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La superstition est-elle l'affaire des sots ?

Publié le 05/03/2004

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Elles sont le signe caricatural de l'ignorance et de l'impuissance où l'humanité se trouva placée durant des centaines de milliers d'années. On croyait que la fiente de souris était un remède souverain contre la calvitie, et l'on traçait une croix sur le ventre de la parturiente en cas d'accouchement difficile. La science a démenti de telles croyances. CONTINGENCE : Est contingent ce qui n'est pas nécessaiez, cad ce qui est mais qui pourrait ne pas être. Ce dont on ne voit pas la cause paraît donc contingent, puisqu'il n'y a pas de raison apparente à son être. 2) La contingence y règne en maîtresse. La fiente de souris contre la calvitie - et pourquoi pas la crotte du blaireau ? D'ailleurs, les contradictions d'un pays à l'autre rendent manifeste cette contingence : le chat noir est un bon signe en Angleterre, un mauvais signe en France. Parfois, le même signe est considéré tantôt comme bénéfique tantôt comme maléfique (certains prennent le chiffre 13 comme un porte-bonheur, mais dans les courses automobiles, il n'y a pas de voiture numéro 13, et il n'y a jamais de chambre numéro 13 dans les hôtels).

  • 3) Le superstitieux est un sot car il est incapable de justifier sa croyance autrement que par tautologie : c'est comme ça parce que c'est comme ça.
Il n'est pas une seule superstition qui ait été confirmée par l'expérience. L'esprit superstitieux, dans sa sottise, est encore plus naïf qu'un enfant. il s'obstine à tourner le dos à la réalité des faits. La faiblesse de l'esprit et le manque d'éducation sont la raison des croyances et autres cultes.
MAIS...
La raison a elle-même ses propres limites. Sans doute les réculte-t-elle sans cesse. Mais elle doit aussi admettre qu'elle est incapable de tout expliquer. C'est pourquoi elle aussi a mille occassions de se montrer superstitieuse.

  • I) La superstition est l'affaire des sots.
a) La philosophie a toujours dénoncé les superstitions. b) L'astrologie est une science pour les sots. c) Les superstitions sont toujours démenties par les faits.

  • II) La superstition n'est pas que l'affaire des sots.
a) La raison doit admettre ses limites. b) La science elle-même est superstitieuse. c) La pensée n'est pas seulement rationnelle.
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« blaireau ? D'ailleurs, les contradictions d'un pays à l'autre rendent manifeste cette contingence : le chat noirest un bon signe en Angleterre, un mauvais signe en France.

Parfois, le même signe est considéré tantôtcomme bénéfique tantôt comme maléfique (certains prennent le chiffre 13 comme un porte-bonheur, maisdans les courses automobiles, il n'y a pas de voiture numéro 13, et il n'y a jamais de chambre numéro 13 dansles hôtels). 3) Le superstitieux est un sot car il est incapable de justifier sa croyance autrement que par tautologie : c'estcomme ça parce que c'est comme ça.

On comprend que la plupart des superstitions aient disparu avec lesprogrès techno-scientifiques.

Cependant, elles n'ont pas disparu toutes, loin s'en faut.

De toute manière,l'essentiel est de comprendre leurs raisons d'être. Quels sont les mécanismes à l'oeuvre dans toutes superstitions ? "Si les hommes avaient le pouvoir d'organiser les circonstances de leurvie au gré de leurs intentions, ou si le hasard leur était toujoursfavorable, ils ne seraient pas en proie à la superstition.

Mais on les voitsouvent accules à une situation si difficile, qu'ils ne savent plus quellerésolution prendre; en outre, comme leur désir immodéré des faveurscapricieuses du sort les ballotte misérablement entre l'espoir et lacrainte, ils sont en général très enclins à la crédulité [...).

Si, parexemple, pendant que la frayeur les domine, un incident quelconqueleur rappelle un bon ou mauvais souvenir, ils y voient le signe d'uneissue heureuse ou malheureuse; pour cette raison et bien quel'expérience leur en ait donné cent fois le démenti, ils parlent..

d'unprésage soit heureux, soit funeste.

Enfin, si un spectacle insolite lesfrappe d'étonnement, ils croient être témoins d'un prodige manifestantla colère ou des Dieux, ou de la souveraine Déité ; dès lors, à leursyeux d'hommes superstitieux et irréligieux, ils seraient perdus s'ils neconjuraient le destin par des sacrifices et des voeux solennels.

Ayantforgé ainsi d'innombrables fictions, ils interprètent la nature en termesextravagants, comme si elle délirait avec eux." Baruch Spinoza, Traité théologico-politique (1670) Spinoza cherche à déterminer dans ce texte quels sont les mécanismes qui sont à l'origine du phénomène dela superstition.Celle-ci est définie comme la croyance en l'existence de signes ou présages d'un événement heureux oumalheureux.

Ces signes sont des événements auxquels on accorde la propriété d'annoncer l'issue d'unesituation.

Ils peuvent être «quelconques», c'est-à-dire ordinaires, ou présenter un caractère extraordinaire.À quoi pense ici Spinoza? On remarquera que le genre de superstition auquel il s'attaque diffère de celui quinous est aujourd'hui plus familier lorsque nous entendons dire autour de nous que le chiffre treize ou un chatnoir «portent malheur ».

Dans ce cas, on sous-entend une sorte de pouvoir maléfique de ces réalités qui,lorsque nous les rencontrons, sont censées agir sur le cours de notre vie.Or celle qu'évoque le texte se rapproche davantage de ce qu'on nommait, dans l'Antiquité, la divination et quise mêlait étroitement aux rites de la religion païenne.

Ainsi, à Rome, existait-il des «spécialistes» en l'artd'interpréter ces signes qui étaient censés venir des dieux, et que l'on nommait augures et aruspices.Cette croyance aux présages est pour Spinoza une anticipation illusoire de l'avenir qui déforme la conceptionexacte que nous devons avoir de la nature.

Les véritables signes avec lesquels elle doit se lire sont ceux quiexpriment ses lois dont les mathématiques constituent le seul vocabulaireapproprié.

Ces soi-disant présages sont donc comparables à un «délire» que nous prêtons à la naturepuisqu'elle transgresserait par eux ses propres lois et le cours normal de leur expression, en faisant miroiterdans le présent des indications sur le futur.En réalité la croyance en l'existence de ces signes repose sur une association d'idées trompeuse.

Si, dans unesituation quelconque dont l'issue est incertaine (par exemple à la veille d'une récolte dont on doute de laqualité), un événement quelconque se produit (le passage d'une chouette) qui nous rappelle un bon oumauvais souvenir, le superstitieux associera abusivement le souvenir qui est attaché à ce passage à lasituation présente, et le sentiment (heureux ou malheureux) qui domine ce même souvenir.L'erreur provient donc d'une liaison fautive, car en vérité rien ne vient justifier que le sentiment heureuxauquel le passage de la chouette était lié ne se produise une seconde fois dans la situation à venir, lorsqu'unenouvelle chouette vient à passer.Deux causes viennent expliquer pourquoi ils sont si enclins à faire cette association : l'ignorance et la crainte.L'ignorance de l'avenir, d'abord, que les superstitieux essaient de combler par une interprétation délirante dela nature.

La crainte, quant à elle, est la passion qui donne sa force à cette attitude, car c'est pendant qu'ilssont dominés par la peur de l'avenir et que la raison s'absente, qu'ils se mettent à interpréter des signes quin'en sont pas.

Spinoza rejoint dans ce texte le genre de critique qu'un auteur latin comme Lucrèce avait déjà développédans l'Antiquité, dans De la nature des choses, contre la «pesante religion» qui interprétait la foudre ou letonnerre comme les signes menaçants de la colère des dieux.

Les hommes alors, se croyant insuffisamment. »

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