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Suis-je le sujet de mes pensées et de mes actions ?

Publié le 01/03/2005

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L'ego * Il ne faut pas pour autant déduire de ce constat d'influences extérieures que mes pensées ne m'appartiennent pas, que je ne peux penser par moi-même. Ce constat renverse plutôt le rapport chronologique que l'on croit saisir. Si je ne suis qu'en partie l'auteur de mes pensées et de mes actions, celles-ci contribuent à me déterminer, à faire de moi un sujet : je suis mes pensées et mes actions. * Ainsi, c'est également dans le troisième sens du mot « sujet » que l'on peut répondre à cette question par l'affirmative : je suis soumis à l'autorité de mes pensées et de mes actions, dans la mesure où ce sont elles qui créent ce que je ressens comme le « moi », ce sont elles qui donnent naissance à l'ego.             2. L'existence précède l'essence * Dans cette perspective, il y a pensées et actions avant l'individualité ou la personnalité. Le sujet que je suis est élaboré petit à petit par mes pensées et mes actions, qui forgent une définition de mon « moi ». * En termes sartriens, l'existence précède l'essence. C'est-à-dire qu'il n'y a pas dès le début une essence, un état fixe du sujet, qui pourrait, du fait de sa pérennité, être entièrement l'auteur de ses actions. Au contraire, ce sont les actions et les pensées, c'est-à-dire l'existence du sujet, qui forgent peu à peu son essence.

« • Cet ensemble des déterminations extérieures vient nourrir ce que Freud appelle l'inconscient.

Or l'inconscient est ce que nous ne pouvons pascontrôler mais qui nous contrôle, qui influe sur notre manière de penser etd'agir.

Ainsi, l'acte manqué ou le lapsus : ils s'apparentent à une erreur,l'individu peut penser à une simple distraction, mais c'est l'inconscient qui enest l'auteur. • « On peut aller plus loin et avancer, pour étayer la thèse d'un étatpsychique inconscient, que la conscience ne comporte à chaquemoment qu'un contenu minime, si bien que, mis à part celui-ci, la plusgrande partie de ce que nous nommons connaissance consciente setrouve nécessairement pendant les plus longues périodes, en état delatence, donc dans un état d'inconscience psychique.

»Freud, Métapsychologie 3.

L'illusion de la liberté • Ainsi, si l'on tient compte de l'influence de la société, de l'éducation et del'inconscient, je ne suis que très peu le sujet de mes pensées et de mesactions.

Je le suis dans la mesure où c'est bien en moi qu'elles sedéveloppent, mais je n'en suis pas la cause réelle. • C'est uniquement dans la mesure où j'ignore ces influences, qui sont les causes supérieures, que je crois être lesujet des mes pensées et de mes actions : une illusion de liberté. • « Pour rendre cela clair et intelligible, concevons une chose très simple: une pierre par exemplereçoit d'une cause extérieure qui la pousse, une certaine quantité de mouvement et, l'impulsionde la cause extérieure venant à cesser, elle continuera à se mouvoir nécessairement.

Cettepersistance de la pierre dans le mouvement est une contrainte, non parce qu'elle est nécessaire,mais parce qu'elle doit être définie par l'impulsion d'une cause extérieure.

Et ce qui est vrai de lapierre il faut l'entendre de toute chose singulière, quelle que soit la complexité qu'il vous plaise delui attribuer, si nombreuses que puissent être ses aptitudes, parce que toute chose singulière estnécessairement déterminée par une cause extérieure à exister et à agir d'une certaine manièredéterminée.Concevez maintenant, si vous voulez bien, que la pierre, tandis qu'elle continue de se mouvoir,pense et sache qu'elle fait effort, autant qu'elle peut, pour se mouvoir.

Cette pierre assurément,puisqu'elle a conscience de son effort seulement et qu'elle n'est en aucune façon indifférente,croira qu'elle est très libre et qu'elle ne persévère dans son mouvement que parce qu'elle le veut."Spinoza (Lettre à Schuller, LVIII) Le rationalisme cartésien nous montre déjà qu'une volontéinfiniment libre, mais privée de raison, est une volontéperdue.

Plus nous connaissons, plus notre liberté estgrandie et fortifiée.

Si nous développons notreconnaissance au point de saisir dans toute sa clartél'enchaînement rationnel des causes et des effets, noussaisirons d'autant mieux la nécessité qui fait que tellechose arrive et telle autre n'arrive pas, que tel phénomènese produit, alors que tel autre ne viendra jamais àl'existence.

Pour Spinoza, une chose est libre quand elleexiste par la seule nécessité de sa propre nature, et unechose est contrainte quand elle est déterminée par uneautre à exister et à agir.

Au sens absolu, seul Dieu estinfiniment libre, puisqu'il a une connaissance absolue de laréalité, et qu'il la fait être et exister suivant sa proprenécessité.

Pour Spinoza et à la différence de Descartes, laliberté n'est pas dans un libre décret, mais dans une librenécessité, celle qui nous fait agir en fonction de notrepropre nature.

L'homme n'est pas un empire de liberté dansun empire de nécessité.

Il fait partie du monde, il disposed'un corps, d'appétits et de passions par lesquelles la puissance de la Nature s'exerce et s'exprimeen nous, tant pour sa propre conservation que pour la nôtre.

Bien souvent nous croyons êtrelibres, alors que nous ne faisons qu'être mus, par l'existence de causes extérieures :la faim, la pulsion sexuelle, des goûts ou des passions qui proviennent de notre éducation, denotre passé, de notre culture.

Nul homme n'étant coupé du milieu dans lequel il vit et se trouveplongé, nous sommes nécessairement déterminés à agir en fonction de causes extérieures à notrepropre nature.

"Telle est cette liberté humaine que tous les hommes se vantent d'avoir et quiconsiste en cela seul que les hommes sont conscients de leurs désirs, et ignorants des causes quiles déterminent.". »

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