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Toute vérité est-elle vérifiable ?

Publié le 03/03/2004

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La première certitude que j'ai est donc celle de mon existence, mais comme pure pensée, puisque, en toute rigueur, je n'ai pas encore de preuve de l'existence de mon corps. Quand bien même je nierais que le monde existe, que mon corps existe, que je puisse penser correctement, je ne pourrais remettre en cause ce fait : je pense, et par suite, je suis. La volonté sceptique de douter de tout, l'idée qu'aucune vérité n'est accessible à l'homme, se brise sur ce fait : je pense. Voilà le roc, voilà l'argile. Voilà le point ferme grâce auquel j'échappe à la noyade dans l'océan du doute, par lequel je retrouverai la terre ferme de la science vraie. La difficulté provient de l'interprétation à donner à ce « je ». Il n'est pas l'individu concret. Ce n'est pas Descartes, homme du XVIIième siècle, c'est tout individu pensant qui peut dire « je pense donc je suis », pour peu qu'il refasse, pour lui-même, l'expérience entreprise. Ce « je » est, par définition, désincarné ; tout ce que je peux affirmer, à ce moment, de l'itinéraire cartésien, c'est mon existence comme pensée, puisque, répétons-le, je dois encore, temporairement, nier l'existence du corps. Les deux conséquences majeures que Descartes tire de sa découverte sont d'une importance cruciale pour l'histoire de la philosophie.

« La troisième exigence est la plus décisive.

Comment, en effet, reconnaître le système qui représente notre mondede l'expérience ? La réponde de Popper est la suivante : par le fait qu'il a été soumis à des tests et qu'il y a résisté.Cela signifie qu'il faut appliquer une méthode déductive.

En d'autres termes, si nous ne pouvons exiger des théoriesscientifiques qu'elles soient vérifiables, nous pouvons exiger d'elles qu'elles soient mises à l'épreuve.

Il s'agit pourcela de déduire de la théorie examinée des énoncés singuliers ou « prédictions » susceptibles d'être facilementtestés dans l'expérimentation.

Une théorie qui ne résiste pas aux tests sera dite « falsifiée » ou « réfutée » parl'expérience.

Si elle passe l'épreuve des tests, elle sera considérée comme provisoirement valide jusqu'à ce qu'elleéchoue à des tests ultérieurs ou qu'une théorie plus avantageuse apparaisse.Ainsi alors que, jusqu'ici, une théorie était considérée comme vraie parce qu'elle était confirmée par de nombreusesobservations et expérimentations, c'est aux yeux de Popper la « falsifiabilité » ou la possibilité d'être falsifié parl'expérience, qui permettra de faire le tri entre les énoncés scientifiques et ceux qui ne le sont pas : « Un systèmefaisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience.

»Ainsi l'énoncé « Il pleuvra ou il ne pleuvra pas ici demain », étant infalsifiable, sera considéré comme non empirique,puisqu'aucune expérience ne peut l'invalider et comme non scientifique.

Autrement dit, l'irréfutabilité n'est pas vertumais défaut.

Et c'est au nom de ce critère de falsifiabilité que Popper peut exclure de la science des théories commele marxisme et la psychanalyse, théories qui sont totalisantes, qui couvrent la totalité des phénomènes qui seproduisent dans leur domaine d'attribution, qu'aucun fait ne pourra jamais contredire.Prenons l'exemple de la psychanalyse.

N'est-ce pas une théorie qui échappe à toute épreuve qui pourrait la réfuter ?Le refus de la réalité de l'inconscient ou encore de la sexualité infantile n'est-il pas, au fond, pour le psychanalyste,une manifestation même de résistance ? Quelle que soit la critique qu'on adresse à la psychanalyse, ne peut-ellepas être interprétée par le médecin en termes de résistance ? C'est précisément parce qu'elle n'exclut aucun fait deson domaine, même ceux qui pourraient la contredire, que Popper relègue la psychanalyse au rang de faussescience, aux côtés de la cartomancie ou encore de l'astrologie.Il est donc possible de décider de la vérité ou de la fausseté d'une théorie ou d'un énoncé, et ce de manièreconcluante.

Dire qu' « un système faisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience »,cela signifie bien que, paradoxalement, « c'est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d'un système qu'il faut prendrecomme critère de démarcation ».

Est vrai ce qui peut être falsifié. On accordera à Popper que dans le domaine des sciences physiques ou plus généralement des sciences de lanature, démontrer une théorie, c'est tenter de la falsifier, autrement dit, élaborer les conditions de la découvertedes faits capables de l'infirmer.

L'histoire de ces sciences nous montre qu'aucune théorie, même parfaitement établiedans la communauté scientifique, n'est jamais définitive.

Les progrès se font par erreurs, par conjectures etréfutations.

On ne peut jamais souscrire à une théorie que provisoirement, c'est-à-dire tant qu'elle survit aux testsdestinés à l'invalider.

On constate aussi qu'une nouvelle théorie n'annule pas toujours complètement l'ancienne.

Ellepeut, tout en la contredisant, la contenir comme bonne approximation, lorsqu'un paramètre tend vers une valeurlimite.

Par exemple, la théorie de l'attraction universelle de Newton est englobée dans la théorie de la relativitégénéralisée de Einstein.

On peut même conjecturer que, sans être vraies, les théories nouvelles sont plus prochesdu vrai que celles qu'elles ont dépassées.

Autrement dit, les rapports polémiques entre les constructions théoriqueset les faits nouveaux sont à la source d'une plus grande rationalisation du réel et de progrès de la raison elle-même.Toutefois ce n'est pas parce que certaines théories ne répondent pas à ce critère de falsifiabilité qu'il fautnécessairement les ravaler au rang de pseudo-sciences.

Il y a là une affirmation d'autant plus dogmatique quesavoir ce qu'est une science n'est pas décidable scientifiquement.

Il y a là aussi ce préjugé tenace que les sciencesphysiques sont le modèle de toute science, préjugés qui a freiné l'évolution des sciences humaines.

Voyons lacritique de la psychanalyse : elle est certes séduisante, mais elle oublie le statut particulier de cette théorie qui viseà formuler des « vérités » sur un objet qui est l'inconscient, objet qui ne fait pas sens dans le sens du discours quela conscience tient sur elle-même.

La théorie freudienne est liée à la découverte, par Freud, de son propreinconscient et de certaines dimensions qui se retrouvent dans l'inconscient de tout homme.

Comme le souligneLaplanche, « la psychanalyse personnelle est la voie royale pour accéder à quelque part de la véritépsychanalytique.

»Il existerait ainsi des vérités invérifiables.

Mais quelles en sont les conditions? 11.

Certains éléments invérifiables sont constitutifs de la vérité. • Lorsqu'on se donne pour exigence de penser rationnellement, alors il faut admettre des fondements, des principesou des axiomes (selon le domaine concerné) invérifiables.

Car s'il fallait encore les prouver, ils ne seraient pluspremiers.

Ils ne conditionneraient pas la découverte de la vérité, mais seraient conditionnés par elle.

Or commel'explique Pascal, les « premiers termes» ne « peuvent pas en supposer d'autres qui les précèdent ».. »

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