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Le travail comme médiation ?

Publié le 15/02/2004

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travail
. ; et la différence entre le chasseur primitif et le fauve, c'est que le premier ne mange sa proie qu'après l'avoir préparée. Il n'y a travail que lorsque le « produit » de la nature n'est pas immédiatement utilisé tel qu'il se donne. En ce sens, la satisfaction humaine d'un besoin vital par le travail se distingue de  la satisfaction animale qui est instantanée. On le remarquera, cette caractéristique inscrit le travail  dans le temps. Cette dimension temporelle est essentielle pour une autre raison : sous l'angle de la consommation elle signifie que la satisfaction est différée, mais sous l'angle de la production elle suppose qu'il existe un projet. Le travail est une activité finalisée ; il exige qu'on se représente le but à atteindre, avant de mettre en oeuvre les moyens pour le réaliser. En cela encore le travail dépasse le présent immédiat. Ce but qui sera réalisé dans le futur n'a dans le présent qu'une existence « virtuelle ». Il n'existe que « dans la tête » de celui qui travaille, qui a l'idée de ce qu'il va réaliser. Le travail est donc une activité conscience et se distingue aussi par là de l'activité instinctive des animaux, même de celle qui lui ressemble le plus : la construction de la toile par l'araignée ou celle des cellules de la ruche par l'abeille sont des activités stéréotypées, immuables, propres à une espèce donnée et ne supposent aucunement un projet conscient commun,  ou une volonté.
travail

« Autrement dit travailler suppose l'existence préalable d'un projet à réaliser.

Il en résultepremièrement que le produit du travail est l'extériorisation ou l'objectivation d'une intentionhumaine ; deuxièmement que c'est une intention qui impose au travailleur les gestes à accompliret les techniques à utiliser. L'existence d'un projet contraint le travailleur.

Il n'agit pas au hasard maispour réaliser ce qu'il a dans la tête.

Ses forces intellectuelles et corporellesne sont pas mises en oeuvre librement, mais dans un but déterminé.

C'est ence sens que le travail n'est pas « attrayant ».

Et parce qu'il n'est pas attrayant et aussi parce qu'il prend du temps, le travail implique un effort dela volonté.

«Le travail est de prime abord un acte qui se passe entre l'homme et lanature.

L'homme y joue lui-même vis-à-vis de la nature le rôle d'unepuissance naturelle.

Les forces dont son corps est doué, bras et jambes, têteet mains, il les met en mouvement, afin de s'assimiler des matières en leurdonnant une forme utile à sa vie.

En même temps qu'il agit par ce mouvementsur la nature extérieure et la modifie, il modifie sa propre nature, et développeles facultés qui y sommeillent.

Nous ne nous arrêterons pas à cet étatprimordial du travail, où il n'a pas encore dépouillé son mode purementinstinctif.

Notre point de départ c'est le travail sous une forme qui appartientexclusivement à l'homme.

Une araignée fait des opérations qui ressemblent àcelles du tisserand, et l'abeille confond par la structure de ses cellules de cirel'habileté de plus d'un architecte.

Mais ce qui distingue dès l'abord le plusmauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la celluledans sa tête avant de la construire dans sa ruche.

Le résultat auquel letravail aboutit, préexiste idéalement dans l'imagination du travailleur.

» Ce vers quoi Marx tend ici, c'est une définition générale de ce qu'est le travail : la thèse est posée au milieu du texte, lorsque Marx définit le travail comme quelque chose de spécifiquement humain (« sous une forme qui appartient exclusivement à l'homme.

»). Plus qu'un thèse, c'est là un parti pris, un choix de méthode : jusque-là, enun premier temps du texte, Marx avait analysé le travail sous l'angle de la relation à la nature.

De ce point de vue, rien ne distingue le travail del'homme de celui de l'abeille ou de l'araignée : si le travail est conçu commeune confrontation de forces, il n'a plus rien d'humain, et ce n'est plus undébat entre l'homme et la nature, mais l'affrontement de deux forcesnaturelles.

Dans ce point de vue restrictif sur le travail, l'homme ne joueraitque « le rôle d'une puissance naturelle ».

Marx rejette cette première perspective, première et instinctive, parce qu'elle ne donne pas à voir ce qu'ily a d'humain dans le travail. La perspective qui intéresse Marx est celle que développe la seconde partie du texte (à partir de « Mais ce qui distingue... ») : celle de la spécificité humaine.

Le travail de l'architecte ne se distingue pas de l'ouvrage de l'abeillepar une différence de degré, de qualité : ce critère s'impose d'autant moinsqu'il pourrait tourner en défaveur de l'homme (d'où l'argument qui consiste àfaire valoir que l'abeille et l'araignée pourraient en remonter à l'architecte ouau tisserand).

Ce qui diffère, c'est la nature de l'activité, et cette différencetient à l'idée de projet.

Tout travail humain se caractérise par une conceptionpréalable, dont l'exécution est une véritable objectivation, le passage del'idée (que l'on retrouve ici dans l'adverbe « idéalement ») à l'objet.

Cepassage est décisif pour l'homme, parce qu'il est aussi le passage par lequel,en soumettant sa volonté et ses moyens d'exécution à un but conscient,l'homme devient ce qu'il est et conquiert son humanité : c'est le choc enretour du travail sur le travailleur.

En réalisant son projet, c'est lui-même quel'homme réalise.

Et ce sont précisément les formes d'organisation du travailqui le priveraient de cette conquête que Marx se prépare à condamner dans le « Capital », en partant de cette définition du travail.. »

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