Devoir de Philosophie

Tout désir est-il égoïste ?

Publié le 27/02/2005

Extrait du document

Le désir est une force qui pousse à entreprendre. cf. Spinoza dans L'Ethique. Désirer donne de la force, du dynamisme et de l'énergie. Lorsque l'on a des désirs on est entreprenant, actif, on trouve de la joie et un plaisir incomparable dans l'action. On va tout faire pour arriver à combler notre désir. Le désir est un effort pour persévérer dans l'être, c'est la manifestation d'une pulsion de vie. De plus, le désir donne de la valeur aux choses et aux personnes : on juge une chose bonne parce qu'on la désire et on ne la désire pas parce qu'elle est bonne. Par ailleurs, le désir permet à l'humanité tout entière de se perfectionner. Exemple : Rousseau : « Quoiqu'en disent les moralistes, l'entendement humain doit beaucoup aux passions.

Analyse du sujet :

 

  • Désir : Ambiguïté du désir. Associé à l’idée de la possession, de l’acquisition, de la réalisation de quelque chose que l’on sait ou que l’on pense être bon pour soi. Cependant, il est accompagné d’un manque, d’une souffrance. Il est l’expression de la volonté d’accéder à un état autre que le sien, l’impulsion qui pousse toujours et encore l’homme vers quelque chose de nouveau. Ainsi, le désir est lié à l’insatisfaction, même si son but premier est le plaisir, le contentement et le bonheur. Le désir ne peut jamais être assouvi totalement car il ne cesse de se renouveler et de ce fait il est illimité.

 

  • Egoïste : rapporte tout à soi. Animé par l’amour de soi, ne se préoccupe que de son propre plaisir et de son propre intérêt sans se soucier des autres.

 

 

Problématique :

 

Nous sommes ici face à une alternative. Le désir est-il la tendance qui manifeste un repli de l’homme sur lui-même ? Ne met-il pas en avant l’idée d’un homme égocentrique qui se préoccupe seulement de son plaisir particulier et dont l’intérêt ne se porte que sur ce qui peut lui être avant tout bénéfique ? Le désir ne conduit-il pas l’homme à se servir de ce et de ceux qui l’entourent afin de devenir plus heureux, d’acquérir plus de bénéfices ?

Ou bien peut-on penser que le désir, sous couvert d’un égoïsme apparent, est l’expression d’une ouverture vers l’autre, un moyen d’accès au monde, une façon de communiquer, d’être en contact avec l’extérieur en sortant de soi et en élargissant ses perspectives ? Le désir en ce sens peut-il être altruiste ?

« Pour Spinoza, « le désir est l'essence même de l'homme, en tant qu'elle estconçue comme déterminée, par une quelconque affection d'elle-même, à fairequelque chose ».

Le désir est le terme générique englobant tous « les efforts,impulsions, appétits et volitions de l'homme ».

Il constitue l'essence del'homme parce qu'il est le mouvement même par lequel ce dernier s'efforce depersévérer dans son être.

Chacun désire ce qu'il juge utile à la conservationde son être et susceptible d'en accroître la perfection, c'est-à-dire ce qui luisemble bon, ce qu'il aime.

En revanche, il désirera éviter ou détruire ce qui luiparaît faire obstacle au maintien de son être ou entraîner sonamoindrissement.

Ainsi « chacun désire ou tient en aversion nécessairementpar les lois de sa nature ce qu'il juge être bon ou mauvais ».

Le désir est doncune disposition naturelle, et tout désir est en soi légitime.

Cependant ce quel'homme désire parce qu'il le juge comme lui étant utile n'est pasnécessairement ce qui lui est vraiment utile.

C'est que communément «chacun juge selon son propre sentiment ce qui est bon, ce qui est mauvais »,non selon sa droite raison.

Or le sentiment, en tant que passion de l'âme, estune « idée inadéquate », c'est-à-dire mutilée et confuse, et qui est donccause d'erreur et de fausseté.

C'est pourquoi les hommes, en croyantobserver leur intérêt, désirent souvent comme utile ce qui leur est en faitnuisible. LE « CONATUS » OU EFFORT DE L'ÊTRE. Rien ne va au néant.

Le nihilisme est absurde : « Nulle chose ne peut être détruite, sinon par une causeextérieure » (Éthique, III, P.

4).L'essence d'une chose est une manifestation limitée de l'essence de la Cause de soi, qui est puissance infinie :« Tant que nous considérons seulement la chose elle-même, et non les causes extérieures, nous ne pouvonsrien trouver en elle qui puisse la détruire » (ibid.).De là découle la proposition 6, justement célèbre: « De par son être, chaque chose s'efforce de persévérerdans son être » L'être est désir d'être. « Cet effort, rapporté à l'esprit seul, s'appelle volonté ; mais quand il se rapporte à la fois à l'esprit et aucorps, il s'appelle tendance (appetitus) ; la tendance n'est donc rien d'autre que l'essence même de l'homme ;de cette essence découlent nécessairement les actes qui servent à sa conservation; et ainsi l'homme estdéterminé à les faire.

De plus, entre la tendance et le désir (cupiditas) il n'y a nulle différence, sinon que ledésir se rapporte généralement aux hommes dans la mesure où ils sont conscients de leurs tendances et c'estpourquoi on peut donner la définition suivante : Le désir est la tendance accompagnée de la conscience decette même tendance.

Ainsi il est établi que nous faisons effort en vue de quelque chose, la voulons, tendonsvers elle, la désirons, non pas parce que nous jugeons qu'elle est bonne : au contraire, nous jugeons qu'unechose est bonne parce que nous faisons effort pour l'avoir, la voulons, tendons vers elle et la désirons.

»(Éthique, III, P.

9, Sc.).

Ainsi le désir, reconnu par toute la philosophie comme le dynamisme immanent à lanature, exprime directement l'essence de l'être fini, ou puissance finie. Par ailleurs, le désir permet à l'humanité tout entière de se perfectionner.

Exemple : Rousseau : « Quoiqu'en disent les moralistes, l'entendement humain doit beaucoup aux passions.

Nous cherchons à connaître parceque nous désirons jouir ». « Quoi qu'en disent les moralistes, l'entendement humain doitbeaucoup aux passions...

l'homme ait faites en s'éloignant de lacondition animale.» ROUSSEAU. L'entendement dépend de l'activité des passions Rousseau affirme, contre la position traditionnelle des moralistes, l'influencedes passions sur l'entendement.

Les passions sont actives, contrairement àune vision répandue selon laquelle pâtir signifie souffrir.

Le perfectionnementde la raison dépend de l'activité des passions.

La connaissance estimpuissante à s'orienter sans le désir.

Supprimons en nous-mêmes désirs etcraintes, on supprime par là même le ressort de notre raisonnement.

Car onne raisonne pas pour raisonner mais pour mieux aller vers (désir) ou mieuxéviter de (crainte).

Mais les passions elles-mêmes ne sont pas premières,elles ont une origine : les besoins.

Les passions sont donc poussées (par lebas) par les besoins, et tirées (par le haut) par les connaissances, les idées— qui sont de l'ordre de l'entendement.

Ainsi chez Rousseau, lareprésentation de l'homme civilisé, à l'oeuvre de manière sous-jacente pourfaire « fonctionner » le texte, est donc la suivante : à sa base les besoins («l'impulsion de la nature »), de manière intermédiaire les passions (désirs etcraintes), à son sommet l'entendement (les idées).

Les passions sontintercalées entre les besoins et l'entendement.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles