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Tout a-t-il un prix ?

Publié le 27/02/2005

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D'ailleurs chaque marchandise est plus fréquemment échangée, et par conséquent, comparée, avec d'autres marchandises qu'avec du travail. Il est donc plus naturel d'estimer sa valeur échangeable par la quantité de quelque autre denrée que par celle du travail qu'elle peut acheter. »   Le concept de prix se révèle très efficace pour évaluer la valeur des choses, parce qu'il peut faire intervenir à la fois une valeur matérielle et une valeur acquise par un travail, un effort. Il semble alors que l'on puisse appliquer ce concept à un très grand nombre de choses, si ce n'est à toutes, car toute chose semble pouvoir être évaluée par le recours à la notion de prix : il n'y aurait pas d'obstacle à un usage illimité de la notion de prix.   Les limites de la pertinence de la notion de prix   Aristote   « L'argent n'est qu'une fiction et toute sa valeur celle que la loi lui donne. L'opinion de ceux qui en font usage n'a qu'à changer, il ne sera plus d'aucune utilité et ne procurera pas la moindre des choses nécessaires à la vie. On en aurait une énorme quantité qu'on ne trouverait point, par son moyen, les aliments les plus indispensables. Or il est absurde d'appeler richesse un métal dont l'abondance n'empêche pas de mourir de faim ; témoin ce Midas à qui le ciel, pour le punir de son insatiable avarice, avait accordé le don de convertir en or tout ce qu'il toucherait. Les gens sensés placent donc ailleurs les richesses et préfèrent (en quoi ils ont raison) un autre genre d'acquisition. Les vraies richesses sont celles de la nature ; elles seules font l'objet de la science économique.

Il s'agit ici de s'interroger sur l'idée de prix. Cette notion est avant tout de nature économique. Le prix d'une chose est la valeur (en général monétaire) qu'on lui attribue en raison de plusieurs facteurs. On calcule ainsi le prix d'un objet en fonction de sont coût (matière première, énergie nécessaire à sa production, main d'oeuvre, transport...).Mais on doit aussi tenir compte de la différence entre la valeur d'usage et la valeur d'échange. Mais tout peut-il correspondre à ce circuit économique de la valeur ? Pensez à des choses qui ne s'achètent pas, non parce qu'elles sont " hors de prix " ou " inestimables ", mais parce qu'elles échappent totalement à l'idée de prix, d'échange, d'économie. L'homme par exemple ne peut avoir de prix parce qu'il est une personne et non une chose. Ce qui n'a pas de prix est unique et irremplaçable. C'est la différence entre un objet et une personne, et cela vous oblige à interroger le sujet à partir de ce postulat moral : tout ne s'achète pas...

On peut alors envisager une compréhension du prix comme métaphore de l'effort, et poser la question de l'existence d'une gratuité, que cette gratuité soit matérielle (économique) ou métaphorique. « Payer le prix de quelque chose «, cela peut être en effet fournir la somme exigée par elle, mais aussi mettre en oeuvre des efforts personnels, qui n'ont rien d'économique, pour atteindre cette chose, qui peut être immatérielle – on pourrait parler ainsi, par exemple, d'un prix du bonheur, ou d'un prix de la sagesse, pour désigner le travail qui permettrait de mener à elles. Cela permettrait de répondre à la question posée par l'emploi du mot « tout « dans le sujet : si « tout « désigne un ensemble dont rien n'est exclu, les choses qui y sont contenues peuvent être différemment concernées par cet ensemble, et alors, ou bien certaines choses seraient totalement gratuites et ne demanderaient ni contrepartie économique ni effort, ou bien les choses qui échappent au prix économique seraient concernées par une autre forme de prix, sans doute plus difficile à payer, cette forme de prix correspondant à un travail personnel. Il faudra définir les critères de reconnaissance de ces différentes catégories d'objets, afin de pouvoir évaluer la pertinence générale du concept de prix.

 

« L'expression populaire dit que « l'argent ne fait pas le bonheur ».

Pourtant, nous sommes tous en quête d'argent :nous voulons tout avoir, combler tous nos désirs même si pour cela nous devons dépenser beaucoup.

Mais tout a-t-il un prix? Cette question évidemment un milliardaire peut se la poser tout autant que le chômeur qui rêve de ce qu'ilferait s'il avait de l'argent.

Est-il alors de fait possible de tout acheter ? Lorsque je souhaite acheter un objet, jepasse par l'acte fondamental de l'échange.

Cet échange se fait cependant sous une forme particulière qui passe parla médiation de l'argent.

Le terme conceptuel correspondant est acheter/vendre : les deux étant inséparable, car làoù quelqu'un achète, il y en a un autre pour vendre.

Ainsi, ce qui est spécifique dans l'acte d'acheter avecl'apparition de la monnaie, c'est la prétention d'évaluer tout et n'importe quoi en termes d'argent. Se demander si tout a un prix, c'est se demander si tous les objets, aussi bien choses (armoires,biscuits…), service (garde d'enfant, éducation scolaire…), oeuvres (sculpture, tableau, roman…) et même personnes sont des marchandises.

Ainsi, tout est-il à vendre ? Cette interrogation soulève également un problème de « droit ».

Est-il en effet concevable de se permettre de considérer que tout peut s'acheter, de tout réduire à une valeur marchande monnayable, sans se poser un seulinstant la question de savoir si on a le droit de tout réduire à de la marchandise ? Nous nous demanderons dans un premier temps ce qu'est acheté.

A quelle condition un échange est-il juste? Qu'est-ce qui peut avoir une valeur? Tout peut-il être mesuré? Nous verrons enfin que la question de savoir si touta un prix pose le problème des limites du pouvoir de l'argent.

Ce qui n'a pas de prix peut-il être acheté? 1) Tout peut-il s'acheter? Qu'est-ce qu'acheter? Acheter signifie deux choses : à la fois quantifier et échanger.

Que quantifie-t-on ? On quantifie à la foisl'objet d'échange et la valeur du désir de l'objet.

L'échange se fait sur la base de cette quantification, qu'elleconcerne l'objet ou son désir.

En clair, tout ce qui est quantifiable et désirable peut être commercialisable.

Même cequi paraît le plus improbable.

Certains s'achètent des terrains sur la lune, ou encore des vies dans le futur(cryogénisation, clonage) D'autres négocient des pardons divins (indulgences) D'autres encore, font commerce desentiments (romances écrites ou filmées), de sensations (sports extrêmes, toxicomanie), d'êtres humains entiers(esclavage) ou par partie (trafic d'organes).

L'homme est donc sans cesse à la recherche de la satisfaction de sesdésirs.

Cette satisfaction passe souvent par l'intermédiaire de l'argent.

Ainsi, l'être humain veut-il toujours plusd'argent afin de mieux satisfaire ses besoins et envies.

L'idée est fondée sur une invention abstraite du dix-huitièmesiècle l' « homo oeconomicus », ce serait un homme purement rationnel qui ne suivrait que son intérêt pécuniaire, saseule motivation dans la vie étant d'accumuler le plus d'argent possible.

Pour lui tout a un prix. Avoir de l'argent suffit-il pour tout acheter ? Une transaction passe nécessairement par un échange et donc par la fixation d'un prix ou d'un barème d'équivalence.

Ainsi pouvons-nous dire que le prix d'un objet est la somme de monnaie nécessaire dans la cessiond'un objet ou d'un service.

Il ne s'est jamais vu, disait Adam Smith, d'animaux disposés à échanger leur proie.Echanger, c'est-à-dire se rendre mutuellement service ou acquérir un bien contre un autre, implique en effet uneopération réfléchie ou concertée sans laquelle on parlerait de vol ou d'exploitation.

Un contrat établissantl'équivalence des biens et des services paraît donc être le cadre obligé de l'échange.

Pourtant, on doit convenir quela réalité ne se prête pas toujours à cette exigence.

En effet, si échanger une paire de chaussure contre une autreest simple, l'opération se complique dès qu'il s'agit de l'échanger contre une maison.

Certes, comme l'avait vuAristote dans Ethique à Nicomaque , la monnaie peut résoudre le problème de l'échange entre produits de valeur inégale.

Aristote explique que toutes choses doivent être comparables lorsque nous voulons les échanger.

C'estpourquoi selon lui, « on a recours à la monnaie, qui est, pour ainsi dire, un intermédiaire ».

En effet, la monnaie« mesure tout, la valeur supérieure d'un objet et la valeur inférieure d'un autre ».. »

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