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Le temps est-il en nous ou hors de nous ?

Publié le 12/03/2004

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temps

En effet, une leçon apprise par coeur mobilise deux mémoires : l'une transforme le temps en habitude sensori-motrice, les sensations en mémoire corporelle, qui rendront possibles d'autres actions en actualisant ce passé ; l'autre gardera une image « datée, spécifique de chaque lecture individuelle de ma leçon. Ces images sont à la fois conservées (virtuellement) et effacées : elles perdent leur contenu empirique concret ; mais revient parfois une image « pure «, en quelque sorte sans matière. Le corps est la traduction sensible de tout ce passé : en avançant dans le présent, il traverse une épaisseur de durée. Le temps n'est donc littéralement ni en nous ni hors de nous : c'est notre passé qui s'est progressivement fait corps en même temps qu'esprit, comme le montrent les traits d'un visage, qui portent cette histoire.

Puisque nous sommes capables de percevoir et de mesurer le temps, celui-ci doit être considéré comme une réalité qui existe objectivement en dehors de ma conscience. Il est ce qui demeure et rend possible la perception du changement.

MAIS...

Quand je mesure le temps, je mesure en réalité la durée de mes états de conscience et non pas une durée objective extérieure à moi. Le passé, le présent et l'avenir n'ont pas d'être objectif, mais seulement celui que leur concède l'âme.

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« psychiques, lorsque la conscience est perturbée, le temps s'arrête en quelque sorte.

Mais il n'est pas non plus cettereprésentation abstraite qui le confond avec l'espace, comme un ensemble de points isolables, d'instants séparés.¦ Dans sa réalité concrète, le présent est durée, et nos états psychologiques en sont le contenu ; par exemple, letemps particulier d'une attente, qui pourra être compté » a posteriori (trois heures).

Mais concrètement, c'est uneseule durée perçue, continue et indivisible, qui paraissait tantôt courte ou longue selon ma patience ou monimpatience. Selon Bergson, la durée est la réalité même : c'est-à-dire la durée pensée etconcrètement vécue, le temps de la conscience intime, et non la durée mesuréecomme une distance d'un point à un autre.

Afin de saisir cette durée, lephilosophe doit se réconcilier avec ce qu'il vit concrètement et faire prévaloir laperception des choses sur leur conceptualisation. Comment appréhender cette durée qui semble toute intime ? Il convient d'opérerune conversion, de nous défaire des habitudes de pensées qui réduisent le réel àune ombre de lui-même, en ne faisant que le mesurer et le diviser par purintérêt.

Si nous n'avons de la durée que cette perception réduite, cela signifieque, pour nous, la durée est d'abord ce qui nous sépare de quelque chose ou, sil'on veut, un moyen terme entre un début et une fin.

Ce moyen terme n'estdonc pas perçu pour lui-même, mais en vue d'autre chose, et la réduction de ladurée à de l'espace signale d'abord une conception utilitaire du monde, bien loindu désintéressement qui devrait être celui du philosophe.

Si nous voulons saisirou contempler la durée en son absoluité, ou du moins nous en rapprocher, ilnous faut nous défaire de notre obsession pour l'action. B - Le mouvement du temps : le corps ¦ Si le temps est ce prolongement continu, alors tout le passé se conserve d'une certaine manière, et c'est lui quiavance dans le présent.

Mais ce n'est pas ma conscience qui est le temps, c'est mon corps qui l'a transformé enmémoire.

En effet, une leçon apprise par coeur mobilise deux mémoires : l'une transforme le temps en habitudesensori-motrice, les sensations en mémoire corporelle, qui rendront possibles d'autres actions en actualisant cepassé ; l'autre gardera une image » datée, spécifique de chaque lecture individuelle de ma leçon.

Ces images sont àla fois conservées (virtuellement) et effacées : elles perdent leur contenu empirique concret ; mais revient parfoisune image « pure », en quelque sorte sans matière.

Le corps est la traduction sensible de tout ce passé : enavançant dans le présent, il traverse une épaisseur de durée.

Le temps n'est donc littéralement ni en nous ni horsde nous : c'est notre passé qui s'est progressivement fait corps en même temps qu'esprit, comme le montrent lestraits d'un visage, qui portent cette histoire.

« Qu'est-ce donc que le temps? Si personne ne me le demande, je le sais; mais si on me le demande et que jeveuille l'expliquer, je ne le sais plus.

» Saint Augustin, Les Confessions, vers 400. Le temps est « le nombre du mouvement selon l'antérieur et le postérieur ».

Aristote, Physique, Ive s.

av.

J.-C.« Le temps est ce qui se fait, et même ce qui fait que tout se fait.

» Bergson, La Pensée et le Mouvant, 1934. « Les dimensions du temps sont 1° le passé, la présence comme supprimée, comme n'étant pas là; 2° l'avenir, lanon-présence, mais déterminée à être là; 3° le présent, en tant qu'immédiat devenir et union des deux autres.

»Hegel, Propédeutique philosophique, 1840 (posth.) « Comment donc ces deux temps, le passé et l'avenir, sont-ils, puisque le passé n'est plus et que l'avenir n'estpas encore? Quant au présent, s'il était toujours présent, s'il n'allait pas rejoindre le passé, il ne serait pas dutemps, il serait l'éternité.

» Saint Augustin, Les Confessions, vers 400. « Nous rencontrons d'abord ce paradoxe : le passé n'est plus, l'avenir n'est pas encore,quant au présent instantané, chacun sait bien qu'il n'est pas du tout, il est la limite d'unedivision infinie, comme le point sans dimension.

» Sartre, L'Etre et le Néant, 1943.. »

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