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Le travail de l'artiste peut-il constituer le modèle de tout travail ?

Publié le 07/11/2005

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travail
* Le travail est, comme en témoigne son étymologie (du bas latin tripalium, « instrument de torture formé de trois pieux), le travail est associé à l'idée de souffrance. Cette idée se retrouve dans la tradition judéo-chrétienne : Adam et Eve sont condamnés à travailler parce qu'ils ont péchés : le travail est bien une punition, voire une malédiction. Dans l'histoire de la langue française, le sens dominant est « fatigue, peine », jusqu'au XVIè siècle, et le sens de « activité professionnelle » est très rare. * Le travail de l'artiste au contraire est imaginé comme une création libre, qui n'obéit à aucune nécessité. C'est par désir ou besoin de créer que l'artiste travail, et non pour survivre. La création peut-elle être considérée comme un travail ? N'est-ce pas une activité libre de l'esprit ? On représente le poète inspiré par les muses, écrivant sous la dictée de son génie : image bien opposée à celle de l'ouvrier peinant à la tâche. Si, comme l'ouvrier, l'artiste produit bien quelque chose, peut-on, dans son cas, parler de labeur ? * Nietzsche répond positivement à cette question : le travail de l'artiste est bien un travail, et même un labeur.

• Le travail est une activité humaine exigeant un effort, qui a pour but la modification des éléments naturels, la création ou la production de nouvelles choses ou de nouvelles idées. Ainsi, le travail n'est pas immédiatement lié à la notion d'argent.

L'activité de l'artiste peut donc être considéré comme travail. Toute action sur la réalité est un travail.

• Cependant, on voit bien que le travail salarié et le travail de l'artiste ne peuvent être mis sur le même plan, que des différences existent entre ces deux activités. Est-ce uniquement l'aspect monétaire qui cause ces différences ? Car l'artiste peut aussi chercher à gagner de l'argent par son oeuvre. Est-ce lié à des notions de contrainte, de liberté, de production et de création ?

à En somme, un problème qui se pose est celui-ci : si on voit bien que le travail de l'artiste est un travail particulier, qu'il est différent d'autres types de travail, est-ce par une différence de degré (plus grande création, plus grande liberté et autonomie...) ou bien par une différence de nature ? Et si le travail de l'artiste est bien différent de nature, peut-il constituer le modèle de tout travail ?

• Mais il faut entendre « modèle « en deux sens, en amont et en aval.

- le modèle peut être le moule à partir duquel on crée et reproduit : le travail de l'artiste serait alors le modèle sur lequel on se base pour appréhender toute forme de travail.

- le modèle est aussi ce qui apparaît comme un idéal, qui est digne d'imitation : le travail de l'artiste serait alors le schéma de travail idéal, que toutes autres formes de travail auraient profit à imiter.

 

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« déprécié.

Or, personne ne peut voir dans l'oeuvre de l'artiste comment elle s'est faite ; c'est sonavantage, car partout où l'on peut assister à la formation, on est un peu refroidi...NIETZSCHE Humain, trop humain , I, Chap.

IV, aph.

162 II – Est-ce sur ce modèle qu'est constitué tout travail ? • Si le « travail » de l'artiste est bien un travail, force est de constater qu'il se différencie du travail au sensd'activité professionnelle rémunérée.Pour Platon , cette différence tient au fait que l'art est un mensonge : le travail de l'artiste est imitation, et imitation mensongère : - Ce que le peintre se propose d'imiter, est-ce, à ton avis, cet objet unique même qui est dans lanature, ou est-ce que ce sont les ouvrages des artisans ?- Ce sont les ouvrages des artisans, dit-il.- Maintenant considère ceci.

Maintenant considère ceci.

Quel but se propose la peinturerelativement à chaque objet ? est-ce de représenter ce qui est tel qu'il est, ou ce qui paraît telqu'il paraît ; est-ce l'imitation de l'apparence ou de la réalité ?- De l'apparence, dit-il.- L'art d'imiter est donc bien éloigné du vrai, et, s'il peut tout exécuter, c'est, semble-t-il, qu'il netouche qu'une petite partie de chaque chose, et cette partie n'est qu'un fantôme.

Nous pouvonsdire, par exemple, que le peintre nous peindra un cordonnier, un charpentier ou tout autre artisan,sans connaître le métier d'aucun d'eux ; il n'en fera pas moins, s'il est bon peintre, illusion auxenfants et aux ignorants, en peignant un charpentier et en le montrant de loin, parce qu'il lui auradonné l'apparence d'un charpentier véritable.Platon, La République , Livre X • Or si le travail (activité professionnelle) peut être une reproduction, ce n'est pas une imitation.

Entre ces deuxformes de travail, celle de l'artiste et celle du travailleur, existe une différence de nature : ce n'est pas dans lemême but qu'est fait le travail, ce n'est pas non plus selon les mêmes modalité.

III – Peut-il représenter un modèle à imiter ? • Mais c'est justement parce que le travail de l'artiste ne constitue pas le modèle de tout travail, et parce qu'il estd'une nature différente, qu'il peut constituer un modèle, au sens d'un idéal que l'on aimerait atteindre.• En effet, le travail de l'ouvrier est aliénant : il fait du travailleur un outil, un moyen et non une fin.

Il dévalorise etasservit l'ouvrier, puisque celui-ci devient une marchandise.

L'artiste au contraire a autant de valeur que saproduction, puisqu'il en est la source.

Il n'est pas un simple outil de travail mais il est créateur.• Le travail de l'artiste représente donc le modèle idéal du travail :- l'artiste est créateur et maître de son travail.

C'est lui qui choisit sa production et il n'est donc pas dépossédé delui-même par son travail : au contraire, son travail renforce son être et le rapproche de lui-même.- le travail de l'artiste a un sens pour lui-même, il n'est pas l'absurde de la répétition de tâche dénuées d'intérêt etde sens pour l'individu qui les exécute.

Ses actions prennent par à un dessin dont l'artiste peut avoir une vued'ensemble, puisqu'il en est la source, et qui a un sens pour lui.- enfin, la différence entre le labeur et le loisir est moins nette : sans diminuer l'effort, la concentration et la volonténécessaires à l'artiste, l'exercice de son libre-arbitre place son activité également du côté du loisir, du moins d'uneoccupation librement consentie et perçue comme agréable.

Or cette dimension-là représente certainement pour letravailleur un modèle idéal.

Conclusion Modèle idéal, certes, mais n'est peut-être qu'un idéal et ne peut être atteint.

L'accroissement du chômage donnenaissance à de nouvelles théories : à ne plus distinguer trop nettement « travail » et « activité », à valoriser touteforme de travail même non rémunérée (bénévolat, association, production artistique et intellectuelle), donc à direégalement que le travail de l'artiste est bien un travail « comme les autres ».

Ainsi, on pourrait remplacer le pleinemploi par la pleine activité.

Cependant, voir alors le travail de l'artiste comme le modèle de tout travail, c'estégalement voir là une soupape de désengorgement face à la montée du chômage, se défausser devant la nécessitéd'améliorer à la fois les conditions de travail et la sécurité de l'emploi.. »

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