Devoir de Philosophie

Tout savoir est-il un pouvoir ?

Publié le 04/11/2004

Extrait du document

Le savoir permet de maîtriser la nature et les hommes. en ce sens, il est un pouvoir. Si les hommes veulent savoir c'est en vue d'accroître leur emprise sur les choses.

MAIS...

N'y a-t-il pas opposition entre savoir et pouvoir ? Le savoir est une activité de connaissance désintéressée alors que le pouvoir est le simple exercice de la force.

  • I) Tout est aussi indefectiblement un pouvoir.

a) Savoir et contrôle des choses. b) Savoir et contrôle des âmes. c) Le savoir comme réussite sociale.

  • II) Savoir et pouvoir sont hétérogènes.

a) Je sais que je ne peux rien ! b) Le savant n'est pas le tyran. c) Le savoir est un plasir gratuit et désintéressé.

.../...

« C'est donc par la technique, comme le soutient Descartes, que l'homme se rend maître et possesseur de la nature. Dans la sixième partie du « Discours de la méthode » (1637),Descartes met au jour un projet dont nous sommes les héritiers.

Ils'agit de promouvoir une nouvelle conception de la science, de latechnique et de leurs rapports, apte à nous rendre « commemaître et possesseurs de la nature ».

Descartes n'inaugure passeulement l'ère du mécanisme, mais aussi celle du machinisme, dela domination technicienne du monde.Si Descartes marque une étape essentielle dans l'histoire de laphilosophie, c'est qu'il rompt de façon radicale et essentielle avecsa compréhension antérieure.

Dans le « Discours de la méthode »,Descartes polémique avec la philosophie de son temps et dessiècles passés : la scolastique, que l'on peut définir comme uneréappropriation chrétienne de la doctrine d'Aristote.Plus précisément, il s'agit dans notre passage de substituer « à laphilosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles » une «philosophie pratique ».

La philosophie spéculative désigne lascolastique, qui fait prédominer la contemplation sur l'action, levoir sur l'agir.

Aristote et la tradition grecque faisaient de lascience une activité libre et désintéressée, n'ayant d'autre butque de comprendre le monde, d'en admirer la beauté.

La vie activeest conçue comme coupée de la vie spéculative, seule digne nonseulement des hommes, mais des dieux.Descartes subvertit la tradition.

D'une part, il cherche des « connaissances qui soient fort utiles à la vie», d'autre part la science cartésienne ne contemple plus les choses de la nature, mais construit desobjets de connaissance.

Avec le cartésianisme, un idéal d'action, de maîtrise s'introduit au coeur mêmede l'activité de connaître.La science antique & la philosophie chrétienne étaient désintéressées ; Descartes veut, lui, une «philosophie pratique ».

« Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une infinité d'artifices quiferaient qu'on jouirait sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s'ytrouvent, mais principalement aussi pour la conservation de la santé [...] »La nature ne se contemple plus, elle se domine.

Elle ne chante plus les louanges de Dieu, elle est offerteà l'homme pour qu'il l'exploite et s'en rende « comme maître & possesseur ».Or, non seulement la compréhension de la science se voit transformée, mais dans un même mouvement,celle de la technique.

Si la science peut devenir pratique (et non plus seulement spéculative), c'estqu'elle peut s'appliquer dans une technique.

La technique n'est plus un art, un savoir-faire, une routine,elle devient une science appliquée.D'une part, il s'agit de connaître les éléments « aussi distinctement que nous connaissons les métiers denos artisans ».

Puis « de les employer de même façon à tous les usages auxquels ils sont propres ».

Iln'est pas indifférent que l'activité artisanale devienne le modèle de la connaissance.

On connaît commeon agit ou on transforme, et dans un même but.

La nature désenchantée n'est plus qu'un matériau offertà l'action de l'homme, dans son propre intérêt.

Connaître et fabriquer vont de pair.D'autre part, il s'agit « d'inventer une infinité d'artifices » pour jouir sans aucune peine de ce que fournitla nature.

La salut de l'homme provient de sa capacité à maîtriser et même dominer techniquement,artificiellement la nature.Ce projet d'une science intéressée, qui doive nous rendre apte à dominer et exploiter techniquement unenature désenchantée est encore le nôtre.Or la formule de Descartes est aussi précise que glacée ; il faut nous rendre « comme maître etpossesseur de la nature ».

« Comme », car Dieu seul est véritablement maître & possesseur.

Cependant,l'homme est ici décrit comme un sujet qui a tous les droits sur une nature qui lui appartient («possesseur »), et qui peut en faire ce que bon lui semble dans son propre intérêt (« maître »).Pour qu'un tel projet soit possible, il faut avoir vidé la nature de toute forme de vie qui pourrait limiterl'action de l'homme , et poser des bornes à ses désirs de domination & d'exploitation.

C'est ce qu'a fait lamétaphysique cartésienne, en établissant une différence radicale de nature entre corps & esprit.

Ce quirelève du corps n'est qu'une matière inerte, régie par les lois de la mécanique.

De même en assimilant lesanimaux à des machines, Descartes vide la notion de vie de tout contenu.

Précisons enfin que l'époquede Descartes est celle où Harvey découvre la circulation sanguine, où le corps commence à êtredésacralisé, et les tabous touchant la dissection, à tomber.Car ce qu'il y a de tout à fait remarquable dans le texte, c'est que le projet de domination techniciennede la nature ne concerne pas que la nature extérieure et l'exploitation des ressources naturelles.

La «philosophie pratique » est utile « principalement aussi pour la conservation de la santé ».

Le corpshumain lui aussi, dans ce qu'il a de naturel, est objet de science, et même objet principal de la science.« S'il est possible de trouver quelque moyen qui rende les hommes plus sages et plus habiles qu'ils n'ontété jusqu'ici, je crois que c'est dans la médecine qu'on doit le chercher.

»La véritable libération des hommes ne viendrait pas selon Descartes de la politique, mais de la techniqueet de la médecine.

Nous deviendrons « plus sages & plus habiles », nous vivrons mieux, en nous rendant« comme maîtres & possesseurs de la nature ».

La science n'a pas d'autre but.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles