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Maîtrisons-nous la technique ?

Publié le 15/02/2004

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technique
Nous ne pouvons qu'y obéir. Cela ne signifie néanmoins pas que nous soyons soumis à la nature. Le projet technique consiste à utiliser les lois de la nature pour notre utilité. Ainsi, en obéissant aux lois de la nature, on peut la commander. La liberté n'est pas dans l'absence de contrainte mais dans l'utilisation raisonnée de ces contraintes.   Notons que, dans la pensée aristotélicienne, la « technè » ne se contente pas d'imiter, elle prolonge aussi : ce qui veut dire que le médecin (dont Aristote prend souvent l'exemple) se contente de favoriser la nature chez son patient,, de catalyser une réaction. Ainsi, et c'est bien là son actualité, l'analyse d'Aristote ouvre-t-elle la voie à l'idée, que nous allons retrouver, d'une technique qui aurait poussé la nature un peu (ou même beaucoup plus loin) que ce que la nature aurait fait par elle seule... Il y a donc un lien très étroit entre technique et nature, lien que redécouvre Descartes qui pense tout de suite, lui aussi, au registre de la médecine. Les accents enthousiastes qui sont les siens dans la sixième partie du « Discours » montrent une inversion du lien, dans la mesure où la technique se présente comme une domination possible de la nature : il s'agit en effet pour lui de remplacer la « philosophie spéculative » par une « philosophie pratique » , « par laquelle connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature ». On peut parler ici d'un projet technique de domination de la nature, dont on retrouve la tonalité chez Bacon (« commander » la nature) , projet qui montre que le lien entre nature et technique n'est ni pauvre, ni univoque (puisque la technique peut nous en apprendre sur la nature).
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« « philosophie spéculative » par une « philosophie pratique » , « par laquelle connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux et de tous les autres corps qui nous environnent,aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employeren même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres etpossesseurs de la nature ».

On peut parler ici d'un projet technique de domination de la nature, dont on retrouve la tonalité chez Bacon (« commander » la nature) , projet qui montre que le lien entre nature et technique n'est ni pauvre, ni univoque (puisque la technique peut nous en apprendre sur la nature). Si donc le dialogue entre la nature et la technique est si riche, comment se fait-il que le progrès des applications de la technique humaine vienne mettre en danger les équilibre naturels ? N'y a-t-il pasquelque paradoxe à ce que la diffusion de CFC, diffusion qui obéit à une loi naturelle (celle de l'expansiondes corps gazeux), compromette l'existence de la couche d'ozone, autre réalité naturelle ? Si latechnique est dangereuse, c'est qu'elle en arrive à confronter les unes aux autres des lois et lesmécanismes naturels incompatibles entre eux.

Souvenons-nous d' Aristote ; «en « prolongeant » la nature, la technique l'emmène peut-être un peu trop loin, parce que, même si la fission atomique qui estle principe des bombes nucléaires est naturelle, la nature ne produit pas spontanément des bombes.

Dansle mythe du « Protagoras », Platon donnait d'ailleurs à la technique ce premier éclairage : Epiméthée , chargé de distribuer aux espèces mortelles les atouts et les qualités, avait été trop prodigue avec lesautres espèces, ce qui fait que plus rien ne restait pour l'homme.

voulant réparer l'oubli, Prométhée subtilise à Héphaistos et Athéna le feu et la connaissance des arts, ce pour quoi il sera puni par Zeus , comme s'il fallait comprendre que ce faisant il avait commis quelque acte répréhensible : avoir donné auxhommes le moyen d'aller trop loin.

Dans le Protagoras de Platon, le personnage de Protagoras (célèbre sophiste) fait le récit du mythe de la situation originelle de l'homme.

Dépourvu de tout, nu et sans défense, celui-ci est à la merci d'unenature hostile et peu prodigue à son égard.

Chargé par les dieux de distribuer des qualités spécifiques àchaque animal, Prométhée accepte de déléguer cette mission à son frère Epiméthée qui, dans sonempressement, oublie l'homme.

Pour éviter que ce dernier ne disparaisse et pour réparer l'étourderied'Epiméthée, Prométhée dérobe le feu à Héphaïstos et la connaissance des arts à Athéna pour en faireprésent à l'homme.

Mais les Dieux en sont irrités et punissent Prométhée pour sa forfaiture.

Les leçons dece mythe sont très nombreuses.

D'abord, on peut remarquer que sans les arts et le feu (c'est-à-dire sansla technique), l'homme est dans un état de dénuement total.

Comparativement aux animaux, il ne disposeen effet d'aucun "outil naturel" : pas de bec, pas de crocs, pas de fourrure, pas de venin, pas d'agilité àla course… L'homme est donc contraint, sous peine de disparaître, de pallier la faiblesse de sa conditionpar l'usage d'outils et d'artifices divers.

La technique se donne par conséquent, d'abord, comme unenécessité vitale à laquelle nous devons notre survie et notre arrachement à la nature ainsi que notrespécificité.

Mais dans le mythe, il faut rappeler que les dieux punissent Prométhée et ce n'est passeulement le vol qu'ils sanctionnent parce que celui-ci s'apparente plus fondamentalement à un viol :Prométhée a donné à l'homme le moyen d'être une sorte de dieu lui-même, un rival inattendu.

Par ledéveloppement des arts et des techniques, l'homme dispose d'un pouvoir extraordinaire.

Alors, le cadeauest peut-être empoisonné : ce pouvoir, l'homme peut-il le maîtriser ? Ce à quoi il doit sa survie ne risque-t-il pas de préparer paradoxalement sa disparition ? Si la technique est d'origine divine, elle procure ungrand pouvoir, une immense responsabilité, et elle peut aussi se retourner contre ceux qui ne sont pasconscients des dangers qu'elle engendre. La technique peut donc se retourner contre la nature après en être issue et constituer un danger pour elle, et ce en un sens quin'est pas exclusivement matériel, mais qui est aussi spirituel.

Dansson analyse de la technique, Heidegger , très au-delà de la bonne conscience écologique, met en lumière une certaine relation d'« arraisonnement » : à force de vouloir se rendre « maître et possesseur de la nature », comme le disait Descartes , l'homme met, selon la riche métaphore heideggerienne, la nature « à la raison » : Heidegger parle aussi d' « arraisonnement » , comme si la technique abordait la nature en pirate ; Qu'est-ce à dire ? Danssa conférence titrée « La question de la technique », Heidegger part de la question suivante : « quelle est donc l'essence de la technique moderne pour que celle-(ci puisse s'aviser d'utiliser lessciences exactes de la nature ? » Pour répondre à cette question, il faut inverser le rapport traditionnel entre science ettechnique.

En apparence, la technique suit les sciences exactes dela nature ; en réalité, la relation est presque inverse : c'estl'application technique qui renforce un certain aspect de cessciences naturelles : « La physique moderne n'est pas une physique expérimentale parce qu'elle applique à la nature desappareils pour l'interroger, mais inversement : c'est parce que laphysique –et déjà comme pure théorie- met la nature en demeure de se montrer comme un complexe calculable et prévisible de forces que l'expérimentation est commise àl'interroger », ajoute Heidegger .

Et peut-être en effet peut-on aller jusqu'à dire que lorsque la science. »

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