TEXTE: LES METEORES, DISCOURS HUITIEME, DE L'ARC-EN-CIEL. DESCARTES

 En suite de quoi, j'ai tâché de connaître pourquoi ces couleurs sont autres vers H que vers F, nonobstant que la réfraction et l'ombre et la lumière y concourent en même sorte, Et concevant la nature de la lumière telle que je l'ai décrite en la Dioptrique, à savoir comme l'action ou le mouvement d'une certaine matière fort subtile, dont il faut imaginer les parties ainsi que de petites boules qui roulent dans les pores des corps terrestres, j'ai connu que ces boules peuvent rouler en diverses façons, selon les diverses causes qui les y déterminent ;  Et il se démontre, ce me semble, très évidemment de tout ceci que la nature des couleurs qui paraissent vers F ne consiste qu'en ce que les parties de la matière subtile qui transmet l'action de la lumière, tendent à tournoyer avec plus de force qu'à se mouvoir en ligne droite ;  Comme, au contraire, la nature de celles qui se voient vers H ne consiste qu'en ce que ces petites parties ne tournoient pas si vite qu'elles ont de coutume, lorsqu'il n'y a point de cause particulière qui les en empêche ;  Car toute leur vraie nature n'étant que de paraître, c'est, ce me semble, une contradiction de dire qu'elles sont fausses et qu'elles paraissent.