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Le temps est-il en nous ou hors de nous ?

Publié le 11/01/2004

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temps
donné a priori. En lui seul est possible toute réalité des phénomènes. Ceux-ci peuvent bien disparaître tous ensemble, mais le temps lui-même (comme condition générale de leur possibilité) ne peut être supprimé. » Kant, Critique de la raison pure, 1781. Est a priori ce qui est indépendant de toute expérience. « Le temps n'est pas un concept discursif, ou, comme on dit, un concept général, mais une forme pure de l'intuition sensible. » Kant, Critique de la raison pure, 1781. « Je ne suis pas dans l'espace et dans le temps, je ne pense pas l'espace et le temps; je suis à l'espace et au temps, mon corps s'applique à eux et les embrasse. » Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, 1945. « L'étendue est la marque de ma puissance.

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« 3.

Le temps n'est autre chose que « la forme du sens interne », c'est l'intuition de nous-même et de notre étatintérieur.

Le temps « en nous » est ce qui permet de recevoir ce qui est « hors de nous » : les représentations deschoses extérieures appartiennent toujours à un « état intérieur ». 4.

Enfin, il y a une primauté du temps sur l'espace, car si l'espace est seulement la condition a priori desphénomènes extérieurs, le temps est condition a priori à la fois des phénomènes extérieurs (qui se ramènenttoujours à un état intérieur) et des phénomènes intérieurs. Au niveau de la personne, il y a une tentation de ne privilégier que le seul présent.

Ainsi, pour saint Augustin, si Dieuest immuablement éternel, pour l'homme « ni l'avenir ni le passé ne sont » (Confessions, Livre XI, chap.

XXVIII),puisque le passé n'est plus et que l'avenir n'est pas encore.

Mais quant au présent, il n'a point d'étendue.

Le tempsn'est rien sans la mémoire : « L'avenir est une attente, le passé est un souvenir.

» Le temps (avec le temps de lagrammaire) n'est en réalité qu'en nous (comme marque de notre finitude) alors que nous le prétendons extérieur. "Il est maintenant clair et évident que les choses futures ni les choses passées ne sont point, etque c'est improprement qu'on dit : il y a trois temps : le passé, le présent, le futur, mais sansdoute dirait-on correctement : il y a trois temps, le présent des choses passées, le présent deschoses présentes, le présent des choses futures.

Car ces trois sortes de choses sont bien dansl'âme et je ne les vois point ailleurs : la mémoire présente des choses passées, la conscienceprésente des choses présentes et l'attente présente des choses futures.

Si l'on nous permet deparler ainsi, alors je vois trois temps et j'accorde qu'il y en a trois.

Que l'on dise encore : il y atrois temps, le passé, le présent et le futur, selon un usage abusif, soit! je n'en ai cure, je ne m'yoppose ni ne le blâme, pourvu toutefois que l'on comprenne ce que l'on dit, à savoir que ni ce quiest futur soit déjà, ni ce qui est passé soit encore.

Car nous parlons de peu de chosescorrectement, de la plupart incorrectement, mais on voit bien ce que nous voulons dire." SAINTAUGUSTIN § 1.

Étude ordonnée du texte Relevant un abus de langage qui parle indûment de trois temps, le passé, le présent.

le futur, saintAugustin montre que le temps se présente à la conscience comme une triple présence, sous la forme dela mémoire, de la conscience et de l'attente, ordre qu'il renverse quand il analyse ce qu'est pour le sujetle déroulement du temps.

«L'objet de l'attente passe par celui de l'attention à celui de la mémoire.» Letemps n'a donc pas d'existence réelle : «Si donc le présent n'est un temps que parce qu'il s'écoule etdevient un temps passé, comment pouvons-nous dire qu'une chose soit, laquelle n'a d'autre cause queson être, sinon qu'elle ne sera plus? De sorte que nous ne pouvons cire avec vérité que le temps soit,sinon parce qu'il tend à ne pas être.

» L'être du temps est de tendre au non-être : c'est le langage mêmede Sartre.

Le temps est l'acte de la conscience, qui se déploie à la fois sur le passé et sur l'avenir commesur le présent.

Les trois modes du temps «sont bien dans l'âme et, dit saint Augustin, je ne les vois pasailleurs».

Attente, attention, mémoire, c'est toujours l'acte d'un même esprit. § 2.

Intérêt philosophique Cette idée qu'il n'y a pas trois temps, mais trois formes de présence à la conscience, anticipe de plus dequinze cents ans les analyses contemporaines par lesquelles la phénoménologie et l'existentialisme en uneétonnante rencontre dégagent la notion de temporalité.

A vrai dire, elles étaient préparées dans laphilosophie moderne par la pensée hégélienne.

En effet, selon l'opinion commune, et c'est aussi le pointde vue de ta science qui fait abstraction du sujet, le présent est la conséquence du passé et l'avenir laconséquence du présent et cet ordre est conforme aux principes du déterminisme et de la causalité.

Maiss'agissant de l'action humaine, le cours du temps est ordonné au principe de finalité.

Par suite, si ce sontles relations temporelles que forme la conscience du sujet qui donne leur signification aux événements,alors les rapports du temps se renversent, et c'est Hegel qui, dans la Phénoménologie de l'esprit, a mis auclair te premier ce renversement fondamental.

Non seulement c'est la pensée de l'homme qui fait la liaisonentre les différents états de l'univers, mais l'univers n'est que moyen pour l'avenir humain.

Il n'y a detemps que s'il y a histoire, c'est-à-dire existence humaine.

L'homme est dans le temps et le tempsn'existe pas en dehors de l'homme.

L'homme, seul être historique, vit dans un temps où prime l'avenir, caril est mû par ce désir créateur qui lui est propre et qui engendre son histoire et l'histoire.

Dès lors, lemouvement ne va plus du passé vers l'avenir en passant par le présent, mais il naît dans l'avenir et vavers le passé en passant par le présent.C'est cette réflexion qu'a développée la pensée contemporaine.

En premier lieu, comme l'avait vu saintAugustin, la temporalité est globale, elle ne considère pas le passé, le présent et l'avenir comme unecollection de données dont il faudrait faire la somme, elle est, dit Sartre, «une totalité qui domine sesstructures secondaires et leur confère leur signification».

En second lieu, et c'est l'idée de base du textede saint Augustin, la réalité du temps ne peut être que pensée.

Le temps est l'unité d'une multiplicité quise développe.

Chacune des phases du temps est irréductible et elle ne cesse de se convertir selon unordre irréversible dans celle qui suit, de telle sorte que le temps n'est dans aucune de ces phases prises. »

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