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La transition démographique en France dans les années 80

Publié le 05/05/2011

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Production et reproduction ou un peu d'anthropologie

L'homme n'a pu assurer la survie et le développement de son espèce à la surface de la terre qu'en se constituant en groupes, hordes et tribus à l'aurore de l'histoire, empires et nations depuis. Le groupe garantit à ses membres les moyens de sa survie et de sa sécurité, au prix d'une répartition des fonctions entre chacun. Parmi ces fonctions, il y a celle de production des biens, dont l'étude relève de l'économie. Mais pour que le groupe puisse durer, il faut aussi faire assurer la fonction de reproduction, c'est-à-dire la mise au monde et la formation d'enfants, dont l'étude relève de la démographie, et les fonctions qui assurent la cohésion du groupe. Celles-ci impliquent l'adhésion à des mythes communs, religieux ou idéologiques, sources de rites, de calendriers, de hiérarchies sociales. Leur étude relève de l'ethnologie et de l'anthropologie.

« conservation des vivres.

Pour «absorber» ces progrès, une certaine émigration avait été nécessaire; plus ou moinsspontanée vers le Québec et les Antilles, elle fut forcée pour ce 'lui concerne les Huguenots persécutés par lesdragonnades et la révocation de l'Edit de Nantes.

Mais c'est surtout une certaine limitation de la natalité quirépondit à la baisse de la mortalité.

Elle résulta d'un régime de mariage tardif : alors que dans les pays plus pauvres,en particulier méditerranéens, les jeunes filles se mariaient dès 16-18 ans, dans maintes régions de France lesconvenances sociales portèrent peu à peu cet âge à z4-z7 ans, et pour les jeunes gens à z6-z9 ans, ce qui limitaitla taille moyenne des familles à 5-6 enfants au lieu de 7-8.

L'entrée en religion, des jeunes filles et des jeunes gens,jouait un rôle annexe dans cette limitation de la natalité.Pourquoi cette nuptialité tardive parut-elle de moins en moins suffisante dans la dernière partie du règne de LouisXV? Pourquoi s'y ajouta-t-il fréquemment, au grand scandale des gens d'Eglise, une limitation volontaire de lafécondité du mariage? Pourquoi ce processus fut-il particulier à la France, alors que des progrès sanitaires semanifestaient également ailleurs? La réponse est loin d'être définitive et on ne peut suggérer que des pistes deréflexion.

Ce qui caractérisait la France était sa position politique dominante.

Cette position avait permisl'enrichissement progressif des classes de paysans aisés et de petite bourgeoisie citadine ayant des ambitionspolitiques.

Pour ces catégories, la question centrale était celle de l'« établissement » des enfants, acquisition d'unfonds agricole ou commercial pour les garçons, mariage et dot des filles.

Dans cette «stratégie» d'ascension sociale,mieux vaut n'avoir pas trop d'enfants.La réduction de la natalité, lente d'abord, s'accéléra sous l'effet du brassage social né des troubles révolutionnaireset des guerres de l'Empire.

Cette baisse précoce de la natalité est l'élément fondamental de l'histoire, non seulementdémographique, mais aussi économique et politique de la France du XIXe siècle et du début du XX' (graphique i).

Sila France avait été seule au monde, cette adaptation approximative de la natalité et de la mortalité pourrait êtreconsidérée comme bénéfique, parce que lui épargnant une croissance démographique trop rapide, génératrice degraves tensions sociales.

Mais ce cavalier seul de la France va avoir en fait d'immenses conséquences négatives. De graves mécomptes Si la France a toujours été nettement moins peuplée que la Chine et les Indes, un peu moins peuplée que le Japon,elle fut longtemps la plus peuplée des nations d'Occident au point que, comme ces nations asiatiques, elle pouvaitêtre qualifiée de surpeuplée.

Au milieu du XVIIIe siècle, seul l'Empire russe pouvait lui être comparé avec ses quelque25 millions d'habitants.

L'Empire austro-hongrois n'en avait que 16,, l'Angleterre environ Io, en incluant le Pays deGalles, l'Ecosse et l'Irlande, l'Espagne 9.

Une telle position explique, autant que le génie militaire de Napoléon,pourquoi des coalitions impressionnantes durent lui être successivement opposées.

Mais les réticences croissantesdes couples français à avoir autant d'enfants que leurs parents en avaient eux-mêmes eus firent peu à peu perdre àla France son rang dans l'ordre des puissances.

Dès la constitution de l'Empire allemand (1871), celui-ci était pluspeuplé que la France (42 millions y compris l'Alsace et la Moselle annexées, contre 36 millions); l'Angleterre ladépassa vers la fin du siècle, puis l'Italie, unifiée avec l'aide de Napoléon III, une trentaine d'années plus tard.

Cephénomène eut diverses conséquences.La première est que les Français furent pratiquement absents de l'intense émigration du XIX' siècle de l'Europe versle Nouveau Monde.

Ailleurs en Europe, le décalage croissant entre une natalité maintenue et une mortalité en baissemultipliait les candidats au départ : les États-Unis, et aussi les pays d'Amérique latine, se gonflèrent d'Italiens,d'Allemands, de Polonais, d'Anglais, de Russes, d'Irlandais, de Suédois et de nombreux originaires d'Europe centraleet orientale.Une seconde conséquence de la réduction précoce de la natalité en France concerne la confrontation franco-allemande.

Entre 1871 et 1913, l'Empire allemand, malgré l'émigration, et malgré une baisse tardive mais rapide de lafécondité, passait sur son élan de 42 à 67 millions d'habitants (moyenne : + 1,1 % par an) tandis que la France,malgré une certaine immigration (de Belges et d'Italiens), stagnait entre 36 et 40 millions.

Une population en fortecroissance contient proportionnellement plus de jeunes qu'une population stagnante, si bien que le contraste estgrand, au tournant du siècle, entre la France vieillissante et protectionniste que symbolise Jules Méline etl'Allemagne jeune et impérialiste de Guillaume II.

Lorsque le conflit éclata, les générations de combattants, nées de1890 à 1895, étaient plus de deux fois plus nombreuses en Allemagne, ce qui permit à celle-ci de tenir trois ans surdeux fronts.Or l'hécatombe fut effroyable : pour la France I 350 000 morts, sans parler des blessés et des mutilés.

Et, de 1915 à1919, un déficit d'environ 1 700 000 naissances imprima à la pyramide des âges française une allure bouleversée quiest loin d'être encore estompée et qui fut la source de nombreuses difficultés.

Après la Guerre, l'excédent desnaissances sur les décès fut faible, fit même place à un excédent des décès en 19z9 et à partir de 1935, et laFrance dut recourir à l'immigration, italienne et polonaise surtout, pour compter en 1939 à peine plus d'habitantsqu'en 1919, 4z millions.

Cette situation suscitait cependant l'éclosion des premières recherches démographiquesofficielles, puis la réaction des pouvoirs publics qui prirent en 1939, avec le Code de la Famille, des mesuresfavorables à la natalité.

Mais beaucoup, par exemple Michel Debré, firent un lien entre l'effondrement de 194o et levieillissement que la baisse de la fécondité avait provoqué.

Ce souvenir tragique marque profondément les étudesdémographiques en France. De 1946 aux années 80 Alors qu'avant-guerre, il naissait bon an mal an 600 000 enfants, à partir de 1946, il en vint au monde plus de 800. »

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