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Technique & nature ?

Publié le 15/02/2004

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technique
cependant Epiméthée, qui n'était pas très réfléchi, avait, sans y prendre garde, dépensé pour les animaux toutes les facultés dont il disposait et il lui restait la race humaine à pourvoir, et il ne savait que faire. Dans cet embarras, Prométhée vient pour examiner le partage ; il voit les animaux bien pourvus, mais l'homme nu, sans chaussures, ni couverture, ni armes, et le jour fixé approchait où il fallait l'amener du sein de la terre à la lumière. Alors Prométhée, ne sachant qu'imaginer pour donner à l'homme le moyen de se conserver, vole à Héphaistos et à Athéna la connaissance des arts avec le feu ; car, sans le feu, la connaissance des arts était impossible et inutile ; et il en fait présent à l'homme. l'homme eut ainsi la science propre à conserver sa vie ; mais il n'avait pas la science politique ; celle-ci se trouvait chez Zeus, et Prométhée n'avait plus le temps de pénétrer dans l'acropole que Zeus habite et où veillent d'ailleurs des gardes redoutables. » Platon, « Protagoras ».  La technique peut donc se retourner contre la nature après en être issue et constituer un danger pour elle, et ce en un sens qui n'est pas exclusivement matériel, mais qui est aussi spirituel. Dans son analyse de la technique, Heidegger, très au-delà de la bonne conscience écologique, met en lumière une certaine relation d' « arraisonnement » : à force de vouloir se rendre « maître et possesseur de la nature », comme le disait Descartes, l'homme met, selon la riche métaphore heideggerienne, la nature « à la raison » : Heidegger parle aussi d' « arraisonnement » , comme si la technique abordait la nature en pirate ; Qu'est-ce à dire ? Dans sa conférence titrée « La question de la technique », Heidegger part de la question suivante : « quelle est donc l'essence de la technique moderne pour que celle-(ci puisse s'aviser d'utiliser les sciences exactes de la nature ? »  Pour répondre à cette question, il faut inverser le rapport traditionnel entre science et technique. En apparence, la technique suit les sciences exactes de la nature ; en réalité, la relation est presque inverse : c'est l'application technique qui renforce un certain aspect de ces sciences naturelles : « La physique moderne n'est pas une physique expérimentale parce qu'elle applique à la nature des appareils pour l'interroger, mais inversement : c'est parce que la physique -et déjà comme pure théorie- met la nature en demeure de se montrer comme un complexe calculable et prévisible de forces que l'expérimentation est commise à l'interroger », ajoute Heidegger.

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« en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres etpossesseurs de la nature ».

On peut parler ici d'un projet technique de domination de la nature, dont on retrouve la tonalité chez Bacon (« commander » la nature) , projet qui montre que le lien entre nature et technique n'est ni pauvre, ni univoque (puisque la technique peut nous en apprendre sur la nature). Si donc le dialogue entre la nature et la technique est si riche, comment se fait-il que le progrès des applications de la technique humaine vienne mettre en danger les équilibre naturels ? N'y a-t-il pasquelque paradoxe à ce que la diffusion de CFC, diffusion qui obéit à une loi naturelle (celle de l'expansiondes corps gazeux), compromette l'existence de la couche d'ozone, autre réalité naturelle ? Si latechnique est dangereuse, c'est qu'elle en arrive à confronter les unes aux autres des lois et lesmécanismes naturels incompatibles entre eux.

Souvenons-nous d' Aristote ; «en « prolongeant » la nature, la technique l'emmène peut-être un peu trop loin, parce que, même si la fission atomique qui estle principe des bombes nucléaires est naturelle, la nature ne produit pas spontanément des bombes.

Dansle mythe du « Protagoras », Platon donnait d'ailleurs à la technique ce premier éclairage : Epiméthée , chargé de distribuer aux espèces mortelles les atouts et les qualités, avait été trop prodigue avec lesautres espèces, ce qui fait que plus rien ne restait pour l'homme.

voulant réparer l'oubli, Prométhée subtilise à Héphaistos et Athéna le feu et la connaissance des arts, ce pour quoi il sera puni par Zeus , comme s'il fallait comprendre que ce faisant il avait commis quelque acte répréhensible : avoir donné auxhommes le moyen d'aller trop loin. « Il fut jadis un temps où les dieuxexistaient, mais non les espèces mortelles.Quand le temps que le destin avait assignéà leur création fut venu, les dieux lesfaçonnèrent dans les entrailles de la terred'un mélange de terre et de feu et deséléments qui s'allient au feu et à la terre.Quand le moment de les amener à la lumièreapprocha, ils chargèrent Prométhée etEpiméthée de les pourvoir et d'attribuer àchacun des qualités appropriées.

MaisEpiméthée demanda à Prométhée de luilaisser faire seul le partage.

« Quand jel'aurai fini, dit-il, tu viendras l'examiner.

»Sa demande accordée, il fit le partage, et,en le faisant, il attribua aux uns la forcesans la vitesse, aux autres la vitesse sansla force ; il donna des armes à ceux-ci, lesrefusa à ceux-là, mais il imagina pour euxd'autres moyens de conservation [...].

Cesmesures de précaution étaient destinées àprévenir la disparition des races.

[...] cependant Epiméthée, qui n'était pas très réfléchi, avait, sans y prendre garde,dépensé pour les animaux toutes les facultés dont il disposait et il lui restait larace humaine à pourvoir, et il ne savait que faire.

Dans cet embarras, Prométhéevient pour examiner le partage ; il voit les animaux bien pourvus, mais l'homme nu,sans chaussures, ni couverture, ni armes, et le jour fixé approchait où il fallaitl'amener du sein de la terre à la lumière.

Alors Prométhée, ne sachant qu'imaginerpour donner à l'homme le moyen de se conserver, vole à Héphaistos et à Athénala connaissance des arts avec le feu ; car, sans le feu, la connaissance des artsétait impossible et inutile ; et il en fait présent à l'homme.

l'homme eut ainsi lascience propre à conserver sa vie ; mais il n'avait pas la science politique ; celle-ci se trouvait chez Zeus, et Prométhée n'avait plus le temps de pénétrer dansl'acropole que Zeus habite et où veillent d'ailleurs des gardes redoutables.

» Platon , « Protagoras ». Dans le Protagoras de Platon, le personnage de Protagoras (célèbre sophiste) faitle récit du mythe de la situation originelle de l'homme.

Dépourvu de tout, nu etsans défense, celui-ci est à la merci d'une nature hostile et peu prodigue à sonégard.

Chargé par les dieux de distribuer des qualités spécifiques à chaque animal,Prométhée accepte de déléguer cette mission à son frère Epiméthée qui, dans sonempressement, oublie l'homme.

Pour éviter que ce dernier ne disparaisse et pourréparer l'étourderie d'Epiméthée, Prométhée dérobe le feu à Héphaïstos et laconnaissance des arts à Athéna pour en faire présent à l'homme.

Mais les Dieuxen sont irrités et punissent Prométhée pour sa forfaiture.

Les leçons de ce mythesont très nombreuses.

D'abord, on peut remarquer que sans les arts et le feu(c'est-à-dire sans la technique), l'homme est dans un état de dénuement total.. »

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