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Toutes les cultures sont-elles égales entre elles ?

Publié le 19/08/2012

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b) Critique du relativisme culturel  Résumé de l’argument. Il est, en effet, barbare d’abandonner l’idée même de valeur sachant que l’humain prend son sens que par rapport à elle (l’homme est un être qui obéit à un système de valeurs). A partir de là, toutes les valeurs se valent aussi, ce qui n’est pas sans incidence sur le plan moral. Indifférence à l’égard d’exigences universelles. Mort de la tradition humaniste. Tolérance de l’intolérable.  D’autre part, il est barbare, au nom de l’idée que tout se vaut, d’exalter la différence et l’altérité ? On oublie alors ce qui fait l’unité du genre humain en ne mettant en valeur que ce qui fait nos différences. Le relativisme culturel conduit au repli sur ses différences car il est absolutisation des différences culturelles. Ainsi devrons-nous voir en un individu non pas un homme mais un sénégalais, un juif, un Papou. Enfermement des individus sur une identité communautaire particulière. Retour à la barbarie car méconnaissance de ce qui fait la dignité de chacun.  Le relativisme culturel est tout aussi barbare que l’ethnocentrisme. Comme le montre Jacques Bouveresse dans un article « La philosophie et son histoire « in Le Noroît, février 1986, il ruine tout repère universel, toute exigence absolue et inconditionnelle, il fait le jeu des communautés violemment identitaires, qui ne revendiquent leur prétendu « droit à la différence « que pour enfermer leurs propres membres dans une logique hétérophobe (qui hait toute altérité) et fanatique, foulant aux pieds les droits de l’homme et du citoyen. Aussi, en refusant la barbarie ethnocentrique, on sombre dans le culte barbare de la différence.

« Résumé de l’argument.

En effet, chaque culture représente un ensemble d’adaptations à un milieu donné et de réponses aux interrogations de l’homme.

Chacunecorrespond à des exigences et des projets spécifiques.

Chacune civilise l’homme à sa façon, c'est-à-dire que chacune permet à l’homme d’accomplir son humanitédans une structure symbolique déterminée.

Toute culture, en effet, est un monde de rapports symboliques qui a sa cohérence culturelle propre donnant à l’activitéhumaine un forme, un sens et un contenu déterminés.Ainsi Lévi-Strauss met en garde contre les effets pervers de toute conception linéaire et univoque du devenir historique de l’humanité.

Une telle perspective conduit àla consécration de la domination d’une culture unique que l’on érige en modèle culturel de référence, en norme absolue à partir de laquelle les autres cultures sontjugées.

Une telle perspective n’est qu’une expression de l’ethnocentrisme des sociétés dominantes qui sert de prétexte à toutes sortes d’idéologies dangereuses commele racisme et l’eugénisme par exemple.A cela, on peut affirmer l’égale dignité des diverses cultures.

Ainsi Lévi-Strauss, soucieux de réévaluer la « pensée sauvage », a mis en évidence la complexité et lasubtilité des classements botaniques et zoologiques, ou encore des systèmes matrimoniaux des sociétés dites « primitives ».

D’où cette assertion adressée contre Lévy-Bruhl : « La pensée sauvage est logique, dans le même sens et de la même façon que la nôtre » (Pensée sauvage).

Il s’agit d’opposer à l’ethnocentrisme le principed’un relativisme reconnaissant la diversité des cultures.

Mais c’est aussi affirmer le caractère nécessairement culturel (et donc relatif) et idéologique de touteévaluation d’une culture par une autre. c) Chaque culture a une valeur propre déterminée par son histoire propre : il n’y a pas de progrès linéaire de l’histoire qui puisse commander une hiérarchisation descultures.Résumé de l’argument.

Contre cette tendance visant à introduire au nom du progrès une différenciation du point de vue de la valeur, on peut défendre, comme le feraHerder (1744-1803) l’idée que toutes les cultures comportent une richesse et une valeur irréductible dans laquelle s’exprime l’humanité de l’homme.

Toute culture,en effet, a le mérite d’exprimer à sa manière l’humanité, mérite imposant le respect le plus inconditionnel.

Ainsi Herder met-il en avant en 1784 dans Idées pour laphilosophie de l’histoire de l’humanité, qu’aucune époque n’est radicalement supérieure à une autre et que les apports des époques plus récentes sont compensés pardes pertes irrémédiables dans ce qu’avaient conquis les époques précédentes : « Il nous faut renoncer, écrit-il à la fin du livre XIV, à l’opinion selon laquelle dans lasuite des temps les Romains auraient existé pour, comme dans un tableau humain, former au-dessus des Grecs un maillon plus parfait dans la chaîne de lacivilisation.

Dans les domaines où les Grecs furent excellents, les Romains ne purent les surpasser ; ce qu’au contraire ils possédaient en propre, ils ne l’avaient pasappris des Grecs […].

Pas plus que toutes les nations n’ont existé en vue des Romains ou n’ont, des siècles auparavant, établi leurs institutions pour les Romains, pasplus les Grecs ne l’ont fait … ».Les cultures s’équivalent.

Contre l’optique kantienne, Herder objecte que chaque culture est une fin autosuffisante à elle-même et qu’elle ne doit pas être appréciéesous l’angle d’une vision de l’histoire humaine dans son ensemble animée par un plan caché de la nature.

Si, pour Herder, la civilisation avance, elle n’en devient pasplus parfaite.

Il défend donc l’idée que les différentes cultures qu’a pu connaître l’histoire ont toutes une égale dignité.

Chaque culture doit être appréciée à partird’elle-même.

Chaque culture est à elle-même sa propre fin et apprécier une culture, c’est l’apprécier à partir de ses propres repères et valeurs et de sa cohérenceinterne comme le soutiendra plus tard la sociologie structurale.Transition : Néanmoins, cette idée que tout se vaut ne conduit-elle pas un relativisme vide et barbare ? Peut-on soutenir que ce qu’on pourrait appeler la « culturenazie » puisse valoir la culture humaniste des Lumières ? 3) N’est-il pas barbare de considérer que toutes les cultures se valent ? a) S’en tenir au constat d’une équivalence des cultures n’est-il pas tout aussi barbare ?Résumé de l’argument.

Défendre l’idée que les cultures s’équivalent toutes ne conduit-il pas à sombrer dans un relativisme tout aussi barbare que l’ethnocentrisme ?Revenons à Herder.

Ce dernier pose l’égalité de valeur des diverses cultures en rejetant toute perspective universaliste qui vise à déterminer un modèle achevé deculture devant servir de norme.

Pour Herder, en effet, aucun principe ne permet de transcender la pluralité des identités culturelles : on ne peut en effet juger lescultures à partir de ce devrait être la culture comme on ne peut juger les hommes particuliers à partir de ce que devrait être un homme.Cette perspective conduit à nier l’idée que l’on puisse juger une culture et l’évaluer ; en effet, il n’existe pas de norme transcendante permettant de le faire sinon desnormes factices, imaginaires qui servent la promotion de la culture qui la conçoit.

Ainsi ne peut-on juger la valeur de la culture d’un homme à partir d’un modèleabsolu et ce la en vertu du fait que les hommes sont ce qu’ils sont en vertu de leur appartenance à une communauté culturelles déterminées, qui leur donne leur façonde parler, de penser et d’agir.

Par là, nous dit Herder, il y a culture là où apparaît de la raison, un plan, une intention et aucune culture ne peut prévaloir sur une autrecar toute culture exprime un plan, de la raison et une intention, car toute culture exprime à sa façon une réalité toute autre que naturelle.Or, si cette perspective interdit d’envisager l’homme autrement qu’au travers de sa propre culture, il n’y aurait sas moyen alors d’évaluer la culture d’un homme àpartir d’une idée abstraite de ce que doit être l’humanité de l’homme, à partir d’un idéal d’humanité.

De là, une perspective « multiculturaliste » concevant l’hommecomme un être dont l’identité la plus profonde ne s’exprime que dans une communauté et une culture déterminée, perspective conduisant à l’idée que toutes lescultures se valent.

Néanmoins, si ce relativisme culturel permet de rejeter toute dérive ethnocentriste, il s’en tient qu’au simple et pauvre constat des différences.

Parlà toute culture peut être considérée comme valide et ne pourra être jugée qu’au nom de ses propres normes.

Mais, alors, comment ne pas voir que si tout se vaut,l’idée même de valeur, en ce qu’elle a d’absolu et d’universel, perd tout son sens ? Ne sombrons-nous pas ici dans un relativisme paresseux qui veut se dispenser depenser l’idée d’une norme universelle, relativisme qui pourrait tout aussi bien constituer l’autre visage de la barbarie ? b) Critique du relativisme culturelRésumé de l’argument.

Il est, en effet, barbare d’abandonner l’idée même de valeur sachant que l’humain prend son sens que par rapport à elle (l’homme est un êtrequi obéit à un système de valeurs).

A partir de là, toutes les valeurs se valent aussi, ce qui n’est pas sans incidence sur le plan moral.

Indifférence à l’égardd’exigences universelles.

Mort de la tradition humaniste.

Tolérance de l’intolérable.D’autre part, il est barbare, au nom de l’idée que tout se vaut, d’exalter la différence et l’altérité ? On oublie alors ce qui fait l’unité du genre humain en ne mettanten valeur que ce qui fait nos différences.

Le relativisme culturel conduit au repli sur ses différences car il est absolutisation des différences culturelles.

Ainsi devrons-nous voir en un individu non pas un homme mais un sénégalais, un juif, un Papou.

Enfermement des individus sur une identité communautaire particulière.

Retour àla barbarie car méconnaissance de ce qui fait la dignité de chacun.Le relativisme culturel est tout aussi barbare que l’ethnocentrisme.

Comme le montre Jacques Bouveresse dans un article « La philosophie et son histoire » in LeNoroît, février 1986, il ruine tout repère universel, toute exigence absolue et inconditionnelle, il fait le jeu des communautés violemment identitaires, qui nerevendiquent leur prétendu « droit à la différence » que pour enfermer leurs propres membres dans une logique hétérophobe (qui hait toute altérité) et fanatique,foulant aux pieds les droits de l’homme et du citoyen.

Aussi, en refusant la barbarie ethnocentrique, on sombre dans le culte barbare de la différence. c) A quelle condition pouvons-nous poser que toutes les cultures se valent sans sombrer dans la barbarie ?Résumé de l’argument.

Par conséquent, il nous faut éviter d’ériger en norme universelle ce qui n’est que le critère particulier à notre propre culture mais aussi éviterde rejeter toute exigence d’universalité au risque de sombrer dans un relativisme culturel barbare et dangereux.

Or, comment éviter ces deux écueils ?Pourquoi se tourner vers des philosophes tels que Taylor.

Ce dernier, en effet, dans le prolongement de Herder, considère que toutes les cultures se valent.Néanmoins, il tente d’allier à ce relativisme un certain universalisme.

Pour lui, « Nous devons un égal respect à toutes les cultures », affirmant par là que lareconnaissance de la différence culturelle doit conduire à la reconnaissance de l’égale dignité de toutes les cultures.

Ainsi Taylor défend-il un universalismehospitalier à la différence, à la différenciation culturelle.

Il défend, en effet, un multiculturalisme soutenu par un certain universalisme (l’humanité de l’homme. »

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