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La sympathie doit-elle être considérée comme un mode de connaissance d'autrui ?

Publié le 24/07/2004

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Il faut mathématiser nos connaissances. 2. M. Bayer a très justement fait appel, pour l'Esthétique, à une méthode de démentalisation, de déspiritualisation qu'il a appelée : « le réalisme opératoire «. Ce n'est pas seulement pour la philosophie de l'art qu'il faut utiliser cette méthode, mais bien pour toutes les études tendant à l'inventaire ou à l'explication du réel. La sympathie est un refuge pour l'obscurité et la fausse profondeur. Chacun sait que l'amour est le plus aveugle des interprètes et qu'aucune connaissance sympathisante ne peut aboutir à cette clairvoyance que donne seule l'objectivité. 3. Enfin, le parangon de toutes les connaissances reste depuis Comte et à très juste titre la science mathématique. Il ne saurait être question de ruiner l'objectivité quantitative par une sorte de transobjectivité sympathisante qui serait plus objective que l'objectivité.

Eprouver de la sympathie, c’est éprouver de la compassion pour autrui. La sympathie crée une communauté de sentiments qui peuvent aller jusqu’à une fusion affective : amitié ou amour. Toutefois, éprouver un sentiment n’est-il pas subjectif ? La sympathie nous permet-elle réellement et profondément de connaître autrui ?

« précisément parce qu'il l'a confondue avec une contagion mentale de ce genre.

Dès lors, la pitié n'est plus que latransmission en chaîne de la souffrance, une contagion de malheur, une déperdition de vitalité qui multiplie lasouffrance au lieu de la guérir.Max Scheler a bien montré que la vraie pitié, que la sympathie authentique est tout autre chose.

Si j'ai pitié del'autre, c'est précisément parce que je ne suis pas malheureux moi-même, parce que je n'éprouve pas sa misère.

Sije souffrais comme lui, je serais moi-même objet de pitié et non conscience compatissante.

En réalité, la sympathietranscende l'affectivité.

Elle est un acte de la personne qui vise la souffrance ou la joie d'une autre personne, quiles reconnaît plus qu'elle ne les éprouve.

Gide, par exemple, déclare à propos de sa femme « Par sympathie, jeparvenais à comprendre ses sentiments, je ne pouvais les partager» '.

Et Max Scheler assure que je puis «fort biencomprendre l'angoisse mortelle d'un homme qui se noie sans pour cela éprouver rien qui ressemble même de loin àune angoisse mortelle».

Bien plus, je puis comprendre selon Max Scheler des émotions que je n'ai jamais éprouvéesmoi-même.

Je lis dans ce visage une pureté, une candeur que je n'aurais pas soupçonnées auparavant.

Ce regardfurieux me signifie une qualité, une intensité de haine que jamais je n'aurais cru possibles.

Pradines écrit dans cetteperspective que « nous pouvons sympathiser même avec des sentiments que nous ne saurions éprouver soit qu'ilsnous dépassent soit au contraire que nous les dépassions, avec la tristesse de Jésus à Gethsemani ou avec lespetits chagrins d'un enfant».

La connaissance d'autrui bien loin de me renvoyer comme dans la théorie de l'analogieà des expériences familières, élargit au contraire mon horizon, m'apporte d'incessantes révélations. DEUXIÈME PARTIE : Les sophismes de la sympathie. 1.

Il est de fait que la méthode durkheimienne tendant à promouvoir l'analyse objective de la réalité en soutenantqu'il fallait « considérer les faits sociaux comme des choses » achoppe aujourd'hui à un certain nombre d'aporiesauxquelles on cherche à la faire buter : on soutient que l'amour est le meilleur des modes de connaissance et quel'affectivité servira de base à l'étude de la réalité cognitive.

Cela est d'autant plus inexact que sur ce pointl'aphorisme brunschvicguien : « connaître, c'est mesurer » reste absolument valable ; aucune connaissance ne peutremplacer la mesure, la notion quantitative et mathématique du réel.

Il faut mathématiser nos connaissances. 2.

M.

Bayer a très justement fait appel, pour l'Esthétique, à une méthode de démentalisation, de déspiritualisationqu'il a appelée : « le réalisme opératoire ».

Ce n'est pas seulement pour la philosophie de l'art qu'il faut utiliser cetteméthode, mais bien pour toutes les études tendant à l'inventaire ou à l'explication du réel.

La sympathie est unrefuge pour l'obscurité et la fausse profondeur.

Chacun sait que l'amour est le plus aveugle des interprètes etqu'aucune connaissance sympathisante ne peut aboutir à cette clairvoyance que donne seule l'objectivité. 3.

Enfin, le parangon de toutes les connaissances reste depuis Comte et à très juste titre la science mathématique.Il ne saurait être question de ruiner l'objectivité quantitative par une sorte de transobjectivité sympathisante quiserait plus objective que l'objectivité.

Dépasser l'objectivité c'est ne plus être objectif.

Il y a là un dilemme, ou bienl'objectivité sera pleine et entière, et il faudra rejeter la sympathie ; ou bien la sympathie devra être conservée eton ne pourra plus espérer que la connaissance soit objective. TROISIÈME PARTIE : Médiation de la sympathie. 1.

Sans affirmer le primat du mode de connaissance sympathisante sur la connaissance objective, il faut reconnaîtreà l'amour un rôle médiateur entre l'extrême subjectivité d'une méthode en première personne et la rigueur excessived'une technique expérimentale qui se résignerait trop à une méthode « en troisième personne ».

Heureusement,placée entre les deux excès d'une connaissance trop empirique et d'un savoir trop universel, la connaissance depersonne à personne, de sujet à sujet, est la véritable méthode philosophique.

C'est bien si l'on veut unecasuistique, mais au sens le plus pur du mot.

Le cas d'espèce est le seul que l'on puisse vraiment connaître del'intérieur pour l'avoir éprouvé soi-même.

Les erlebnisse, les états vécus, sont une connaissance sûre et bien fondéeoù l'expérience recoupe la connaissance directe du sujet. 2.

La réalité n'est pas clans une étude universalisante qui dessèche l'expérience interne : et c'est pourquoil'ontologie va d'emblée se puiser clans la psychologie intuitive de l'être, dans la recherche et la connaissance d'unabsolu humain, trop humain.

Cette intériorité, cette singularité subjective, qui ne reste pas unique, mais qui procèdepar un échange nous paraît devoir être privilégiée au point qu'une connaissance authentique de l'être ne soitpossible que par elle. 3.

C'est pourquoi des oeuvres importantes comme celle, par exemple, de M.

Gabriel Marcel, si l'on suit l'itinéraireontologique qui va du Journal métaphysique d'Être et Avoir, d'Homo viator, au Mystère de l'Être et à l'HommeProblématique, procèdent tout entières de cette idée que l'autre en tant qu'autre n'est qu'un objet pour moi et quepour que l'autre cesse d'être une sorte d'opposant irréel, il faut que ma connaissance devienne affective et qu'ilapparaisse comme un toi.

Dieu figure, dans l'oeuvre marcellienne, le toi métaphysique, le toi absolu.

Il faudraitégalement reprendre les analyses de Je et Tu de Martin Buber, les plus belles pages d'Hartmann ou de Jaspers pouratteindre cette sympathie métaphysique qui seule a droit au nom de connaissance et qui, en effet, nous conduit àl'analyse de l'esprit humain dans sa plus haute instance, dans ce qu'il a d'unique et, par conséquent, d'inexprimable. CONCLUSION : Il est sans doute des philosophies de l'être et d'autres du jugement ; des pensées de l'existence et d'autres de la vérité.

Parmi les systèmes antisystématiques, dans une philosophie ouverte, dans le cadre d'unepensée itinérante, mouvante, vivante, l'intuition figure le seul critère solide pour. »

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