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LA TECHNIQUE A-T-ELLE POUR BUT D'AMÉLIORER LA NATURE OU DE LA DÉTRUIRE ?

Publié le 13/03/2004

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technique

* Grâce à cette maîtrise souhaitée par Descartes, l'homme vit mieux : sa santé, sa longévité, son hygiène de vie en général ont suivi une courbe ascendante.

* De même, la technique a facilité votre vie : robots électro-ménagers, nouveaux moyens de transport et de communication qui réduisent les distances, etc. On pense donc au progrès, à l'amélioration des conditions de vie lorsqu'on parle de technique et de science.« Selon que nous sommes plus ou moins âgés, nous avons vu se propulser sur les routes les premières automobiles ; nous avons levé des yeux émerveillés vers le ciel où évoluaient les premiers monoplans et biplans, les premiers dirigeables ; ravis nous avons décroché les récepteurs des premiers téléphones, ou manié les boutons des premiers appareils de radio : comment aurions-nous pu ne pas nous dire que le progrès matériel est décidément une belle chose, et qu'il suffit de se laisser entraîner par lui pour voir abonder les améliorations quirapprochent les hommes, et qui rendent la vie à la fois plus facile et plus agréable. Comme il était tentant de répéter avec Cournot : "Il est devenu impossible qu'une nation parvenue à la hauteur de la civilisation moderne succombe sous les assauts de la barbarie, qu'elle vienne du dedans ou du dehors." Mais les expériences de la guerre et celles de l'après-guerre nous ont révélé un autre aspect de la machine, nous en faisant connaître la puissance destructrice et désorganisatrice ; elles ont fait succéder à l'optimisme radical d'hier un pessimisme non moins radical, non moins naïf, car on paraît oublier que la machine n'est rien que par l'homme qui l'invente et qui l'utilise «, écrivait P.M. Schuhl en 1935-1936. Le progrès a donc son revers.

• Ce sujet soulève une opposition : améliorer = rendre meilleur ; détruire = anéantir. Améliorer renferme une notion de progrès, une bonification. Si le professeur vous dit : « Vous vous améliorez «, vous êtes satisfait. Cela signifie que vous progressez, que vos efforts ne sont pas vains. • Le sujet est donc classique. C'est l'éternel problème de la confiance ou de la méfiance envers la technique. • Quelle est la fin de la technique : l'efficacité sans conscience au péril de l'humanité ? la maîtrise de l'environnement afin de favoriser le bien-être ?

technique

« Introduction Depuis toujours sans doute, les rapports de l'homme avec la nature furent ambigus.

Fascination et respect d'unepart, désir de domination d'autre part.

La technique est peut-être un des lieux où cette ambiguïté se lit le mieux.

Ceque l'homme cherche à travers elle est confus.

Apparemment, son ambition semble se limiter à une amélioration de lanature.

Les techniques viseraient à perfectionner ce qu'elle nous offre.

Il s'agirait d'une exploitation respectueuse,ne visant qu'à produire une meilleure collaboration, une union plus fructueuse.

Mais derrière les apparences, nepeut-on discerner une ambition plus inquiétante : détruire la nature.

Plus qu'une collaboration, l'homme ne cherche-t-il pas une altération radicale, une disparition de la nature? C'est ce que nous examinerons ici. Première partie § 1.1 Dans un premier temps, il semble légitime d'affirmer que le but de la technique est d'améliorer la nature, et nonde la détruire.

Que signifie en effet “améliorer”? Ceci : rendre meilleur, changer en mieux.

Or, c'est apparemment ceque font les techniques inventées par les hommes.

Prenons quelques exemples. § 1.2 Pensons à un passage du Gorgias de Platon.

Socrate y nomme un certain nombre de technique.

Lagymnastique d'abord, qui se soucie du bien du corps puisqu'elle permet d'être en bonne santé.

La médecine ensuite,qui procure au corps la santé lorsqu'il l'a perdue.

Puis la législation (nomothetiké), qui forme les âmes et leur permetd'être justes.

Enfin, la justice qui, par le châtiment, redresse l'âme et la soigne. § 1.3 Ces techniques concernent toutes l'homme.

Que lui apportent-elles? Prenons la médecine d'abord.

Elle redonnela santé au corps qui l'a perdue.

Nous savons comment elle s'y prend.

Elle stimule les défenses de l'organisme, elleles modifie afin que le corps puisse mieux lutter.

Qu'est-ce que cela signifie sinon qu'elle améliore le corps dumalade, qu'elle le change en mieux? Prenons maintenant le cas de la gymnastique.

Socrate nous dit qu'elle apporte,comme la médecine, la santé.

Mais cette fois, il ne s'agit plus d'un corps malade.

On a affaire à un corps quipossède déjà la santé.

Que signifie : apporter la santé à un corps qui la possède déjà? Ceci sans doute : accroîtreles capacités de résistance du corps afin qu'il reste plus longtemps en bonne santé.

Là encore, le changementproduit consiste à rendre meilleur.

La technique engendre une amélioration.

On parviendrait à la même conclusionavec les deux autres techniques mentionnées par Socrate : la législation et la justice.

Elles aussi produisent uneamélioration.

Elles rendent meilleure l'âme de ceux qui s'y soumettent. § 1.4 On voit bien ici qu'il n'y a pas destruction, mais amélioration, c'est-à-dire exploitation vers le mieux decapacités existant déjà.

Ces capacités peuvent être diminuées, et alors l'amélioration consistera à les restaurer.

Cescapacités peuvent être simplement sous-développées, et alors l'amélioration consistera à les développer. § 1.5 Mais essayons de dépasser les exemples.

Pour cela, demandons-nous ce qui différencie l'homme de l'animal.Avec Bergson, on peut répondre que c'est cette capacité qu'a l'homme à fabriquer des outils ou plutôt (puisquel'homme n'est ni le seul animal à fabriquer des outils ni même le seul à en posséder) à en varier indéfiniment lenombre.

Or qu'est-ce qu'un outil? Un simple prolongement de la main, du corps.

Grâce à l'outil, l'homme ne fait pasquelque chose que sa main n'aurait pu faire.

Il fait la même chose, mais mieux, plus facilement.

Les outils, parconséquent, cette part si importante de notre technique, ne sont au fond que des améliorations de nos capacitésnaturelles.

Ils transforment en mieux notre nature.On pourrait en dire autant des machines.

Inventions plus récentes, bien sûr, mais simples perfectionnements desoutils, les machines ne sont rien d'autres que des outils indépendants.

Des outils qui peuvent se détacher du corpsde l'homme et fonctionner sans lui.

Une machine fait donc ce que l'homme pourrait faire, mais mieux, plus vite, defaçon plus économique, etc.

Or les machines sont des techniques de production.

La technique est donc là encoreune manière d'améliorer la nature humaine. § 1.6 Ce qui vaut pour l'homme, pour ses capacités naturelles, vaut également pour les capacités de la nature elle-même.

On connaît les multiples techniques qui permettent d'accroître la production des végétaux et de certainsêtres vivants (bovins, ovins, etc.).

Il y a là une amélioration des capacités de la nature. § 1.7 Ainsi, quelles que soient les techniques humaines que l'on considère, elles paraissent toujours produire uneamélioration.

Or, nous affirmions en commençant que le but de la technique est d'améliorer la nature.

N'en avons-nous pas là une justification? Si les hommes se sont donnés la peine de créer des techniques, n'est-ce pas pourproduire cette amélioration que nous venons de mettre en évidence? Le fait que les techniques produisent uneamélioration de la nature n'est-il pas une preuve suffisante que les techniques ont été développées pour cela? Etmême si l'on montrait que ce n'est pas en vue de cette amélioration que les hommes ont créé des techniques, n'est-ce pas cependant pour ce but qu'ils les mettent en oeuvre? § 1.8 Une objection vient malgré tout à l'esprit.

On nous reprochera de jouer sur les mots.

On fera remarquerqu'améliorer les capacités de la nature ne signifie pas forcément améliorer la nature.

Mieux.

On montrera quesouvent en développant ses techniques et en les mettant en pratique, l'homme n'améliore pas la nature, mais ladétruit.

Ainsi, les multiples techniques qui permettent d'accroître la fertilité des sols cultivés provoquent en fait leur. »

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