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Toute vérité est-elle bonne à dire ?

Publié le 21/01/2004

Extrait du document

Remarque sur l’intitulé du sujet :
·        Il s’agit de s’interroger sur la vérité en tant qu’elle se dit ; en d’autres termes, on présuppose que quelque chose est dit, et que ce quelque chose est une vérité. Le problème étant de savoir si ce quelque chose est, du seul fait qu’il est vrai, « bon à dire «.
·        En effet, on nous demande d’attribuer une valeur à la vérité : faut-il toujours dire ce qui est vrai ? Il s’agit de questionner la vérité dans sa dimension morale : vrai et bien coïncident-ils nécessairement ?
·        Enjeu : sincérité et l’honnêteté et plus précisément le droit de taire une vérité, voire de mentir.
·        La question relève de la casuistique (l’art de traiter les cas) : en soi, la vérité est bonne à dire, mais, de fait, une vérité, une proposition vraie donnée, l’est-elle tout autant ?
·        Pour cerner le problème, il suffit de penser à un cas concret où il est bon de taire la vérité ; [exple : ne serais-je pas obligé de taire la vérité à un assassin venu tuer mon ami si je veux sauver la vie de ce dernier ?] ensuite, de souligner en quoi, cependant, on ne pourrait ériger ce cas singulier en règle universelle, c’est-à-dire qu’on ne saurait renoncer à faire de la vérité une valeur.
 
Problématique : L’honnêteté est une valeur : on considère que dire la vérité est, sinon un devoir, au moins une bonne chose. Cependant, est-ce toujours le cas ? Si, comme le fait remarquer Aristote, le monde des « affaires humaines « ne connaît pas la nécessité et la fixité des objets physiques, ne faut-il pas admettre que certaines vérités, compte tenu des circonstances, ne sont pas bonnes à dire ? Mais, si tel est le cas, comment ne pas reconsidérer alors la valeur morale accordée à l’honnêteté ? Peut-on tolérer qu’il soit licite de taire la vérité sans pour autant mettre à mal cet idéal que constitue l’honnêteté ? Toute vérité est-elle vraiment bonne à dire ?

« · J'ai le droit de taire la vérité, voire de mentir, dans la mesure où les circonstances m'y obligent.

La vérité n'est bonne à dire que si elle sert l'intérêt d'autrui .

Constant écrit : « nul homme n'a droit à la vérité qui nuit à autrui ». · Cependant, les situations évoquées (protéger un être faible d'une vérité trop brutale ou sauver la vie d'un homme bon par un mensonge) = cas extrêmes , relevant d'une stratégie de casuiste : on évoque des évènements singuliers afin d'éprouver l'applicabilité d'un principe ou d'une règle abstraite par rapport à la réalité qu'elle entendjuger.

Conséquence : on présuppose qu' en soi , la vérité est bonne à dire. · D'où le problème : Si un principe se révèle inopérant, impraticable à quoi bon l'appeler principe ? Si une règle tolère des exceptions, en quoi est-elle encore une règle ? Autrement dit, ne faut-il pas maintenir « coûte quecoûte » que toute vérité est bonne à dire ? · Enjeu : l'universalisme des principes moraux.

Ne doivent-ils pas valoir toujours et partout ? 2- LA VÉRITÉ EST TOUJOURS MORALEMENT EXIGIBLE a) taire la vérité = renoncer à sa personnalité Kant, Métaphysique des moeurs , « doctrine de la vertu », §9 « un homme qui ne croit pas lui-même à ce qu'il dit à un autre[...] a encore moins de valeur que s'il était une simple chose ». EXPLICATION : une chose a une valeur qui est instrumentale : la chose sert, elle a une utilité qui lui vient de sa fin. Au contraire, l'homme malhonnête, refusant de dire la vérité (croire à ce qu'il dit), porte atteinte « à la finalité naturelle de la faculté de communiquer ses pensées ».

Ainsi, toute vérité serait bonne à dire dans la mesure où il s'agit de dire ce qu'on pense ; poser qu'une vérité n'est pas bonne à dire et s'octroyer le droit de la passer soussilence = être moins qu'une chose. Pour Kant, disjoindre parole et pensée, être malhonnête = se servirde son être physique « comme d'un pur moyen ( Sparchmaschine ) qui ne serait pas lié à une fin interne (la communication de ses pensées) » ; àl'inverse, chacun est tenu « à la condition de s'accorder avec la déclarationde celle-ci [communication de ses pensées] et il est obligé envers lui-même àla véracité ».

Enjeu : la personne.

La véracité (qualité de celui qui dit la vérité) est un devoir envers soi-même : la malhonnêteté est une atteintefaite à soi.

Exple : Augustin : si mentir est un péché, que dois-je répondre,pour mon salut, à l'assassin venu trouver l'ami que je cache ? Réponse = « jesais où il est mais je ne vous le dirais pas ».

Mon salut et la vie de mon amisont intacts. b) puis-je ériger en loi universelle ma maxime ? Invoquer les circonstances pour justifier qu'une vérité n'est pas bonne à dire apparaît ainsi comme une forme de faiblesse [on remarque d'emblée quela solution proposée par Augustin est audacieuse et très courageuse].Disjoindre vérité et bien revient à se chercher des excuses, apparaît commeun prétexte pour échapper à ce devoir fondamental qui est de s'obliger à dire la vérité.

Kant formule cette idée ainsi « tu dois donc tu peux » : un impératif ordonne catégoriquement, et de ce fait, on ne peut pas ne pas s'y soumettre ; pouvoir désobéir à un impératif = faire que cet impératif n'en est pas un.

Or, comment sais-je que jeDOIS dire la vérité quelle qu'elle soit ? S'octroyer le droit de taire une vérité = une maxime qui postule que « étant donné les circonstances, cette vérité n'est pas bonne à dire ».

Or, selon Kant, un tel précepte est sans valeur morale : je ne peux pas, en toute rigueur, ériger en loi universelle (valable pour tout homme) cette maxime.

Pourquoi ? Tout simplement parce quecelle-ci n'est pas suffisamment déterminée rationnellement car, comment déterminer formellement ces circonstances qui m'obligent à taire une vérité ? Pour Kant, ce qui est moral = ce qui peut valoir universellement, ce que je peux exiger de tout autre .

Or une telle exigence ne peut reposer que sur des principes formels : il s'agit de faire que la règle s'applique à tous sans considération à l'égard des contingences empiriques. Transition : Si la vérité semble toujours moralement exigible, vouloir la vérité « à tout prix », n'est-ce pas une volontéeffrayante, suspecte ? Pascal a écrit : « on se fait une idole de la vérité même ».

Jusqu'où cette idolâtrie est-elle. »

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