Le Travail (cours)

« Pour Arendt, le travail n’est qu’une contrainte parce qu’il est lié à la naturalité de l’homme (caractère cyclique du travail, p as de sens, sans début, ni fin, donc pas de satisfaction possible pour le travailleur).

Dans cette perspective, ce n’est qu’en dehors du travail et de la sphère économique, que l’homme peut s’accomplir en tant qu’être libre.

Toutefois le fait que le travai l soit motivé par la contrainte du besoin, interdit- il que le travail soit conç u comme une activité spécifiquement humaine ? II.

Le travail est une activité qui permet la réalisation de soi Certes l’homme, comme l’animal, est un être fini.

Mais contrairement à l’animal, il a conscience d’être fini.

Il est caractérisé par la finitude, qui consiste en la connaissance de ses limites (besoins, manques, désirs, mortalité, doutes..).

Comme l’animal, l’homme à des besoins, mais contrairement à l’animal, l’homm e invente les moyens les plus appropriés de les satisfaire.

Par cette capac ité d’invention l’homme échappe à l’animalité.

C’est en ce sens qu’on peut in terpréter cette phrase de Hegel : « L’homme est un animal qui à conscience d’être un animal.

Du fait qu’ il à conscience d’êtr e un animal, il cesse de l’être » .

L’homme est contraint à travailler, mais par le travail il s’ émancipe de la nature.

Par la contrainte qu’exige le travail, l’homme prend conscience de ses capacités, de sa liberté et de sa volonté.

P ar le travail manuel, l’esprit s’ « incarne » dan s la matière et lui donne forme.

Par ce processus dialectique, l’esprit prend conscience de lui -même.

Ainsi lorsque le travailleur est le seul responsable de son travail, qu’aucun déterminisme, ni aucune con naissance innée ne l’aient poussé à réalisé telle ou telle production permet à l’homme d’atteindre l’ « estime de soi ».

De plus , ce n’est pas seulement en tant qu’individu que l’homme se réalise, mais aussi en tant qu’individu appartenant à une communauté.

En effet, par l’échange et par le troc , on travail non seulement pour soi mais aussi pour les autres.

Par la nécessité de l’échange, l’individu est contraint à dépasser son égoïsme .

C’est cette dimension collective de la production humaine que souligne la distinction que fait Arendt entre Travail et Œuvre .

En distinguant le « travail » compris comme labeur et l’« œuvre », Arendt montre par la production d’œuvre (outils, meubles, bâtiments..) que l’on utilise mais que l’on ne consomme pas, que l’homme humanise la nature pour en faire un monde habitable .

Ainsi les hommes peuvent donner un sens à leur existence.

Sans ce monde humanisé, qui perdure après nous, la vie ne serait que surgissement et la mort retour à la matrice naturelle.

On existe ( bios) au s ens fort seulement dans un monde entouré d’humain ; là seulement l’individualité peut se développer.

Ainsi le sens du travail ne s’épuise pas dans son origine : si tout travail est motivé par la nécessite du besoin, il peut, comme processus, élever l’homm e, en ce qui le rend moins dépendant de la nature tout en lui permettent de s’épanouir à la fois comme individu et comme membre actif de la communauté.. »