions nous découvrir, puisqu'un ami est un autre soi même." Aristote. II Le monde comme conscience de « quelque chose »  A- . La conscience me permet de me dissocier, de poser entre moi et les choses une dualité infranchissable.

« consiste provisoirement à faire comme si tout ce que l'on croyait été faux.

Descartes radicalise même ce doute méthodique en doute hyperbolique en utilisant la fiction du malin génie.

Cette fiction consiste à imaginer qu'un malin génie nous trompe sur tout et quedonc l'on ne peut être certain de rien, pas même que 2 + 3 = 5, puisque cemalin génie pourrait me faire croire que c'est le cas alors qu'il n'en est rien.

Or au terme de cette radicalisation du doute, Descartes formule cettepremière vérité inébranlable qu'est le cogito .

Cela consiste à dire que même si ce malin génie me trompe sur ce que je crois être, il ne peut me tromper surmon existence elle-même car pour penser il faut bien être.

Mais Descartes découvre également par là la nature du sujet, qui consiste dans la pensée.

Orle sujet ne peut acquérir de certitude équivalente quant à l'existence ou lanature des choses extérieures (par exemple des formes humaines portantchapeaux, pourraient se révéler n'être que de simples automates).

C'est laraison pour laquelle Descartes devra recourir à Dieu pour assurer notre accèsaux choses extérieures (en tant qu'il est bon il ne peut nous tromper).

Dèslors, le sujet est seul au monde au sens où il existe une asymétrie entrel'accès qu'il a à sa propre intériorité, et l'accès qu'il a aux choses extérieures. II.

Il n'y a de sujet que par un monde commun, il n'est donc pas seul aumonde On peut se demander si la thèse cartésienne ne repose pas sur uneréduction abusive de la subjectivité à la seule conscience.

En effet, si l'on pose que le sujet se réduit à sa seule conscience, on trouvera toujours qu'il ne peut être certains des existencesdes autres choses comme il est certain de sa propre existence.

Mais l'expérience quotidienne nous montre que nousn'analysons pas les autres comme si nous étions des ordinateurs essayant de déduire de leurs comportementcertaines caractéristiques.

La présence d'autrui se donne bien plutôt pour nous comme une évidence immédiate.C'est que, comme l'explique Merleau-Ponty dans la Phénoménologie de la perception, 2 ème partie (Le monde perçu), IV (Autrui et le monde humain) , le fait de considérer autrui comme un objet dont on peut douter, est le fruit d'une démarche théorique qui met en suspens une évidence première qui vient du corps.

En effet le corps d'autruin'est pas un objet pour moi, ni le mien pour lui : ils sont des comportements d'emblée compréhensibles, parce queles deux s'inscrivent dans un monde commun, qui est celui de la perception.

Il n'y a donc pas des mondes isolés, quicorrespondraient à autant de sujets esseulés, mais un seul monde de la perception, qui permet une communicationdes consciences : un surgissement simultané des corps percevant et expressifs (pour le dire plus simplement, parceque je perçois les choses du monde et exprime mes sensations et émotions, je comprends d'emblée autrui, qui faitde même).

Merleau-ponty donne un exemple frappant pour se faire comprendre : le regard d'un homme sur moi neme laisse jamais indifférent, alors que celui d'un chien ne me gêne pas.

S'il en est ainsi, c'est que même sans lamédiation du langage, l'intériorité d'autrui me touche toujours immédiatement.

Il faut donc dire que parce que je nesuis pas un pur esprit mais aussi un corps percevant, je ne suis pas seul au monde. III.

La solitude authentique n'est pas isolement subi, mais choix du sujet Merleau-ponty nous permet de comprendre que le sujet n'est pas seul au monde au sens où il partage d'emblée un monde commun avec les autressujets.

Mais cela nous montre seulement que le sujet ne subit pas unisolement de fait.

Or il pourrait se faire que sur cette base le sujet puissechoisir la solitude activement.

Mais alors quelles raisons aurait-il de le faire ?Dans Être et temps , Heidegger montre que le sujet vit la plupart du temps sur un mode inauthentique, au sens où se fuit lui-même dans son être véritable,dont la caractéristique est d'être mortel.

Mais le sujet peut aussi prendre larésolution de cesser de fuir la conscience de sa propre mort à venir.

Or quandla fuite cesse, Heidegger dit au § 53 que le sujet connaît une solitudecomplète, car chacun est seul pour affronter la mort (personne nem'accompagne dans la mort, comme on pourrait l'accompagner dans unepromenade ou toute autre activité).

Or si cette solitude peut être choisie,c'est parce que seule cette expérience, bien qu'elle soit angoissante, permetde vivre authentiquement une vie d'homme, qui est finie.

Ayant prisconscience qu'il vit dans une temporalité finie, l'être humain est donc mieux àmême de faire les bons choix qui lui permette de vivre une vie riche.

Il fautdonc dire que si je suis seul au monde, c'est que je le choisis, comme uneexpérience fondamentale qui me permet ensuite d'autant mieux d'aller vers lesautres. Conclusion L'asymétrie entre l'accès que le sujet a à sa propre subjectivité et aux choses extérieures trace une frontièrequi semble isoler le sujet du reste du monde.

Mais cette séparation repose en réalité sur une conception du sujet quile manque comme être incarné et percevant, qui partage avec les autres un monde commun.

Si je peux être seul aumonde, ce n'est donc pas en vertu d'une donnée de l'existence, mais par choix, parce que l'expérience de la solitude. »

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