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La technique est-elle spécifiquement humaine ?

Publié le 23/01/2004

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Sont-ce là la destinée humaine, une erreur de la nature, ou des problèmes temporaires de croissance ? ergson: A quelle date faisons-nous remonter l'apparition de l'homme sur la terre ? Au temps où se fabriquèrent les premières armes, les premiers outils. On n'a pas oublié la querelle mémorable qui s'éleva autour de la découverte de Boucher de Perthes dans la carrière de Moulin-Quignon. La question était de savoir si l'on avait affaire à des haches véritables ou à des fragments de silex brisés accidentellement. Mais que, si c'étaient des hachettes, on fût bien en présence d'une intelligence, et plus particulièrement de l'intelligence humaine, personne un seul instant n'en douta. Ouvrons, d'autre part, un recueil d'anecdotes sur l'intelligence des animaux. Nous verrons qu'à côté de beaucoup d'actes explicables par l'imitation, ou par l'association automatique des images, il en est que nous n'hésitons pas à déclarer intelligents ; en première ligne figurent ceux qui témoignent d'une pensée de fabrication, soit que l'animal arrive à façonner lui-même un instrument grossier, soit qu'il utilise à son profit un objet fabriqué par l'homme. Les animaux qu'on classe tout de suite après l'homme au point de vue de l'intelligence, les Singes et les Éléphants, sont ceux qui savent employer, à l'occasion, un instrument artificiel. Au-dessous d'eux, mais non pas très loin d'eux, on mettra ceux qui reconnaissent un objet fabriqué : par exemple le Renard, qui sait fort bien qu'un piège est un piège.
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« On sait que les grands singes utilisent ce qui semble avoir une fonction comparable à l'outil dans leur activité dechasse ou de protection contre les prédateurs.

Par exemple, un chimpanzé est capable de se servir d'une branched'arbre qu'il aura pris soin d'effeuiller préalablement pour recueillir des termites ou des fourmis au fond de leur trou.De la même manière, un castor est capable de fabriquer ce qui ressemble à nos barrages sur les rivières...

PourLeroi-Gourhan, il y a une différence de nature et pas seulement de degré entre la capacité humaine à inventer desoutils et ce qui s'apparente plutôt chez l'animal à un simple détournement d'objet: " La fabrication et l'usage dubiface relèvent d'un mécanisme très différent, puisque les opérations de fabrication préexistent à l'occasion d'usageet puisque l'outil persiste en vue d'actions ultérieures.

" Le biface, c'est la pierre taillée la plus primitive que l'onconnaisse en paléontologie.

Mais il révèle déjà une pensée et pas seulement un instinct.

Les opérations defabrication préexistent à l'usage de l'objet : autrement dit, l'homme fabrique d'abord le biface dans sa tête avant depasser à l'acte avec le silex.

Par ailleurs, il y a conservation de cet outil, ce qui signifie que l'homme sait qu'il vapouvoir s'en servir ultérieurement.

II.

la technique est essentielle a.

La technique n'est pas forcément un éloignement de la nature humaine, elle peut en être sa prolongation. Toute la technique ne se résume pas à la technique moderne, elle peut être aussi la simple fabrication d'outils, lacréation d'appareillage pour soulager l'homme d'efforts difficiles mais pourtant nécessaires.

A ce propos, La Physique d'Aristote dit : « La technè [...] parachève ce que la nature est dans l'impossibilité d'élaborer jusqu'au bout ».

Mais si la technè effectue ce que la nature est dans l'impossibilité d'accomplir, c'est que cette chose était déjà portée par, donc elle est actualisation non naturelle d'un possible qui ne peut pas ne pas être naturel, par l'intermédiaire decet agent particulier, l'homme, dont la physis propre contient précisément la virtualité d'actualiser le virtuel de la physis en général.

La technique peut être imitation de la nature, elle peut magnifier celle-ci par des ouvrages, elle peut la rendre accessible à l'homme, et simplement par le biais du travail, comme le pense Hegel , que l'homme s'approprie le monde qui l'entoure et le fasse sien afin de s'y reconnaître.

Dans la Phénoménologie de l'Esprit , en particulier dans la dialectique du maître et de l'esclave, Hegel explique l'importance du travail et par là de la techniquepour la fondation de l'humanité de l'homme.

Désormais le valet est par letravail maître de la nature, et n'y est plus subordonné comme il l'était lors deson état animal.

Le travail est libération de soi vis-à-vis de la nature donnée,mais aussi vis-à-vis de sa propre nature d'esclave.

Le travail éduque l'hommeen refrénant ses désirs, à la différence du maître qui jouit insatiablement dece qu'il désire.

C'est en transformant le monde naturel selon ses intentionsque l'homme prend conscience de sa valeur, de sa réalité humaine initiatricede progrès et de dynamisme dans le temps et dans l'espace, dans l'Histoire etdans le Monde.

L'activité du travail est aussi fonction de libération de la peur,de l'angoisse que le valet a éprouvée depuis sa lutte avec le maître.

Le valetprendra conscience alors par le travail de sa liberté intérieure ou abstraite,car il ne vit pas en homme libre de façon effective.

Il n'est libre que par etpour sa pensée, en tant qu'entêtement, « liberté arrêtée à l'intérieure de laservitude.

» On ne devient véritablement humain, c'est-à-dire libre qu'aprèsavoir exercé une activité transformatrice sur le monde, qu'une activité quipart extension peut être une technique.

III.

La technique déshumanise a.

L'ouvrier n'est aliéné dans le produit que parce qu'il est aliéné dans l'activité du travail elle-même ; c'est lui- même que l'homme aliène, dans une activité qui appartient à un autre.

Finalement, le travail aliéné rend étranger àl'homme la nature, lui-même, l'autre homme, « la vie générique et la vie individuelle ».

Le travail rendu étranger, letravail aliéné, vient ainsi occuper la place dont Hegel faisait résulter de la prise de possession immédiate, devient lerésultat, inconnu de l'homme propriétaire, du travail aliéné, du travail devenu étranger.

En d'autres termes, leproduit du travail devient étranger à l'homme qui l'a produit de par la division du travail de l'économie capitaliste.L'homme rencontre le produit de son travail comme un être étranger, comme une puissance indépendante de lui-même en tant que producteur.

Cette promotion de l'aliénation suppose que l'économie marchande elle-même couvretous les rapports de l'homme à la nature, par la production et la consommation, et ceux de l'homme à l'homme, parla relation d'échange.

L'aliénation vient de l'oubli du rapport de l'homme à la nature, de son recouvrement par deslois d'échanges qui n'ont rien de naturel.

L'homme n'est plus possesseur de son essence, le mode de productioncapitaliste va contre la nature de l'homme.

Aussi, Marx et ses disciples tenteront de redonner au travail une dimension plus humaine par le biais du communisme.

Il tente en vérité de rapprocher l'homme du produit de sontravail, et de revenir à une vraie reconnaissance du travail de l'ouvrier dans son objet.

Dans ce cadre, l'activitétechnique est ce qui a engendré l'aliénation, la division du travail, la parcellisation engendrée par la mécanisation etl'automatisation.

b. Longtemps l'activité technique a été dévalorisée en comparaison des activités intellectuelles.

Cette distinction remonte à la philosophie grecque qui sépare l'activité contemplative, purement noétique, qui relève de l'esprit quiest distinguée de la poiesis.

Aristote dans l'Ethique à Nicomaque théorisera cet aspect.

Aussi cette idée sera tenace et corroborée par l'évolution des procédés techniques de la civilisation industrielle et capitaliste.

Lamécanisation a enlevé à l'homme une partie de son pouvoir d'action.

Il a l'impression par la division du travail, saparcellisation qu'il n'est plus l'auteur, l'instigateur des objets qu'il fabrique.

Il n'est plus qu'un exécutant, qu'unebranche du mécanisme à l'instar de Charlot dans le film les Temps Modernes .

Ce processus porte le nom d'aliénation. »

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