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Tamerlan

Publié le 22/02/2012

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Homme de guerre, Tamerlan est un des plus fameux capitaines de l'histoire. Constamment vainqueur, non point parce qu'il mène au combat des hordes féroces, mais grâce aux ressources d'une intelligence multiple, qui calcule soigneusement les plans de campagne, la convergence des forces et le rythme de leur marche, qui travaille par une habile propagande le moral de l'adversaire, qui déploie ses capacités inventives lorsque surgit une difficulté imprévue. De l'Asie centrale au Gange et à la Méditerranée, ses exploits ont pour cadre un théâtre immense, où il porte le massacre et la destruction. Il est réputé n'avoir causé que des ruines, ce qui est faux. Et n'avoir bâti qu'un empire fragile, bientôt disparu après lui, ce qui est vrai : en 1405, l'État timouride s'est disloqué à la vitesse du galop des courriers qui répandaient dans les provinces la nouvelle de la mort du "Grand Émir". Était-il donc seulement un génie négatif, de qui les dons exceptionnels ne tournaient qu'à créer le chaos ? Tamerlan homme d'État ? Certes, si l'on ajoute qu'il était homme de son temps.

« Plusieurs soulèvements se produiront en Transoxiane dans les années 1370, avant que Tamerlan n'assoie sonpouvoir.

Il tient en haleine la turbulente aristocratie turco-mongole au moyen d'incessantes expéditions de butin.Cette pratique des campagnes annuelles, en des directions souvent opposées, et que ne suit jamais l'annexionimmédiate des territoires parcourus, donne à la longue série des guerres timourides un aspect incohérent, qui n'estdésordonné qu'en apparence.

Les régions limitrophes du domaine timouride sont traitées en zones de pillage, et doncsoumises à des incursions répétées.

D'abord limité à la Transoxiane originelle, ce domaine va s'agrandir de provincessujettes, d'abord sous forme de protectorats maintenant en place les seigneurs locaux, puis sous forme d'apanagesau bénéfice de la descendance de Tamerlan et de quelques-uns de ses proches.

Tel est le cas, à compter de 1380,des principautés iraniennes.

Après l'inclusion de l'Iran dans l'État timouride, la ceinture des pays de razzia s'étendraà la région indogangétique et à la région syro-anatolienne. Presque entièrement occupé par les guerres, le règne du Grand Émir se divise en six périodes aisément distinctes.

De1370 à 1380, il s'emploie à protéger la Transoxiane, tant sur son flanc oriental, où plusieurs expéditions conduitescontre les Mongols de l'Ili mirent ceux-ci hors d'état d'intervenir, que sur son flanc occidental, renforcé en 1379, auterme d'une série de campagnes, par l'annexion de la petite principauté de Khârezm, carrefour commercial importantsur la route entre Méditerranée et Extrême-Orient, au contact des pays d'oasis et du monde des steppes.

De cecôté-là Tamerlan s'était couvert, son protégé Toqtamich ayant réussi à s'imposer à la tête de la Horde Blanche, puisde la Horde d'Or.

Dans une deuxième phase, de 1380 à 1387, Tamerlan entreprit la conquête de l'Iran.

Tour à tourfirent soumission les princes de Hérat, les oligarques de la petite république déclinante de Sabzavâr, et les chefsturco-mongols du Khorâsân occidental.

Hérat s'étant soulevée, en 1383, la dynastie locale fut déposée, et laprincipauté érigée en apanage pour un fils de Tamerlan.

La même année, le Sistan subit l'invasion timouride ; c'esttoutefois à tort qu'on lui a imputé la responsabilité de la désolation d'un pays anciennement si prospère.

En 1384, laprise d'Astarâbâd, à l'angle sud-est de la mer Caspienne, ouvrit le chemin de l'Iran occidental.

L'immense randonnéedes forces timourides, de l'Azerbaydjan, occupé en 1386, et du Caucase, où elles se heurtèrent à Toqtamich,jusqu'au Fârs, occupé à la fin de 1387, prit fin brusquement.

La Transoxiane, en effet, venait d'être envahie parToqtamich, et les Mongols de l'Ili avaient reparu sur le haut cours du Sir-darya. Rentré en hâte à Samarqand, en 1388, Tamerlan fut accaparé, les années suivantes, par la lutte contre lesMongols, pourchassés et matés en 1389 et 1390, et contre Toqtamich, qui finit par être écrasé en 1391. Sitôt l'affaire réglée, le Grand Émir se lançait dans la grande expédition que ses chroniqueurs désignent sous le nomde Guerre de Cinq Ans (1392-1396).

Il enleva les villes littorales du Mâzandarân (des bateliers de l'Amou-daryafurent requis pour les bloquer par mer), descendit ensuite à travers les défilés du Louristan sur la Basse-Mésopotamie, puis remonta vers Chiraz, qui lui ouvrit ses portes en mai 1393.

Après avoir passé l'été sur lesplateaux iraniens, il avança sur Bagdad à marches forcées, y passa l'automne, puis remonta en direction du HautTigre.

En 1394, il estiva sur les plateaux anatoliens et hiverna en Géorgie.

Au printemps 1395, il franchit le Caucaseet alla ravager la Horde d'Or ; dans l'été, il saccagea Tana, comptoir génois sur la mer d'Azov, puis, dans l'hiver1395-1396, les grandes cités commerçantes de la Horde, Saraï et Hadji Tarkhan (Astrakhan).

Par le Caucase etl'Iran du Nord, il regagna ensuite Samarqand, où il s'accorda un repos de quelques mois.

En 1398, l'Inde fut envahie.Tamerlan poussa jusqu'à Delhi et rentra en 1399 à Samarqand avec un fabuleux butin.

A peine rentré, il prit sesmesures pour ouvrir la Guerre dite de Sept Ans (1399-1404).

En 1400, il ravagea l'Anatolie, descendit à la saisonfroide sur Alep et Damas, qu'il enleva, fut contraint dans l'été 1401 d'aller réprimer en personne la rébellion deBagdad.

Après un nouvel hivernage en Transcaucasie, il marcha en 1402 à la rencontre du souverain ottomanBajazet Ier, qui fut vaincu et fait prisonnier à la bataille d'Ankara (juillet 1402).

Tamerlan poussa jusqu'à Smyrne, oùla résistance des chevaliers de Rhodes fut vaine, puis rentra vers la Transoxiane.

Presque septuagénaire, il selançait alors dans une nouvelle aventure, et la plus ambitieuse la campagne contre la Chine lorsqu'il mourut, enfévrier 1405, après une courte maladie, aggravée par son intempérance.

Comme les précédentes cette ultimeentreprise avait été soigneusement préparée.

Depuis de longues années Tamerlan faisait développer l'agriculture surla ligne des relais d'Asie centrale, afin d'assurer à ses armées le grain et le fourrage. Toujours en chevauchée, le Grand Émir ne veilla que de haut et par à-coups à la bonne marche de l'administration.Le Divan Suprême, sous son impulsion, s'efforçait de contrôler cette machine cahotante, c'est-à-dire, en fin decompte, d'assurer au Trésor des rentrées fiscales régulières et exactes.

Les missi dominici qu'il dépêchait dans lesprovinces, par groupes de deux généralement, un émir et un fonctionnaire civil, enquêtaient également sur les excèscommis par les percepteurs de l'impôt.

Néanmoins, les abus de pouvoir restaient fréquents, ainsi que la corruption.Tamerlan dut à maintes reprises intervenir dans les affaires de ses fils et de ses petits-fils, médiocres gestionnairesdes principautés qu'il leur avait taillées, et plus ou moins complices de la fraude et de la fronde de leurs vizirs.

Auretour de la Guerre de Cinq Ans, en 1396, puis au retour de la Guerre de Sept Ans, en 1403, les administrationsprovinciales furent sévèrement épurées.

Ces répressions épisodiques et quelque peu arbitraires n'amélioraient passensiblement la qualité du corps des fonctionnaires.

Tout bien considéré, on peut croire, cependant, que le régimetimouride n'a pas été, pour les sujets, plus dur que ceux auxquels il succédait.

On a pu dire de Tamerlan que sonactivité créatrice n'avait pas moins frappé l'imagination de ses contemporains que son activité destructrice.

Cetteassertion du grand historien orientaliste Barthold, si paradoxale qu'elle paraisse, et même si elle est entachée d'unepointe de partialité, est corroborée par des données précises. Les petits États iraniens qu'absorba l'empire timouride avaient ignoré la stabilité politique et la paix intérieure ; lesdésordres intestins qui jalonnent leur histoire agitée, et qui traduisent une crise sociale profonde, n'avaient jamaispermis aux princes de mener une grande politique.

Quand par hasard tel ou tel d'entre eux ébauchait une tentativede conquête, prélude à une réunification de l'Iran, l'insuffisance de son budget et la faiblesse numérique de ses. »

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