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Tartuffe Acte 3 Scène 3

Publié le 18/01/2011

Extrait du document

I. Un discours amoureux

 

A. Classicisme

En soi, le discours de Tartuffe est un "discours amoureux" classique. Le vocabulaire mélioratif et hyperbolique est présent ; "ses plus rares merveilles", "des beautés", "parfaite créature". Tartuffe prend une posture de suppliant. On remarque l’omniprésence du "je", mais un "je" qui se dévalorise : "mon infirmité", "mon néant". La dame, elle, est "souveraine", a entre ses mains le sort de l'amant (v. 960, marqué par un parallélisme et une antithèse ; le "malheur" de l'amant dépend du caprice de l'aimée : "s'il vous plaît"). Tartuffe fait le récit  des angoisses et des luttes vaines pour résister à l'attraction de la dame (946-48 et 976-978) Enfin, on constate l’invitation à l'amour partagé. 

Cette  déclaration est très classique mais Tartuffe emploie une véritable argumentation.

B. Tartuffe, l’art de convaincre

 

L’argumentation est construite très rigoureusement, la tirade suit en effet une progression.

Tartuffe tout d’abord, formule sa thèse. L’amour de la religion ne peut annuler l'amour qu'on éprouve pour les femmes, créations de Dieu « Nos sens facilement peuvent être charmés/ Des ouvrages parfaits que le Ciel a formés. « v.935-936.

 Il glisse ensuite du général au particulier, il ne parle plus des femmes en général mais d'Elmire, « Il a sur votre face épanché des beautés « v.939.

Puis il relate sa première réaction face à une telle beauté et  il explique qu'il a compris qu'associée à la pudeur cette passion n'est pas « coupable «, et qu'il ne commet donc aucun péché en l'aimant. « D’abord j’appréhendais que cette ardeur secrète/Ne fût du noir esprit une surprise adroite; /Et même à fuir vos yeux mon cœur se résolut « v.945 à 947

Enfin il déclare que tout dépend d’elle à présent, «Et je vais être enfin, par votre seul arrêt, /Heureux, si vous voulez, malheureux, s’il vous plaît « v.959-960.

 

Ainsi, Tartuffe déploie une véritable argumentation, en levant tout les scrupules, afin de convaincre Elmire. Cependant Elmire reste indifférente.

 

 

C. Elmire indifférente

 

Le lyrisme de Tartuffe se heurte à l'indifférence ironique d'Elmire : "la déclaration est tout à fait galante" v. 961.

Tartuffe par cette déclaration, espère la séduire. Il emploie une stratégie d’argumentation  organisée. Mais, Elmire s’efforce de maintenir, malgré lui, Tartuffe dans son rôle de dévot.

 

Cependant, Tartuffe se dévoile, le masque de cet imposteur tombe.

 

II. Le masque tombe

 

A. Mélange du vocabulaire religieux et liturgique

Le langage de Tartuffe réalise un mélange entre le champ lexical du corps, qui révèle son  matérialisme, et le champ lexical de la religion, avec les mots de la dévotion : «  infirmité «, « quiétude «, « béatitude «. Ainsi Elmire est transformée en un être céleste. La dévotion lui fournit une excuse commode : en aimant Elmire, il aime la beauté créée par Dieu. Mais le terme “dévotion”  touche au blasphème en confondant l'amour pour une femme avec l'amour que le chrétien doit avoir pour son dieu.

 

B. Passion charnelle

Tartuffe est un “imposteur” dans un sens scandaleux ici, puisqu'il met le langage de la religion au service de son désir purement sensuel. Le désir de Tartuffe est si fort qu'il lui ôte une partie de sa prudence. Masquée par le lexique religieux, l'expression du désir reste cependant très nette dans l'appel lancé à Elmire. 

 

CONCLUSION

Chez Tartuffe, le “masque” est devenu une seconde nature, puisqu'il imprègne même le langage du personnage. Il est incapable de parler sans recourir à un lexique religieux. Mais, quand s'y mêle l'expression du désir, l'hypocrisie de “l’imposteur” ressort avec plus de force.  

 Tartuffe commence à apparaître comme un personnage dangereux, car sans scrupules. En même temps, cela montre la faiblesse de notre homme, et prépare la suite de l'histoire : c'est pour avoir cédé à ses passions, pour n'avoir pas su maintenir jusqu'au bout son masque que Tartuffe finira par tout perdre.

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