Toutes les cultures ont-elles la même valeur ?

Introduction :

La culture, ensemble de mœurs et de coutumes d’un peuple, est une notion complexe qui soulève de nombreuses questions. Il y a plusieurs cultures différentes dans le monde ; elles sont plus ou moins identiques les unes des autres. Mais même si elles sont toutes fondées sur la même base, elles ont évoluées chacune dans un sens particulier, ce qui conduit à se demander si elles sont toutes égales.

Si c’est le cas, sur quoi cette égalité se fonde-t-elle ? Peut-on réellement comparer des cultures différentes ? Et avant tout, peut-on porter un jugement sur une autre culture que la sienne ?

C’est ce que nous allons voir en étudiant les différents arguments qui peuvent prouver une égalité entre toutes les cultures, puis en trouvant des critères permettant d’affirmer au contraire une supériorité de certaines cultures sur d’autres, et enfin en approfondissant ce dernier point de vue.

I) Thèse : Oui

a) On est tous humains

Si on peut témoigner de grandes différences entre les cultures existantes, il demeure cependant un certain point sur lequel nous ne pouvons discuter : nous sommes tous humains. Cette affirmation n’a malheureusement pas toujours été considérée comme vraie, notamment au XVIème siècle, période des grandes découvertes, où les civilisations européennes ont commencé à voyager et à explorer le monde. En effet, la découverte d’autres civilisations dont on ne connaissait pas l’existence à soulevé un problème auquel on ne s’était encore que peu intéressé : tous les hommes sont-ils dotés d’une humanité et d’une intelligence égale ? Telle est la question principale que se sont posés les occidentaux. La réponse n’a pas immédiatement été celle que nous connaissons aujourd’hui : l’idée que certains hommes étaient inférieurs à d’autres a longtemps subsisté dans les esprits. Mais de nos jours, alors que la réponse qui nous paraît évidente est bel et bien installée au sein de toutes les civilisations, se pose la question de l’égalité des cultures. A cette interrogation, nous pouvons répondre que certains faits permettent d’affirmer une égalité entre toutes les cultures existantes, comme justement cette évidence qui est que tous les hommes sont dotés d’une humanité, quelle que soit leur culture. Cette expression de l’humanité, aussi simple soit-elle, est digne d’être reconnue comme une preuve irréfutable de l’égalité des cultures.

b) Aucun modèle possible car conditions de vie différentes

Un autre argument en faveur de l’égalité des cultures est le fait que deux cultures ne peuvent tout simplement pas être identiques. En effet, de nombreux facteurs expliquent leur diversité. Parmi eux, nous pouvons trouver le lieu où se développe la culture, puisqu’il fait intervenir différents éléments qui influent sur la manière dont une culture se développe. Par exemple le climat : les africains ne peuvent pas avoir les mêmes habitudes vestimentaires que les européens, puisqu’il fait beaucoup plus chaud en Afrique qu’en Europe. Cette diversité est-elle alors réellement condamnable ? D’autres éléments tels que la nourriture disponible dans le pays d’une civilisation ou encore les différents logements des populations justifient également une si grande diversité.

Ces facteurs sont déterminés par la localité d’une civilisation et dépendent principalement des conditions extérieures. C’est pourquoi un modèle ne peut être imposé à toutes les cultures, laissant donc à chacune le choix de ses habitudes et de ses coutumes, et empêchant ainsi la question d’égalité ou d’inégalité entre deux cultures.

c) Aucune valeur comparable : pas de hiérarchie possible

Ces éléments témoignent d’une différence inévitable auquel l’homme ne peut échapper. Mais puisqu’il y a tant de différences entre certains domaines, nous ne pouvons pas concrètement les comparer. Il n’est possible de comparer deux choses équitablement que si elles ont une propriété ou une mesure commune. Or, une culture est bien trop vaste et bien trop complexe pour pouvoir être précisément comparée à une autre. Sachant que chaque particularité d’une culture a un passé et une explication différente, il est impossible de la comparer à une autre puisqu’elle a une valeur qui lui est propre.

Mais ces éléments suffisent-ils à prouver l’égalité de toutes les cultures ? Ou y’a-t-il d’autres arguments qui peuvent témoigner d’une hiérarchie possible entre les cultures ?

II) Antithèse

a) Histoire, passé et longévité

Une culture ne naît pas du jour au lendemain. Elle se construit petit à petit en fonction des évènements qui surviennent et au fil du temps qui passe. De plus, une culture n’est jamais fixe ni immuable. Bien au contraire, même si elle peut rester fidèle à son modèle d’origine, elle évolue continuellement. Plusieurs facteurs sont à l’origine de ce qu’elle devient, notamment son passé, son histoire. Chaque culture a son propre passé, qui justifie ce qu’elle est aujourd’hui. Mais si cet aspect pourrait défendre l’idée selon laquelle toutes les cultures sont égales, il démontre le contraire. En effet, le passé d’une civilisation prouve justement sa supériorité ou son infériorité par rapport à une autre, puisque les actes que le peuple a effectués ou la manière dont il a évolué permettent de porter un jugement sur ses actions et donc sur sa valeur, ou tout simplement de hiérarchiser cette culture par rapport à une autre, même si ces jugements ne sont pas définitifs. Par exemple, la population de l’Allemagne nazie au XXème siècle a commis des actes considérés aujourd’hui comme barbares, horribles ; nous pouvons donc penser que cette culture était à l’époque inférieure aux autres pour commettre de tels actes.

La longévité d’une culture peut également permettre de la hiérarchiser par rapport aux autres : une culture disparaîtra au bout de cinq siècles peut être considérée comme inférieure à une culture qui existe dix ou quinze siècles.

b) Progrès, avancée technologique

Une culture peut également marquer sa supériorité ou son infériorité en fonction de son avancée technologique. En effet, les civilisations ayant de nombreux progrès d’avance sur l’ensemble des autres cultures peut être considérée comme supérieure, du moins de ce point de vue. Les civilisations d’Amérique du nord et d’Europe de l’ouest seraient donc supérieures aux autres, puisque la technologie y est beaucoup plus développée que dans le reste du monde.

c) Ouverture au reste du monde

Un autre élément permet d’affirmer la supériorité ou l’infériorité d’une culture par rapport aux autres : il s’agit de son ouverture sur le monde. En effet, les rapports qu’entretiennent les différentes civilisations entre elles est un aspect important dans la hiérarchisation des cultures. Il est évident qu’une culture qui s’isole du reste du monde, refuse toute communication et tout partage avec les autres cultures ne peut pas être considérée comme égale aux autres. Ainsi, l’ouverture des cultures sur le reste du monde est un élément important puisqu’il leur permet de se reconnaître et s’accepter comme cultures à part entière, bien que présentant parfois de grandes différences, et n’ayant pas forcément la même valeur.

Peut-on dire alors qu’il y a des cultures supérieures à d’autres ? Quelles en sont les explications ?

III) Synthèse

a) Vue rétrospective

Il est un argument indéniable qui prouve qu’affirmer que certaines cultures sont supérieures à d’autres n’est pas un jugement déplacé. Il suffit pour le comprendre d’avoir un regard rétrospectif sur l’ensemble des civilisations ayant déjà existé. En effet, cette supériorité ou infériorité était déjà présente dans le passé, et grand nombre de personnes s’accordent sur ce point, sans que personne ne soit réellement choqué de ces jugements. Par exemple, la civilisation égyptienne était, 3000 ans avant JC, bien en avance du côté culturel sur toutes les autres cultures. Il en est de même pour la supériorité de la civilisation grecque au IVème siècle avant JC, par rapport aux cultures gauloises ou germaniques. Ces affirmations n’ont rien de choquant, puisque la majorité des gens aujourd’hui les considèrent comme vraies. Puisqu’il existait déjà autrefois un écart de valeur entre les cultures, il serait invraisemblable qu’il n’en soit plus de même de nos jours ; et alors que le monde s’accorde sur ces différences du passé, il ne devrait pas être choquant de continuer à effectuer une distinction entre les différentes cultures.

b) Droits de l’homme

Il y a, parmi les critères permettant d’affirmer une supériorité de certaines cultures, un élément important qui concerne directement l’homme : il s’agit de la déclaration universelle des Droits de l’homme. On pourrait justement penser que puisque ces droits garantissent la liberté et l’égalité de chaque homme, l’égalité des cultures est également garantie, mais ce serait une erreur : les droits de l’homme et l’égalité des cultures sont deux choses contradictoires qui s’excluent l’une et l’autre. En effet, si l’on admet les droits de l’homme comme vrais et justes, on ne peut pas considérer toutes les cultures comme égales : celles qui ne respectent pas et ne reconnaissent pas ces droits sont forcément inférieures.

Conclusion :

Il est clair que toutes les cultures ne se valent pas. En effet, bien que les hommes soient tous dotés d’une humanité qui mérite d’être reconnue, et que certaines caractéristiques d’une culture ne dépendent que des conditions dans lesquelles elle évolue, il est légitime de comparer plusieurs cultures entre elles, et par conséquent de les hiérarchiser et d’affirmer que certaines sont supérieures à d’autres, car des facteurs simples comme la longévité et l’avancée technologique d’une culture témoignent bien de différences nettes entre elles. De plus, des distinctions semblables ont déjà été opérées par le passé, et le fondement même des droits de l’homme suppose que toutes les cultures ne peuvent être égales.