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Tout choix est-il une mutilation ?

Publié le 27/02/2005

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Le choix se présente donc comme quelque chose qui entraîne nécessairement une perte, mais l'on voit que toutes les pertes ne sont pas équivalentes. Perdre la cargaison du bateau (donc de l'argent), est moins grave que de perdre la vie. Aristote appelle de tels choix, des choix mixtes, c'est-à-dire qui ne sont ni tout à fait libres (s'il n'y avait pas la tempête on ne jetterait pas la marchandise par-dessus bord) ni tout à fait contraintes (on choisit quand même de préférer perdre la marchandise que la vie). De telles actions mixtes reflètent notre condition humaine, où les choix que nous avons à prendre sont toujours dictés en partie par les circonstances. De tels choix sont en un sens des mutilations, mais des mutilations nécessaires, car si l'on n'acceptait pas de les faire on ne pourrait s'inscrire dans la réalité.   II.  Choisir c'est exercer ma liberté et non une mutilation               Lorsque l'on présente le choix comme une mutilation nécessaire, on souligne le fait que l'homme n'est pas tout puissant, et ne peut mener sa vie qu'en acceptant de composer avec les circonstances extérieures, qui limitent ses possibilités de choix. Mais on manque alors le fait qu'en choisissant, l'homme exerce sa liberté. La question qui se pose est alors de savoir si en choisissant l'homme exerce vraiment sa liberté. En effet on pourrait penser que s'il choisit de faire ceci plutôt que cela, c'est qu'il est déterminé à le faire par certaines raisons, et qu'il n'est donc pas vraiment libre (puisqu'il ne choisit pas les raisons qui déterminent sa liberté).

Choisir c’est sélectionner une possibilité parmi d’autres, ou se déterminer pour un parti plutôt que l’autre. Le choix comporte donc une double face, d’une part ce qu’il retient, d’autre part ce qu’il exclut. Envisager cette opération comme une mutilation, c’est penser que le sujet qui l’effectue perd quelque chose, qu’il possédait avant. Mais peut-on vraiment considérer que  la perte de l’ensemble de possibilités virtuelles que l’individu avait à sa disposition  est une perte ? Le sujet ne se définit-il pas non pas par ce qu’il pourrait être ou avoir mais par ce qu’il parvient effectivement à être ou à avoir ? On peut pourtant penser que les circonstances amènent souvent à faire des choix on l’on perd ce que l’on aurait pu conserver dans d’autres circonstances. Dans ce sens le choix serait une mutilation guidée par le réel lui-même. Mais dans ce choix j’exerce ma liberté, et cet exercice n’est pas un mutilation, mais l’expression de ce qui me constitue comme sujet. De plus on peut même se demander si ce n’est pas en choisissant que je me saisis libre (ici il ne s’agit plus de l’exercice d’une liberté que j’aurais eue comme une puissance déjà constituée avant le choix, mais comme une capacité que je me découvre à même le choix).

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