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Le temps est-il en nous ou hors de nous ?

Publié le 13/01/2004

Extrait du document

temps
) « C'est l'homme tout entier qui est le temps incarné, un temps à deux pattes, qui va, qui vient et qui meurt : aussi l'homme n'a-t-il aucune prise sur le temps; nous ne pouvons que substituer au temps ce qui n'est pas lui, le confondre avec ces compteurs sociaux que sont les horloges et les calendriers. » Jankélévitch, Quelque part dans l'inachevé, 1978.Nous ne pouvons penser le temps. Toutes nos pensées déjà s'inscrivent dans le temps, lequel est, selon Jankélévitch, « consubstantiel à notre pensée, à notre existence, à tous nos actes ». Quant aux horloges et aux calendriers, même s'ils disparaissaient définitivement de la surface de la terre, le temps continuerait de s'écouler sans eux. « Le temps est un enfant qui s'amuse, il joue au trictrac. A l'enfant la royauté. » Héraclite (vie s. av. J.

·         Angles d’analyse

 

La question soulève ici l’épineux problème de la dépendance de l’existence (humaine plus précisément dans notre cas) à la dimension temporelle. Il semble en effet que nous ne sommes dans le temps. Notre vie s’organise suivant de grands moments (naissance, mariage, mort, etc.) mais au-delà, nos journées et nos rythmes biologiques sont eux-mêmes rythmés par nos emplois du temps souvent chargés.

Il semble alors, a priori, plus évident d’affirmer que nous sommes dans le temps, et donc a fortiori que ce dernier nous est constitutif, plus que le contraire. Pour autant, puisque le temps apparaît comme une catégorie essentielle et structurante pour notre existence et notre quotidien, on peut se demander si ce n’est pas le temps qui est en nous.

C’est ainsi le problème de la condition de possibilité du temps par rapport à nous ou à l’inverse du nous par rapport au temps qui est ici mis à la question. Lequel des deux rend possible et constitue l’autre ?

Il est vrai que le temps passe, mais que je ne peux jamais l’arrêter pour saisir le passage lui-même ; pourtant, en même temps qu’insaisissable, il a une évidence intuitive : « Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais, mais que je veuille l’expliquer à la demande, je ne le sais pas ! « (Saint Augustin) Cela signifie-t-il que le temps est dans ma conscience ? En effet, il semble que le passé, qui n’existe plus, ne soit pas ailleurs que dans ma mémoire, et le futur, seulement dans mon projet. Le présent, lui, semble se confondre avec la conscience que j’en ai.

Problématique

 

            S’il est vrai que nous n’existons que par et à travers le temps, cela veut-il pour autant dire que c’est le temps qui nous constitue et qui rend notre existence possible et consciente ? N’est-ce pas aussi juste, en partant de ce même constat, d’affirmer que nous comprenons en nous le temps et le projetons ainsi sur notre réalité ? Sur quel critère si fier pour trancher entre l’alternative ? Cette dernière ne peut-elle pas d’ailleurs être elle-même dépassée ?

temps

« pas à l'espace parcouru.

Le temps est quelque chose d'autre et quelque chose de plus que l'espace.

La confusions'explique par l'attitude de notre intelligence dans l'acte de connaissance.

Nous recherchons la stabilité, l'immobile,le vrai "pour toujours".

Or l'essence même de la réalité c'est le mouvant, le changeant, le devenir, la temporalité.L'être de la réalité, c'est la durée.

C'est mettre la réalité entre parenthèses que d'y supprimer le mouvant, en lespatialisant dans un système de coordonnées et de repères fixes.

Dans sa quête de la connaissance, l'espritimmobilise ce que la vie ne cesse de modifier et de transformer.

Le temps, considéré en lui-même, se donne dansl'intuition de la durée que l'on peut comparer analogiquement à une mélodie musicale.

Une note isolée perd tout senset toute signification.

C'est dans son rapport entier à la mélodie, indécomposable en soi, que la note exprimequelque chose de concret et de vivant.

Toutes les opérations de découpage du temps nous voilent son essence.

Ladurée vécue est au contraire surprise, dévoilement, création, ressourcement, élan vital, changement et nouveauté.Le temps concret est la création même de la vie en ce qu'elle a d'imprévisible et d'inédit.

La représentation aposteriori de la durée la fige et l'immobilise, mais au coeur de l'instant, elle est l'émergence de ce qui n'a jamais eulieu, et qui ne se reproduira pas.

La représentation objective du temps s'explique pour des raisons d'organisationpratique, le temps devient quelque chose d'universel, de mono-toile et d'abstrait dans lequel nous pouvons nousreconnaître et accorder nos actions ; mais pourtant, sous ce mécanisme spatial plaqué artificiellement, le tempsvécu reste cette mélodie organique où chaque instant nourrit l'autre et en diffère, où chaque moment ne sereproduit jamais deux fois de la même manière, où la nouveauté et l'inédit se font à chaque instant sans cesser dese poursuivre. B - Le mouvement du temps : le corps ¦ Si le temps est ce prolongement continu, alors tout le passé se conserve d'une certaine manière, et c'est lui quiavance dans le présent.

Mais ce n'est pas ma conscience qui est le temps, c'est mon corps qui l'a transformé enmémoire.

En effet, une leçon apprise par coeur mobilise deux mémoires : l'une transforme le temps en habitudesensori-motrice, les sensations en mémoire corporelle, qui rendront possibles d'autres actions en actualisant cepassé ; l'autre gardera une image » datée, spécifique de chaque lecture individuelle de ma leçon.

Ces images sont àla fois conservées (virtuellement) et effacées : elles perdent leur contenu empirique concret ; mais revient parfoisune image « pure », en quelque sorte sans matière.

Le corps est la traduction sensible de tout ce passé : enavançant dans le présent, il traverse une épaisseur de durée.

Le temps n'est donc littéralement ni en nous ni horsde nous : c'est notre passé qui s'est progressivement fait corps en même temps qu'esprit, comme le montrent lestraits d'un visage, qui portent cette histoire. « Qu'est-ce donc que le temps? Si personne ne me le demande, je le sais; mais si on me le demande et que jeveuille l'expliquer, je ne le sais plus.

» Saint Augustin, Les Confessions, vers 400. Le temps est « le nombre du mouvement selon l'antérieur et le postérieur ».

Aristote, Physique, Ive s.

av.

J.-C.« Le temps est ce qui se fait, et même ce qui fait que tout se fait.

» Bergson, La Pensée et le Mouvant, 1934. « Les dimensions du temps sont 1° le passé, la présence comme supprimée, comme n'étant pas là; 2° l'avenir, lanon-présence, mais déterminée à être là; 3° le présent, en tant qu'immédiat devenir et union des deux autres.

»Hegel, Propédeutique philosophique, 1840 (posth.) « Comment donc ces deux temps, le passé et l'avenir, sont-ils, puisque le passé n'est plus et que l'avenir n'estpas encore? Quant au présent, s'il était toujours présent, s'il n'allait pas rejoindre le passé, il ne serait pas dutemps, il serait l'éternité.

» Saint Augustin, Les Confessions, vers 400. « Nous rencontrons d'abord ce paradoxe : le passé n'est plus, l'avenir n'est pas encore, quant au présentinstantané, chacun sait bien qu'il n'est pas du tout, il est la limite d'une division infinie, comme le point sansdimension.

» Sartre, L'Etre et le Néant, 1943. « Ce qu'on nomme le présent, c'est-à-dire l'événement en simultanéité, n'a jamais de consistance, il est pours'évanouir, son être coïncide avec son évanescence.

» Sartre, Cahiers pour une morale, 1983 (posth.) « Ô Temps ! Suspends ton vol ! C'est k voeu du poète, mais qui se détruit par la contradiction, si l'on demande :"Combien de temps le Temps va-t-il suspendre son vol ? »Alain, Éléments de philosophie, 1941. « L'idée de temps est une intuition.

Et puisqu'elle est conçue, avant route sensation, comme la condition des. »

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