Devoir de Philosophie

Une théorie scientifique est-elle à la fois vraie et provisoire ?

Publié le 21/03/2004

Extrait du document

scientifique
Mais ne serait-ce pas un refus de prendre en compte l'histoire réelle des sciences dans leurs révolutions théoriques? Bachelard soutient longuement dans ses livres sur la physique et la chimie l'idée qu'il y a dans l'histoire des sciences des « sauts », des « bonds », des « failles », « des ruptures ». Autrement dit il n'y aurait pas progression par accumulation simple et élargie (cf. la révolution théorique opérée par Einstein, par exemple, en physique). *   Peut-on concevoir ce progrès, non comme une accumulation, mais comme un développement à partir de principes intangibles, comme déploiement dans le temps de virtualités que le travail des scientifiques accomplirait ? Peut-on soutenir cette conception lorsque l'on remarque, encore une fois, les révolutions théoriques opérées dans les sciences, lorsqu'on note que les sciences, en raison même de leur progression, ruinent leurs principes initiaux. « Les sciences, dit Bachelard, ne partent pas de leurs principes, elles y vont. » *     « Les événements de la science s'enchaînent dans une vérité sans cesse accrue » écrit Bachelard dans Le Matéria­lisme rationnel (PUF, p. 86). (Ce qui ne signifie nullement qu'il s'agisse d'une accumulation simple, continue ou d'un déploiement à partir de principes intangibles.
scientifique

« exigent une interprétation corpusculaire.

D'où la théorie des quanta : l'énergie lumineuse varie de façon discontinue. 1924 : Louis de Broglie ; la mécanique ondulatoire.

Théorie faisant la synthèse (sur un autre plan) de la théorie continuiste et ondulatoire de Maxwell et de la théorie discontinuiste et corpusculaire de Planck : à chaque photonest associée une onde de probabilité qui exprime algébriquement la probabilité de présence de ce photon.Nous pouvons maintenant appréhender à quel point il Serait erroné de penser le progrès des sciences comme uneaccumulation de faits ou de lois découverts, ou comme un déploiement à partir de principes intangibles.

L'histoire duprogrès scientifique c'est l'histoire de contradictions surmontées, une histoire de révolutions théoriques s'enchaînantles unes les autres et telles que l'on rende compte de façon de plus en plus précise d'un nombre grandissant dephénomènes. • Bien voir que ce qui est en jeu dans le sujet précis posé c'est de savoir « s'il y a contradiction à dire que lesconnaissances scientifiques sont à la fois provisoires et vraies » ? • La réponse à la question ne dépendrait-elle pas, en dernière analyse, de l'appréhension que l'on peut se faire de «la vérité » ? • Méditer à ce sujet le texte suivant de Engels extrait de Ludwig Feuerbach. citation « Par là, on avait repris le côté révolutionnaire de la philosophie de Hegel, et on l'avait débarrassée, du même coup,de ses chamarrures idéalistes qui, chez Hegel, en avaient empêché l'application conséquente.

La grande idéefondamentale selon laquelle le monde ne doit pas être considéré comme un complexe de choses achevées, maiscomme un complexe de processus — où les choses, en apparence stables, tout autant que leurs reflets intellectuelsdans notre cerveau, les concepts passent par un changement ininterrompu de devenir et de périr où, finalement,malgré tous les hasards apparents et tous les retours momentanés en arrière, un développement progressif finit parse faire jour — cette grande idée fondamentale a, surtout depuis Hegel, pénétré si profondément dans la consciencecourante qu'elle ne trouve sous cette forme générale presque plus de contradiction.

Mais la reconnaître en paroleset l'appliquer, dans la réalité, en détail, à chaque domaine soumis à l'investigation, sont deux choses différentes.

Or,si l'on part constamment de ce point de vue dans la recherche, on cesse une fois pour toutes de demander dessolutions définitives et des vérités éternelles ; on a toujours conscience du caractère nécessairement borné detoute connaissance acquise, de sa dépendance à l'égard des conditions dans lesquelles elle a été acquise ; on nes'en laisse plus imposer non plus par les oppositions irréductibles pour la vieille métaphysique qui a toujours cours, duVrai et du faux, du bien et du mal, de l'identique et du différent, du nécessaire et du contingent ; on sait que cesoppositions n'ont qu'une valeur relative, que ce qui est maintenant reconnu comme vrai a son côté faux caché quiapparaîtra plus tard, tout comme ce qui est actuellement reconnu comme faux a son côté vrai grâce auquel il a puprécédemment être considéré comme vrai ; que ce que l'on affirme nécessaire est composé de purs hasards et quele prétendu hasard est la forme sous laquelle se cache la nécessité — et ainsi de suite.

» 1.

Contradiction : distinguez bien contraire et contradictoire.

Des contraires s'opposent, comme grand et petit, parexemple.

Mais ils ne deviennent contradictoires que si l'un implique la négation, l'exclusion de l'autre.

Par exemple :Pierre est grand par rapport à Jean, mais petit par rapport à Paul.

Ce sont des contraires.

Mais si nous disons :Pierre est grand et petit par rapport à Jean, alors c'est contradictoire, car l'un exclut l'autre.

Ainsi la contrariétén'est pas la contradiction.

Cela permet de mieux comprendre la spécificité du sujet.

Une contradiction signel'incompatibilité entre des éléments, idées, jugements, raisonnements.

Elle transgresse le principe logique du tiersexclu (si A est vrai, alors non-A ne peut l'être).

Il s'agit donc, ici, de trouver le point qui pourrait conduire àl'exclusion mutuelle des deux termes en question : vrai et provisoire. 2.

Connaissance scientifique : il ne s'agit pas de n'importe quelle connaissance, mais de celle que la science (et lessciences) construit rationnellement, par opposition à l'opinion. 3.

Vraie et provisoire : ce que vise la science ramène toujours à l'idée de vérité : vérité des jugements, des énoncésscientifiques, des théories.

Or, la science contient l'exigence de stabilité du jugement vrai, contrairement à l'opinionvraisemblable et instable.

Mais, du coup, cette stabilité de la véritable connaissance apparaît comme un critèreessentiel.

Cela explique le recours aux mathématiques, dont les règles universelles et nécessaires garantissentcontre l'instabilité de la croyance caractéristique de la simple opinion.

Dire que la somme des angles d'un triangle estégale à deux droits, ne relève pas de l'opinion, mais de la certitude de l'esprit qui donne son assentiment à uneproposition vraie en soi.

De plus, si l'on entend par vérité l'adéquation entre la chose et la pensée de la chose, entrela réalité et la représentation de la réalité, alors il est nécessaire de trouver les principes de stabilité du jugement,seule garantie de tenir une vérité pour assurée.

Enfin, stabilité de la preuve rationnelle (convaincante, et passeulement persuasive, et importance de la démonstration scientifique.Du côté de l'esprit qui cherche cette vérité, les « règles pour la direction de l'esprit », dirait Descartes, conduisent àmontrer que l'évidence est au coeur de cette démarche.

Alors, et alors seulement, la connaissance est scientifique,à la fois vraie et stable.Sur le plan formel, les règles que l'esprit doit suivre tirent leur force de leur universalité et de leur nécessité.

Làencore, les mathématiques sont exemplaires, comme le montre Leibniz.

La logique du raisonnement, fondée sur un. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles