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Tout ordre est-il une violence dissimulée ?

Publié le 13/04/2004

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L'homme vivant en société se voit imposer un certain nombres de règles, qu'il s'agisse de celles du droit, ou celles plus implicites de la communauté. Cet ordre peut être dit « institué « dans la mesure où il apparaît que nous avons très peu de prise directe à l'établissement de telle règles.  Pourtant, il existe un certain nombre de pouvoirs qui reflètent la volonté des citoyens à la mise en place de cet ordre. Dès lors, de quelle violence parle-t-on ? Est-ce une contrainte absolue, presque tyrannique, voulue par un petit nombre, ou une violence « molle « que seuls certains êtres entrevoient comme une pression ?  Les enjeux relèvent principalement du politique, dans la mesure où évoquant « ordre institué « on se réfère aux instituions et règles en présence, mais aussi à une échelle individuelle, puisque cette « violence « trouve son existence dans la manière dont elle est perçue et assimilée.

  • De sa nécessaire remise en cause
  • De la nécessité de l'ordre institué
  • L'ordre institué ne constitue une violence que pour les faibles

 

« Selon Rousseau, les hommes sont contraints de s'associer pour survivre.

Leproblème est de « trouver une forme d'association qui défende et protège detoute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et parlaquelle chacun s'unissant à tous, n'obéisse pourtant qu'à lui-même et resteaussi libre qu'auparavant ».

Sa solution, c'est le contrat social.

Rousseaul'énonce ainsi : « Chacun de nous met en commun sa personne et toute sapuissance sous la suprême direction de la volonté générale, et nous recevonsen corps chaque membre comme partie indivisible du tout.

» Par ce contratchaque individu préserve donc intégralement sa liberté puisqu'il décidelibrement d'obéir à la volonté générale, et son égalité, puisque chacunparticipe également à cette volonté générale.

L'État trouve sa légitimité danscette volonté générale dont il ne doit être que l'expression.

Dès que l'État nereprésente plus cette volonté générale, le contrat est rompu, et l'Étatdevient illégitime. « Trouver une forme d'association qui défende et protège de toute laforce commune la personne et les biens de chaque associé et parlaquelle chacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même etreste aussi libre qu'auparavant» (Rousseau) Le Contrat Social propose une solution à ce difficile problème : Le souverain c'est l'ensemble des membres de la société.

Chaque homme est donc à la fois législateur et sujet : il obéit à la loiqu'il a lui-même établie.

Cela suppose l'existence d'une volonté générale distincte de la somme des volontésparticulières.

Chaque homme a comme individu une volonté particulière qui le conduit à vouloir son intérêt particulieret qui en ce sens le conduit à s'opposer aux autres ; mais il a aussi comme citoyen une volonté générale qui lui faitvouloir le bien de l'ensemble dont il est membre.

Il appartient à l'éducation de former cette volonté générale etRousseau développera ce thème dans son projet de gouvernement pour la Pologne.

« C'est l'éducation qui doitdonner aux âmes la force nationale et diriger tellement leurs opinions et leurs goûts qu'elles soient patriotes parinclination, par passion, par nécessité.

Un enfant en ouvrant les yeux doit voir la patrie et jusqu'à la mort ne doitplus voir qu'elle ».

Les personnages historiques de Moïse ou de Lycurgue sont des exemples de législateurs qui sontparvenus à former leur peuple.

Il est vrai que de nos jours, on ne peut guère espérer rencontrer de tels hommes ;c'est pourquoi, à défaut d'unanimité, les lois pourront ne traduire que la volonté de la majorité. L'ordre peut se fonder sur l'altruismePour Auguste Comte la sympathie, qui chez l'homme est un élan naturel, doit être le ciment d'une société fondée surla connaissance et le pro-grès de la raison.

L'ordre n'a donc aucun rapport avec la violence.

Aimant plus autrui quemoi-même - parce que sans lui, je ne serais rien - , je suis porté à aimer l'ordre en refusant toute violence, qu'ellesoit latente ou déclarée. Comte pense que l'homme est avant tout, non pas un individu ni un être politique, mais un être social.

Un individu nepourrait survivre en dehors de tout lien social, ou du moins ne pourrait accomplir son humanité sans sa relation auxautres hommes.

L'individu doit alors tout à la société dans laquelle se déroule sa vie, il ne peut donc avoir aucundroit sur elle, et est au contraire perpétuellement en dette.

« L'homme n'a que le droit de faire son devoir », toutcomme l'existence d'une cellule n'a d'autre sens que la contribution qu'elle apporte à l'organisme dans lequel elle estinsérée.

La conclusion logique de cette analyse consiste à dire que le sens de l'existence individuelle est de « vivrepour autrui », et c'est Comte qui forge le néologisme d'« altruisme » pour désigner cette orientation fondamentale del'existence individuelle du fait de son inscription au sein d'une société. Idéalement, c'est-à-dire si tous les hommes agissaient raisonnablement,l'ordre, qu'il soit social, politique, économique, n'aurait pas besoin d'avoirrecours à la coercition pour se maintenir.

De fait, tout pouvoir est unecontrainte.

En tant que tel, il dissimule bien une certaine violence.

Celaapparaît nettement dans les régimes despotiques.

L'ordre y règne, mais auprix d'incessantes menaces.

La violence, cause de désordre, est peut-êtreabolie, mais elle cède sa place à la terreur.

Toute société humaine doit sacohésion à l'ordre qu'elle parvient à instaurer et à maintenir.

Cet ordre dissimule une violence d'autant plus grande qu'il impose des règles ne respectant pas ce constat: «Radicalementdifférent de l'ordre mécanique, l'ordre "vivant" est celui qui renaît sans cesse.» (Edgar Morin, Le Paradigme perdu: lanature humaine). »

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