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Travail et nature ?

Publié le 15/02/2004

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travail
Le besoin qui, d'après Hegel, a la « prépondérance » dans ce qu'il appelle le « moment social », c'est un « besoin spirituel de la représentation ».  Ce qui se joue dans ce passage du naturel au culturel est de toute première importance pour la notion même de travail : selon que le travail est censé répondre à un besoin naturel ou à un besoin culturel, c'est son sens même qui s'en trouvera changé. Si le travail ne répond qu'à un besoin naturel, alors le travail est une malédiction qui  ne peut surgir que si la nature devient insuffisamment prodigue, ou si, ce qui revient au même , l'organisation sociale prive certains de ses bienfaits : et Rousseau disait, dans le « Discours sur l'origine et le fondement de l'inégalité parmi les hommes » : « vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n'est à personne ». Le travail se voit chez Rousseau dénoncé comme un trait culturel, alors que c'est précisément en tant que passage à la culture que Hegel en fera le moment de la libération. Le travail est donc bien un passage de la nature à la culture, qu'il faille, comme Rousseau, s'en plaindre, ou, comme Hegel, s'en féliciter. De nouveau ici se manifeste un lien entre les notions de travail et de technique : la technique en effet peut être comprise, on le verra plus tard, comme une création de besoins artificiels. Mais n'anticipons pas, et retenons pour l'instant l'idée que le travail assume le besoin naturel en l'incarnant comme besoin culturel.¨      Deuxième socle : l'idée de liberté. Si, en effet aux yeux de Hegel le travail ne s'en tient pas au besoin naturel, c'est que s'il en restait là il ne serait pas libérateur : « le besoin naturel, explique Hegel plus loin dans ce même paragraphe 194 des « Principes de la philosophie du droit », et sa satisfaction immédiate ne seraient que l'état de la spiritualité enfoncée dans la nature, et, par  conséquent, l'état de sauvagerie et de non-liberté ». Cette libération que toute l'analyse hégélienne veut proclamer se comprend en termes de différenciation et de spécification : en rendant conscients les besoins et en faisant intervenir des moyens techniques de les satisfaire, l'homme se distingue de la nature et conquiert par là sa liberté.
travail

« l'équilibre entre des besoins strictement naturels et la présence, dans la nature, des moyens de les satisfaire.Visant directement Rousseau , Hegel répondra qu'il n'existe rien de tel que des besoins strictement naturels : « C'est une opinion fausse de penser que l'homme vivrait libre par rapport au besoin dans l'état de nature où iln'éprouverait que des besoins naturels soi-disant simples et où il n'utiliserait pour les satisfaire que les moyensqu'une nature contingente lui procure.

» ($194).

L'allusion à l'état de nature vise évidemment Rousseau ; et ce débat entre les deux penseurs porte sur les deux socles de la notion de travail. ¨ Premier socle : la détermination du besoin.

Là où Rousseau voulait limiter le besoin au besoin naturel, Hegel met en cause la simplicité de ces besoins naturels, et recentre la notion de travail sur un autre besoin, le besoin culturel.

Le besoin qui, d'aprèsHegel , a la « prépondérance » dans ce qu'il appelle le « moment social », c'est un « besoin spirituel de la représentation ».

Ce qui se joue dans ce passage du naturel au culturel est de toute première importance pour la notion même de travail : selon que le travailest censé répondre à un besoin naturel ou à un besoin culturel, c'est son sens même qui s'en trouvera changé.

Si le travail nerépond qu'à un besoin naturel, alors le travail est une malédiction qui ne peut surgir que si la nature devient insuffisammentprodigue, ou si, ce qui revient au même , l'organisation sociale prive certains de ses bienfaits : et Rousseau disait, dans le « Discours sur l'origine et le fondement de l'inégalité parmi les hommes » : « vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n'est à personne ».

Le travail se voit chez Rousseau dénoncé comme un trait culturel, alors que c'est précisément en tant que passage à la culture que Hegel en fera le moment de la libération.

Le travail est donc bien un passage de la nature à la culture, qu'il faille, comme Rousseau , s'en plaindre, ou, comme Hegel , s'en féliciter.

De nouveau ici se manifeste un lien entre les notions de travail et de technique : la technique en effet peut être comprise, on le verra plus tard, comme une création debesoins artificiels.

Mais n'anticipons pas, et retenons pour l'instant l'idée que le travail assume le besoin naturel en l'incarnantcomme besoin culturel. ¨ Deuxième socle : l'idée de liberté.

Si, en effet aux yeux de Hegel le travail ne s'en tient pas au besoin naturel, c'est que s'il en restait là il ne serait pas libérateur : « le besoin naturel , explique Hegel plus loin dans ce même paragraphe 194 des « Principes de la philosophie du droit », et sa satisfaction immédiate ne seraient que l'état de la spiritualité enfoncée dans la nature, et, par conséquent, l'état de sauvagerie et de non-liberté ».

Cette libération que toute l'analyse hégélienne veut proclamer se comprend en termes de différenciation et de spécification : en rendant conscients les besoins et en faisant intervenir des moyens techniques deles satisfaire, l'homme se distingue de la nature et conquiert par là sa liberté.

Quitte à aller contre nos habitudes de pensée, quivoient dans tout travail une corvée emprisonnante, on peut donc définir ici le travail comme le lieu d'une médiation qui libère, etcomme ce par quoi l'homme devient lui-même : Marx reconnaîtra à Hegel , le mérite d'avoir saisi « l'essence du travail » et « l'homme objectif, véritable parce que réel, comme le résultat de son propre travail ».

Le travail n'est plus seulement libérateur : il est littéralement la production de l'homme par lui-même. 2) Travail et liberté. Prétendre ainsi que le travail libère, c'est se placer dans une perspective proprement humaine, qui consiste à mettre l'accent sur ce que le travailleur retire de son travail plutôt que sur le produit lui-mêmede son travail.

Cette prise de position ne va pas de soi, parce qu'après tout le mot « travail » renvoie apparemment de façon indistincte à l'activité et au résultat de cette activité.

Le mot « travail » en français confond donc l'activité et le résultat, que les deux substantifs anglais « labour » et « work » distinguent. Toute la question ici est bien de savoir jusqu'à quel point on peut appeler « travail » une activité qui n'a pas de résultat visible, comme par exemple l'entraînement d'un athlète ou d'un gymnaste : pour pouvoir direque le gymnaste travaille, il faut que la notion ne soit pas réductible au résultat, même si la perspective durésultat n'est jamais radicalement absente.

Donc, tant que l'on prend le mot travail au sens de l'activitédistincte du résultat, il est possible de maintenir la position selon laquelle le travail est humain et libérateur.Cette perspective est-elle pourtant longtemps tenable ? Tout l'effort de la pensée de Marx , se focalise sur cette question.

Au début du « Capital », et dans la lignée de l'optique hégélienne, Marx définit le travail en marquant la spécificité humaine de la notion, et en défendant cet aspect.

La spécificité du travail, c'est de renvoyer à l'homme, parce que les activitésanimales en sont fondamentalement différentes : « ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans saruche », explique Marx .

Il s'agit donc d'une activité consciente et réfléchie, qui présuppose une capacité à se représenter des fins.

Par le travail, l'homme extériorise ces fins, qui sont aussi les siennes : reprenantl'analyse de Hegel , Marx conclut que l'homme se produit lui-même, qu'il est le résultat de son travail, au sens où, pris dans la sphère des besoins naturels, l'homme conquiert son autonomie par son travail, enrusant la nature par l'intermédiaire de l'outil.

Le travail est donc aussi fondamentalement technique : c'estl'évolution de l'outil qui est le signe de l ‘évolution du travail.

Tant que ce sens de la notion prévaut, letravail reste ce par quoi l'homme se libère des besoins.

Mais qu'à l'outil vienne se substituer la machine, etcette humanité du travail peut être remise en cause si on comprend le travail comme englué dans unecertaine réalité, celle de son organisation.

Tel est le problème de Marx : il faut montrer comment le travail, proprement humain en lui-même, peut perdre cette humanité dans l'organisation capitaliste du travail. Le « travail social » est le travail considéré par Marx dans le cadre de cette organisation.

Ce à quoi renvoie l'expression, c'est la division du travail, à savoir la répartition des tâches telle que l'organise uneéconomie avancée.

Ce contexte social explique que le travail, de concret, devienne abstrait, et, delibérateur, devienne aliénant.

L'aliénation, c'est la dépossession du caractère humain du travail.

En quoialors le travailleur est-il aliéné ?. »

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