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Le travail est-il une nécessité ou un droit ?

Publié le 27/02/2004

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travail
Ce que Locke comprend en sus, du fait de la société de son temps, c'est que l'argent permet la multiplication des possessions, de l'industrie, de ce qu'il considère comme une mise en valeur de la terre. En dehors de la monnaie, les possessions étaient pour ainsi dire naturellement bornées et limitées par la capacité de travail du propriétaire. Avec la monnaie, l'inégalité s'introduit.«Là en effet par consentement mutuel, les hommes ont élaboré et adopté un procédé qui permet à chacun, légitimement et sans causer de tort à personne, de posséder plus qu'il ne peut utiliser lui-même: pour le surplus, il reçoit de l'or et de l'argent, qu'on peut thésauriser sans nuire à personne.»Rousseau contestera ce «sans nuire à personne» en insistant sur le rapport de sujétion que crée - plus encore que l'apparition de la propriété privée - son inégalité. Mais on peut voir en Locke le promoteur d'une société libérale et le théoricien de la révolution économique de son temps.Macpherson, critique contemporain, a désigné l'époque du droit naturel par l'expression d'individualisme possessif. Cette formule convient parfaitement à Locke, qui donne un fondement naturel à la propriété, lie travail et propriété, mais finit par autoriser la thésaurisation et l'inégalité.Locke est en un sens le fondateur des théories de l'Etat libéral. L'égalité juridique et politique des citoyens y côtoie l'inégalité économique.
travail

« Locke pose très simplement le problème.

Dieu a donné la terre en commun aux hommes pour la satisfaction de leursbesoins.

Les biens naturels sont donc offerts indistinctement aux hommes à l'exclusion de nul d'entre eux.Cependant, pour que les hommes usent de ces biens naturels, « il faut nécessairement qu'il existe un moyen de seles approprier, pour que des individus déterminés, quels qu'ils soient, puissent s'en servir et en tirer profit».La question de la propriété devient: comment prélever sur le bien commun à tous une partie qui devienne mienne?Qu'est-ce qui me donne le droit exclusivement de le faire ?Or, la seule façon pour quiconque de s'approprier un objet naturel, c'est d'y investir « le travail de son corps etl'oeuvre de ses mains ».

L'homme est propriétaire de lui-même et de ses actions (mais non de sa vie, dont seul Dieupeut disposer, car l'homme n'est pas créateur de lui-même, de son être, mais seulement de sa propreactivité).

Le plus humble des travaux est signe que j'ai retiré l'objet de son état naturel et commun pour letransformer en chose mienne.

« Sans aucun doute ce travail appartient à l'ouvrier, nul autre que l'ouvrier ne sauraitavoir de droit sur ce à quoi le travail s'attache, dès lors que ce qui reste suffit aux autres en qualité et en quantité.»L'exemple pris par Locke pour être élémentaire n'en demeure pas moins fondamental.

Si quelqu'un se nourrit deglands ramassés sous un chêne, il se les est appropriés.

Or, comment l'aliment est-il devenu sien, si ce n'est parl'acte même de la cueillette? Il ne s'agit pas de vol, dans la mesure où exiger le consentement de tous les hommesqui ont droit à ces glands avant le travail de ramassage, ne signifierait rien d'autre que nous condamner à mourir defaim.Ainsi ce n'est pas le droit du premier occupant mais bien le travail, l'effort investi, qui donne le droit de prélever unobjet que je m'approprie effectivement en le soustrayant du lot commun.

Et cela vaut pour les terres communes,pour les espaces de l'Amérique.Le travail, et c'est une autre avancée de Locke, « donne à toute chose sa valeur propre ».« Tout ce que le pain vaut de plus que les glands, le vin que l'eau, et le tissu que la soie, que les feuilles, les peauxou la mousse, cela résulte intégralement du travail et de l'industrie.

»Le travail constitue donc la mise en valeur du bien commun donné par Dieu.

En ce sens la propriété n'est pas le vol,elle ne prive pas l'humanité de ce à quoi elle a droit, mais au contraire met en valeur le patrimoine commun.

«Quiconque s'approprie des terres par son travail ne diminue pas les ressources communes de l'humanité, mais lesaccroît.

»Cependant, ce schéma ne vaut que pour une propriété limitée.

Dans un état de nature, c'est-à-dire antérieur àl'institution des lois, chaque homme ne s'approprie que ce dont il a besoin.

Si l'appropriation ne vole personne, c'estque le travail d'un homme et de sa famille, avant l'intervention de la monnaie, n'engage aucun gaspillage.« Tout ce qu'un homme peut utiliser de manière à en retirer un avantage quelconque pour son existence sansgaspiller, voilà ce que son travail peut marquer du sceau de la propriété.

Tout ce qui va au-delà excède sa part etappartient à d'autres.

»Receler, c'est voler: amasser ce que je ne travaille pas, ne transforme pas, ce dont je n'ai pas besoin, c'est enpriver les autres (qui y ont droit) en pure perte.

Sur ce que je gaspille, je n'ai aucun droit.Locke est formel: avant l'institution légale de la propriété, le receleur, « si ses biens venaient à périr en sapossession sans qu'il les ait dûment utilisés, si les fruits pourrissaient [...

] il enfraignait le droit commun de la natureet il encourait un châtiment: il envahissait le lot de son voisin, car son droit cessait avec le besoin d'utiliser cesbiens et la possibilité d'en tirer les commodités de la vie».Mais, Locke, s'il défend les droits du travail et du besoin et donne un fondement naturel à la propriété, s'il lie valeuret travail, finit par autoriser l'accumulation des terres et des possessions.Locke commence par reprendre un raisonnement extrêmement classique.

La monnaie sert de substitut au besoin.Les denrées sont périssables et l'introduction de l'argent - objet durable - permet d'étaler les échanges et de lesdifférer dans le temps.

L'argent est garant des échanges, comme l'avait déjà noté Aristote.Ce que Locke comprend en sus, du fait de la société de son temps, c'est que l'argent permet la multiplication despossessions, de l'industrie, de ce qu'il considère comme une mise en valeur de la terre.

En dehors de la monnaie, lespossessions étaient pour ainsi dire naturellement bornées et limitées par la capacité de travail du propriétaire.

Avecla monnaie, l'inégalité s'introduit.«Là en effet par consentement mutuel, les hommes ont élaboré et adopté un procédé qui permet à chacun,légitimement et sans causer de tort à personne, de posséder plus qu'il ne peut utiliser lui-même: pour le surplus, ilreçoit de l'or et de l'argent, qu'on peut thésauriser sans nuire à personne.»Rousseau contestera ce «sans nuire à personne» en insistant sur le rapport de sujétion que crée – plus encore quel'apparition de la propriété privée – son inégalité.

Mais on peut voir en Locke le promoteur d'une société libérale et lethéoricien de la révolution économique de son temps.Macpherson, critique contemporain, a désigné l'époque du droit naturel par l'expression d'individualisme possessif.Cette formule convient parfaitement à Locke, qui donne un fondement naturel à la propriété, lie travail et propriété,mais finit par autoriser la thésaurisation et l'inégalité.Locke est en un sens le fondateur des théories de l'Etat libéral.

L'égalité juridique et politique des citoyens y côtoiel'inégalité économique.

Cet auteur, moins rigoureux sans doute que Hobbes ou Rousseau, moins novateur que Hume,a eu au moins le très grand mérite de voir ses théories influencer la pratique de son temps.

Le relire est renoueravec les origines de nos propres conceptions. • Les besoins ne constituent pas un domaine établi une fois pour toutes, ils changent avec l'histoire et la société.D'une manière générale, le développement économique élargit le domaine des besoins si bien que la nécessité dutravail, loin de disparaître avec les progrès techniques, est sans cesse réaffirmée. • Certains individus, certaines classes ou castes, au cours de l'histoire paraissent avoir échappé au travail.

Cela nesignifie pas que celui-ci pourrait n'être pas nécessaire, cela signifie seulement qu'il y a eu, à cause de la structure. »

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